LE GENERAL NIANG ET CIE SE PASSENT DU PARRAINAGE
Un tournant dans le dialogue politique ? L’expérience du parrainage citoyen généralisé à tous les candidats pour tout type d’élection introduit dans le processus électoral n’aura finalement été que de courte durée

Une des réformes introduites dans le code électoral à la veille de l’élection présidentielle du 26 février 2019 dernier et présentées comme «innovantes» par le régime en place, le système du parrainage citoyen généralisé à tous les candidats pour tout type d’élection, ne sera adopté lors des prochaines élections municipales et départementales. Au sortir de leur réunion, hier mardi, les acteurs politiques engagés dans le dialogue au sein de la commission cellulaire ont en plus de cette décision, retenu de soumettre la question de la suppression du parrainage aux élections législatives et à la présidentielle aux experts indépendants qui seront chargés de l’audit du processus et du fichier électoral.
Un tournant dans le dialogue politique ? L’expérience du parrainage citoyen généralisé à tous les candidats pour tout type d’élection introduit dans le processus électoral à la veille de la dernière élection présidentielle n’aura finalement été que de courte durée. En effet, réunis hier mardi, dans le cadre de leurs travaux au sein de la Commission cellulaire du dialogue politique, le Général à la retraite Mamadou Niang et compagnie ont posé un acte qui a surpris plus d’un.
En effet, ils sont tout simplement parvenus au terme de leur rencontre à un accord sur la suppression du parrainage citoyen lors des prochaines élections municipales et départementales. Instauré par une loi adoptée à l’Assemblée nationale le 18 juin 2018, le système de parrainage était présenté par l’actuel régime comme un moyen visant à l’«assainissement de la démocratie» sénégalaise par la prévention d’une éventuelle inflation du nombre de candidats à la dernière présidentielle (plus de 90 candidats à la candidature). De même que pour les échéances électorales futures, comme ce fut le cas lors des législtives de 2017 où 47 listes de candidatures ont été enregsitrées.
Du côté de l’opposition, on avait un avis contraire à cette version officielle sur l’objectif du parrainage qui était plutôt considéré comme un système de filtre des candidats afin de baliser le chemin d’une réélection dès le premier tour du candidat président sortant. Il faut reconnaitre que ce parrainage faisait partie des principaux facteurs bloquants de la tenue des prochaines élections locales du fait des difficultés liées à son application sur le terrain pour ce mode d’élection.
D’ailleurs, plusieurs acteurs et partenaires du Sénégal dont la délégation de l’Union européenne avait recommandé la suppression du parrainage dans un rapport consacré à l’organisation de la dernière élection présidentielle du 26 février. Aujourd’hui, ce consensus des acteurs politiques engagés dans ce dialogue politique marque une étape importante vers la tenue de ces échéances électorales en vue du renouvellement des mandats déjà prolongés à deux reprises des élus locaux. Après cet accord qui sera très prochainement ajouté au code électoral avec tous les autres points de consensus dans le cadre d’une loi, l’unique filtre des candidats aux prochaines locales qui reste est le montant de la caution.
Du coté des plénipotentiaires du pôle de la majorité présidentielle et de l’opposition, on est unanime à saluer cette «mesure» qualifiée de «forte». Plénipotentiaire du pôle de la majorité présidentielle, Cheikh Sarr soulignant que la question du bulletin unique est versée dans les travaux des experts indépendants chargés de l’audit du processus et du fichier électoral se dit ainsi confiant pour le reste des points à discuter et sur lesquels, un accord n’avait pas été encore trouvé. «Nous avons encore quatre ou cinq points à discuter et je crois qu’on va travailler demain, mercredi (aujourd’hui, Ndlr), jeudi et vendredi pour avoir un rapport d’étape à envoyer au président de la République et continuer les échanges sur les points dont je vous ai parlé. Nous cherchons à avoir le maximum de consensus et on va travailler très vite parce qu’on n’a plus beaucoup de temps», a indiqué l’ancien maire de la ville de Guédiawaye en précisant que les prochains échanges porteront entre autres, sur le statut du chef de l’opposition, la rationalisation du calendrier républicain et la vacance du pouvoir en cas d’indisponibilité définitive du maire ou du président du Conseil départemental.
Abondant dans le même sens, Adiouma Sow, chargé des élections de Pastef et membre de la délégation de l’opposition, tout en se félicitant de l’esprit de sérénité qui a animé cette rencontre d’hier, a invité le gouvernement à respecter son engagement, notamment celui concernant le lancement du processus d’audit du processus et du fichier électoral, point sur lequel un accord dit-il, a été trouvé depuis longtemps.
Sur ce, revenant sur le climat de la rencontre d’hier, il a indiqué que «la première impression qu’on a au sortir de la rencontre d’aujourd’hui (ndlr hier,) c’est que nous avons vu une classe politique sénégalaise notamment nos vis-à-vis du pouvoir qui semblent avoir pris conscience de l’impact négatif que la longueur des discussions dans le cadre de ce dialogue a pu avoir sur l’image que les Sénégalais ont pu avoir de la classe politique». «On n’a pas noté un jeu de diversion auquel on nous avait habitué pendant presque une année et qui bloquait l’avancement de nos travaux», a ajouté le partisan de l’ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle, classé troisième, Ousmane Sonko.
Et de marteler : «Nous souhaitons que les choses puissent continuer sur le même rythme afin qu’on puisse en finir d’ici quelques semaines avec ce dialogue politique. Les points qui restent à discuter ont déjà été traités dans le cadre des Assises nationales, on ne devrait donc pas s’attarder sur ça et il en est entre autres, du bulletin unique dont l’application décline une préoccupation de toute la classe politique sénégalaise y compris l’actuelle majorité quand elle était dans l’opposition».