«LE POUVOIR DU PEUPLE DOIT ARRETER LE POUVOIR DICTATORIAL DE MACKY SALL»
Dans cet entretien, Dr Babacar Diop jette l’anathème sur le Président Sall et invite l’opposition à se réveiller pour poursuivre le combat.

Les Sénégalais doivent empêcher le vote de la loi portant suppression du poste de Premier ministre en fermant les portes de l’Assemblée nationale, samedi prochain. C’est la conviction du Secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal (FDS). Dans cet entretien, Dr Babacar Diop jette l’anathème sur le Président Sall et invite l’opposition à se réveiller pour poursuivre le combat.
Les FDS, en synergie avec «Y en a marre» et Frapp France Dégage sont déterminés à faire barrage au projet de loi portant suppression du poste de Premier ministre qui sera examiné le 4 mai prochain par l'Assemblée nationale. Jusqu'où comptez-vous aller dans ce combat ?
FdS, «Y en a marre» et frapp France dégage ont mis un front de résistance pour alerter et demander au peuple de se mobiliser afin d’arrêter la réforme dangereuse de Macky Sall. Nous voulons demander à l’opposition de se réveiller pour retourner sur le terrain de la lutte et de la contestation populaires. Il n’y a que la lutte pour nous permettre de préserver nos acquis démocratiques, dangereusement menacés. Nous demandons aussi aux forces vives de rejoindre la présente lutte comme ce fut juin 2011. Le pouvoir arrête le pouvoir, a-t-on l’habitude de dire. le pouvoir du peuple doit donc arrêter le pouvoir dictatorial de Macky Sall qui, avec cette réforme, va avoir plus de pouvoir que le dictateur romain ou le monarque de droit divin. Constitutionnellement, Macky Sall a plus de pouvoir que césar, parce que le dictateur romain pouvait suspendre toutes les institutions, sauf le tribun de la plèbe qui était une magistrature sacrosainte. le tribun de la plèbe faisait office de contre-pouvoir devant le dictateur. Alors que Macky Sall a tous les pouvoirs, les pleins pouvoirs. l’article 52 est très dangereux. car il permet à Macky Sall de dissoudre l’assemblée nationale en situation de crise, contrairement à ce qui a été annoncé dans l’exposé des motifs. le gouvernement n’a pas dit la vérité aux Sénégalais. Avec cette constitution, il n’y a aucun contre-pouvoir devant la toute-puissance de Macky Sall. Il peut prendre toutes les mesures utiles au bon fonctionnement des institutions. C’est la porte ouverte à toutes les dérives. L’article 52 permet à Macky Sall demain de suspendre le parlement, suspendre le conseil constitutionnel et tous les ordres religieux. en vérité, avec cette constitution, Macky Sall peut, comme l’empereur romain caligula, élever son cheval au rang de sénateur dans le prochain Sénat qui est annoncé. C’est pour dire que les réformes de Macky Sall sont dangereuses. Elles menacent notre république et notre démocratie. C’est pourquoi, nous demandons à la société politique et à la société civile de construire une nouvelle synergie afin de faire barrage à cette réforme. Le peuple doit, le 4 mai prochain, fermer les portes de l’assemblée nationale, pour empêcher la tenue de la plénière.
Le Président Sall a, plusieurs fois, déclaré n'avoir pas l'ambition de briguer un troisième mandat. Mais le débat n'a pas encore connu son épilogue. Comment expliquez-vous cet état de fait ?
Je doute sérieusement de la bonne foi de Macky Sall. il avait la possibilité, depuis trois ans, de régler définitivement ce débat en introduisant une clause qui montre que son premier mandat fait partie du décompte des mandats, et il ne l’a pas fait. Il n’a pris aucun engagement solennel devant le peuple pour dire qu’il ne briguera pas un troisième mandat. Encore que, nous sommes tentés de demander ce que vaut la parole de Macky Sall. il est un adepte invétéré de l’idéologie du «Wax waxeet». les enfants héritent les folies de leurs parents, a-t-on l’habitude de dire. ce qui montre que nous risquons de vivre à nouveau 2012. en 2024, nous aurons le même problème. C’est pourquoi, nous demandons au peuple de se lever très tôt pour veiller sur sa constitution et sur les acquis démocratiques. La seule différence entre Macky Sall et Abdoulaye Wade est que Wade avait engagé ses réformes en fin de mandat, alors que Macky Sall engage ses réformes au début de son second mandat confisqué. Le peuple sénégalais est averti. L’opposition risque d’être surprise, si elle ne change pas de fusil d’épaule.
Un nouveau report des élections locales est agité depuis quelques jours. Quel commentaire en faites-vous ?
Le débat sur le report des élections locales, c’est vraiment ce qu’on appelle un faux débat. Nous demandons le respect strict du calendrier électoral. Nous nous opposerons à tout report des élections locales. En vérité, Macky Sall veut nous tendre un piège. il cherche à reporter les locales pour avoir des arguments de pouvoir reporter les législatives de 2022. le problème de Macky Sall, ce sont les élections législatives de 2022. il est conscient des risques qu’il court en 2022. Sa coalition commencera à s’effriter avec des alliés comme le Ps et l’Afp qui préparent 2024. Son parti commencera à se fissurer avec les ambitions présidentielles qui s’affirmeront à l’intérieur de l’apr. Tout son problème est de gérer cette véritable équation politique qui est devant lui. Et malheureusement, il ne compte que sur le tripatouillage constitutionnel et la manipulation des institutions pour satisfaire ses envies et ses angoisses. Nous avons à faire avec un homme dangereux qui ne reculera que devant le mur du peuple. Le peuple doit arrêter les dérives de Macky Sall.
Que pensez-vous de l'appel au dialogue de Macky Sall ?
Il y a des poignards dans cet appel au dialogue de Macky Sall. S’il était sincère, il consulterait la classe politique et la société civile avant d’engager des réformes constitutionnelles de cette ampleur et de cette profondeur qui modifient radicalement notre régime politique. Nous doutons de la sincérité de Macky Sall. C’est un homme englué dans la politique politicienne, mais il ne peut tromper personne. Même les gens de de son parti connaissent ses desseins cyniques. Chacun attend le bon moment pour dérouler son agenda. il y a beaucoup d’agendas cachés au sein de l’apr. Pour dialoguer avec Macky Sall, il y a des préalables. il faut d’abord la libération de tous les otages politiques. En d’autres termes, il n’y aura pas de dialogue tant que Khalifa Sall serait encore en prison. le dialogue doit se faire sous l’égide de l’union africaine et de la cedeao qui ont pour mission, entre autres, la prévention des conflits. Nous pensons que l’union africaine et la cedeao doivent proposer un médiateur consensuel accepté par tous les partis politiques qui dirigera le dialogue politique. Ensuite, ce médiateur doit aider la classe politique à s’entendre autour des termes de référence parmi lesquels, il y aura évidemment, la question électorale. Car au Sénégal, il faut refonder totalement le système électoral pour un système plus crédible. C’est la seule manière de sauver la paix civile dans ce pays. Autre élément important, avant de dialoguer, il faut que Macky Sall s’engage de manière solennelle à respecter les conclusions du dialogue. Il faut qu’il fasse comme Abdou Diouf en 1992, une seule virgule ne doit être changée des conclusions.
Depuis la Présidentielle, l'opposition semble avoir déserté le terrain, au moment où la majorité déroule. Que vous inspire cette situation ?
L’opposition est sortie groggy de la présidentielle. Je mesure la déception des candidats et de tous les militants de l’opposition. Nous sommes tous profondément déçus et frustrés. Parce que Macky Sall n’a pas gagné. Il a fait un coup de force, un holdup électoral. Mais ce n’est pas une raison d’abandonner le terrain de la mobilisation politique. Nous demandons à l’opposition de se réveiller et de reprendre la lutte. Nous devons le savoir, le combat sera long. Mais nous le gagnerons. Les peuples finissent toujours par triompher devant les tyrans et les oppresseurs. J’invite l’opposition à se réveiller. Je demande à Monsieur Idrissa Seck d’assumer son leadership au sein de l’opposition. il ne doit jamais oublier qu’il est arrivé deuxième, lors de la dernière présidentielle. Il doit avoir du respect pour les 900 000 Sénégalais qui ont voté pour lui. Il doit considérer que le combat ne fait que commencer. L’avenir commence dès à présent.