LE PS TOUCHÉ MAIS PAS COULÉ
Alors qu’il n’a remporté qu’une poignée de communes lors des élections locales du 23 janvier, l’ancien parti unique est encore un peu plus fragilisé au sein de la coalition de Macky Sall. Peut-il trouver un nouveau souffle ?

À Dakar, le Parti socialiste (PS) est à l’image de sa patronne, Aminata Mbengue Ndiaye : en perte de vitesse. Celle qui préside également le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) vit des moments d’incertitude depuis la défaite de la coalition « Jammi Sénégal », qu’elle a soutenue dans son fief de Louga. Contre l’avis de plusieurs caciques de la coalition de Macky Sall, Benno Bokk Yakaar (BBY), l’ancienne ministre de l’Élevage avait décidé à la dernière minute de soutenir cette liste dissidente conduite par Mamour Diallo, ancien directeur des Impôts et domaines.
Sans succès. Son champion a perdu face à Moustapha Diop, le ministre de l’Industrie et maire sortant investi par BBY dans cette ville située au nord-ouest du Sénégal. « En tant que présidente de la troisième institution du pays, elle aurait dû rester dans les rangs. C’est une faute politique et cela va se payer cash », peste un membre du Parti socialiste (PS) qui a requis l’anonymat.
La faute d’Aminata Mbengue Ndiaye
Pouvait-il en être autrement ? C’est un secret de polichinelle au sein de la majorité présidentielle : Aminata Mbengue Ndiaye et Moustapha Diop ne s’apprécient pas du tout. Pour se plier à la volonté du chef de l’État, qui avait tranché en faveur du coordonnateur de l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel), la patronne du PS réclamait beaucoup plus que les trois places que voulait bien lui concéder le parti présidentiel sur la liste des municipales. « Ils sont comme chiens et chats. Mais il aurait été plus sage de s’en remettre à l’arbitrage de Macky Sall », explique notre source au sein du PS.
Avec cette faute d’Aminata Mbengue Ndiaye, le Parti socialiste est encore un peu plus fragilisé au sein de la coalition au pouvoir. Le poids électoral de l’ancien parti unique, qui a gouverné le pays pendant près de quarante ans, ne cesse en effet de s’éroder au fil des élections. À l’issue des locales du 23 janvier, il a encore perdu du terrain. Alors qu’il en comptait plus d’une cinquantaine dans son giron en 2014, il ne contrôle aujourd’hui plus que 23 communes, dont les deux plus importantes de la capitale sénégalaise : Dakar-Plateau et Grand-Dakar.
« Certes nous n’avons pas atteint nos objectifs, mais nous demeurons la deuxième force politique du pays après l’APR », se console Abdoulaye Vilane, porte-parole du parti. Mais Mamadou Wane, secrétaire national adjoint à la vie politique du parti, reconnaît « que le PS a perdu beaucoup de forces ces dernières années à cause d’un manque de leadership ». Il accuse Aminata Mbengue Ndiaye de maintenir le statu quo pour ne pas renouveler les instances dirigeantes.
Le PS et l’AFP, coquilles vides ?
En 2019, cette dernière avait pris les rênes de l’appareil politique à la mort du leader charismatique Ousmane Tanor Dieng et, par ricochet, l’avait remplacé à la tête du HCCT. « Elle n’était pas préparée à assurer ces fonctions. Sa mission première était d’installer un nouveau bureau pour donner un nouveau souffle au parti et renforcer sa légitimité. Mais rien a été fait. Nous ne nous sommes pas réunis depuis plus de deux ans et nous payons aujourd’hui les pots cassés », affirme Mamadou Wane, pour qui le manque de légitimité de l’équipe dirigeante contribue à affaiblir le PS vis-à-vis des autres alliés de la coalition au pouvoir, au premier rang desquels l’APR. « Nous ne nous exprimons plus sur les grandes questions nationales. Nous sommes peu audibles, phagocytés par un parti présidentiel hégémonique qui ne donne pas assez de places à ses alliés », insiste cet ancien conseiller municipal à la mairie de Dakar.