LE REMANIEMENT DE LA CENA DÉRANGE LA CEDEAO
Lors de sa récente session à Abuja, l'organisation communautaire s'est interrogée sur la réforme de la CENA opérée par Macky Sall à trois mois de la présidentielle, y voyant potentiellement un manquement à ses règles électorales

Lors de sa 51ème session ordinaire qui s'est tenue le 6 décembre à Abuja (Nigeria), la Commission de la CEDEAO a examiné la situation politique au Sénégal avant la présidentielle du 25 février 2024. Elle a notamment évoqué le remplacement en novembre des 12 membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) par décret du président Macky Sall.
"La CEDEAO a informé le Conseil de cette décision intervenant moins de quatre mois avant le scrutin", explique une source proche du dossier, citée de manière anonyme.
La Commission a alors estimé que cette réforme substantielle de l'organe électoral, sans consensus, pourrait contrevenir aux règles de l'organisation ouest-africaine. L'article 2(1) du Protocole de la CEDEAO interdit en effet "toute réforme de la loi électorale dans les six mois précédant les élections". L'article 3 impose également que la CENA soit "indépendante et neutre".
Toutefois, lors de la visite de la mission d'information de la CEDEAO au Sénégal fin novembre, "les autorités ont assuré qu'aucune loi n'avait été modifiée", rapporte une source au fait du dossier. Le ministre sénégalais des Affaires étrangères l'a de nouveau affirmé lors de la session, écartant ainsi tout manquement au Protocole de la CEDEAO.
Reste que pour de nombreux observateurs, cette réforme de la CENA sans consensus jette le trouble sur l'impartialité de l'arbitre électoral.