VIDEOLE TRÉSOR CACHÉ DE FAURE GNASSINGBÉ
Hôtel particulier à 10 millions d'euros dans Paris, villa abandonnée dans les Yvelines : pendant que le président togolais dissimule sa fortune en Occident, son peuple meurt dans les rues de Lomé

En avril 2024, le journaliste Thomas Dietrich avait créé un séisme avec son enquête révélant l'ampleur du patrimoine immobilier de Faure Gnassingbé et de son entourage en France et aux États-Unis. Cette investigation mettait au jour un hôtel particulier de 10 millions d'euros dans le 16e arrondissement parisien, propriété de l'État togolais mais utilisé comme résidence privée par le président, ainsi qu'une villa abandonnée dans les Yvelines achetée via un montage financier complexe impliquant une société luxembourgeoise.
L'enquête révélait également que Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères qui prononce des discours anti-occidentaux virulents, possède deux propriétés aux États-Unis d'une valeur totale de plus de 800 000 dollars, payées comptant malgré son salaire officiel de 3 000 euros par mois.
Ce contraste saisissant entre un pays classé parmi les 30 plus pauvres du monde avec un revenu moyen de 70 euros par mois et près de la moitié des habitants sans accès à l'électricité, et une famille dirigeante qui s'enrichit depuis plus d'un demi-siècle, nourrit aujourd'hui la colère populaire.
En avril 2024, une nouvelle constitution a été adoptée pour instaurer un régime parlementaire, permettant à Faure Gnassingbé de devenir président du Conseil des ministres le 3 mai 2025, une fonction sans limitation de mandat qui lui permet de contourner les limites constitutionnelles précédentes.
Cette manœuvre, dénoncée par l'opposition comme un "acte de haute trahison contre le peuple togolais et la démocratie", a déclenché une vague de contestation sans précédent.
Les manifestations ont débuté en juin 2025, provoquant une répression féroce. Les 5 et 6 juin, des dizaines de personnes ont été arrêtées à Lomé pour avoir protesté contre la répression des voix dissidentes, la cherté de la vie et les changements constitutionnels.
Amnesty International a documenté des allégations de torture sur des manifestants détenus, avec des témoignages faisant état de coups avec des cordelettes et de contusions aux muscles fessiers, appuyés par des certificats médicaux.
La situation s'est dramatiquement aggravée fin juin. Le 26 juin 2025, les manifestations à Lomé ont été caractérisées par "une répression d'une violence inédite" selon le Front "Touche Pas À Ma Constitution", qui accuse le régime d'avoir orchestré "un bain de sang" avec deux manifestants retrouvés morts, des dizaines de blessés et des arrestations massives.
Du 26 au 28 juin, les manifestations se sont poursuivies pour trois jours consécutifs dans plusieurs quartiers de Lomé, notamment Bè et Adakpamé, transformant la capitale en "ville déserte" tandis que les forces de sécurité réprimaient violemment les quartiers en révolte.
Les affrontements ont impliqué des barricades de blocs de béton, des pneus brûlés et l'intervention d'unités militaires d'élite, avec un déploiement massif de forces de l'ordre dans toute la capitale.
L'opposition et la société civile ont appelé publiquement à la "démission immédiate de Monsieur Faure Gnassingbé" et à la "désobéissance civile" à partir du 23 juin. La répression s'accompagne de coupures d'internet dans plusieurs régions et de menaces gouvernementales contre quiconque utilise les réseaux sociaux pour "diffuser des informations susceptibles de provoquer des troubles".
Quatorze mois après les révélations sur sa fortune cachée, Faure Gnassingbé fait face à la plus grave crise de légitimité de son règne de 20 ans. La dynastie des Gnassingbé, qui dirige le Togo depuis 1967, vacille sous la pression d'un peuple qui refuse désormais de subir en silence la confiscation de ses richesses et de sa démocratie.