LES DAKAROIS ASSOMMES !
Paradoxalement, Dakar et sa banlieue n’ont pas connu une explosion de joie à l’annonce de la réélection du président Macky Sall.

« A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ». Cette citation de Corneille pourrait s’appliquer à la victoire du candidat de la coalition de Benno Bok Yakar (Bby), le président Macky Sall, qui s’est vu créditer d’une majorité absolue de 58,27 % des suffrages exprimés dès le premier tour de la présidentielle du 24 février (c’est-à-dire dimanche) dernier.
Toujours est-il qu’en temps normal une élection ou réélection d’un président de la République avec une si belle et grande majorité, aurait dû provoquer une liesse populaire dans les rues et quartiers de la capitale. Comme dans toutes les grandes démocraties au soir d’un verdict électoral, des milliers de jeunes gens auraient dû sortir et envahir spontanément les rues de la capitale en chantant à la gloire du président élu. Et les concerts de klaxons, assourdir les populations le tour rythmé par des concerts de tambours et les mugissements de vuvuzelas ou coups de sifflets stridents.
Pendant ce temps, les quartiers et communes de la banlieue comme les Parcelles-Assainies, Pikine, Guédiawaye, Thiaroye, Keur-Massar regorgeant une forte population électorale, devaient constituer des lieux de convergence pour hommes, femmes, jeunes et enfants, sifflets à la bouche et drapeaux mais aussi portraits de leur candidat en main pour chanter et danser. Hélas, rien de tout cela hier !
Paradoxalement, Dakar et sa banlieue n’ont pas connu une explosion de joie à l’annonce de la réélection du président Macky Sall. Une réélection considérée comme une douloureuse sentence par les habitants d’une capitale qui ont donné la victoire dimanche dernier aux candidats de l’opposition. D’où les signes de tristesse et de déception qui se lisaient sur les visages assommés des Dakarois. La défaite est en général toujours amère, elle est d’autant plus douloureuse que la conviction d’aller au second tour et de gagner la présidentielle 2019 était forte du côté de l’opposition. Une défaite et une colère sourde que l’autorité a semblé avoir bien comprises pour avoir très tôt quadrillé Dakar par d’imposants chars de combat de la police et de la gendarmerie.
Mieux, les forces de l’ordre se sont pré positionnées sur les différents carrefours sensibles et stratégiques pour parer à toutes velléités de contestation et déstabilisation de nature à se transformer en une guérilla urbaine. On a connu plus joyeuse atmosphère de réélection assurément ! Il est vrai que le président Macky Sall a remporté la présidentielle. Il a gagné et vraiment gagné ! Une seule fausse note, le fait que les partisans de la coalition de Bby n’ont pas bruyamment fêté cette réélection, ne serait-ce que pour légitimer les 58,27. Et détendre l’atmosphère de deuil… électoral. Mais attention, nous parlons de fête « spontanée », ce qui ne s’est pas produit hier. Quant à venir après organiser une gigantesque cérémonie d’investiture, ça c’est autre chose !