LES ECLAIRAGES DU PROFESSEUR JEAN CHARLES BIAGUI
Impact des retrouvailles Wade-Macky sur la fronde de Omar Sarr et Cie

Selon l’enseignant en sciences politiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Oumar Sarr et ses camarades n’ont pas suffisamment de légitimité pour peser de manière décisive dans la marche du Pds.
Interpellé sur l’impact des retrouvailles Wade-Macky dans le bras de fer qu’Oumar Sarr et compagnie entretiennent avec leur parti dans le cadre de leur fronde contre le dernier remaniement du Secrétariat national du Pds décidé par Me Wade, le professeur Jean Charles Biagui pose son diagnostic sans complaisance sur la donne même s’il reconnait qu’il très tôt pour tirer les conclusions de la rencontre du 27 septembre.
«Le scénario de Massalikoul Djinane ne doit pas tromper l’observateur de la scène politique sénégalaise. Nous sommes encore loin des retrouvailles entre les présidents Wade et Sall. En réalité, nous avons assisté le 27 septembre dernier à l’expression de civilités imposées habilement par le Khalife des mourides. Il est vrai que le symbole est fort mais sa signification politique ne doit être surévaluée. Il est difficile de croire qu’Abdoulaye Wade a tourné la page de sa défaite électorale de 2012 et des conséquences de celle-ci, notamment la mise hors-jeu de Karim Wade à la course présidentielle par l’instrumentalisation politique du système judiciaire. Il est aussi difficile de croire que Macky Sall va donner l’opportunité au Pds de le fragiliser sur le plan électoral en facilitant le retour de Karim Wade au devant de la scène politique. Le moins que l’on puisse dire est que manifestement, il y a une volonté commune d’apaisement. Pour le reste, il me semble que les stratégies partisanes vont bientôt reprendre leur cours normal, y compris dans l’éventualité d’une amnistie visant certains acteurs politiques ou d’un gouvernement plus élargi. Il ne faut pas donc tirer trop de conclusions relativement à la rencontre du 27 septembre. Les divergences entre Wade et Sall n’ont pas disparu au lendemain de celle-ci ».
OUMAR SARR ET CIE, PAS SUFFISAMMENT DE LEGITIMITE...
«Le scénario de Massalikoul Djinane, lequel est improprement qualifié de retrouvailles, montre s’il en était encore besoin que tous les acteurs ont compris que le patron du Pds demeure et reste Abdoulaye Wade. On n’entend plus tellement les frondeurs du PDS. Leur communication s’est très vite essoufflée. Je reste persuadé que leur rébellion ne vise pas le contrôle du Pds. Ils sont conscients qu’ils n’en sont pas capables. L’Alliance Suqali Sopi n’a pas une grande consistance, il faut le reconnaître. Oumar Sarr et ses camarades n’ont pas suffisamment de légitimité pour peser de manière décisive dans la marche du Pds. S’ils ont été marginalises depuis le début de leur fronde, les événements récents vont probablement les isoler davantage. Il me semble que le pouvoir n’a plus besoin d’eux pour envoyer des messages au Pape du Sopi».