LES MAIRES SOLDENT LEURS COMPTES
Les Maires évaluent l’Acte III de la décentralisation et gestion de l’assiette foncière dans la région de Dakar

Le ministre des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire a bouclé hier, lundi 29 juillet, à Dakar la série des Comités régionaux de développement (Crd) spéciaux consacrés à l’évaluation de la première phase de l’Acte III de la décentralisation. Cette rencontre tenue au Centre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (Cciad) a été une occasion pour les maires de Dakar de lister leurs griefs vis-à-vis de la faiblesse des ressources allouées par l’Etat, surtout de solder leurs comptes par rapport à la gestion de l’assiette foncière. Les élus du département de Rufisque ont particulièrement été au front concernant le foncier.
La région de Dakar a fermé hier, lundi 29 juillet, la marche de la série de Comités régionaux de développement (Crd) spéciaux consacrée à l’évaluation de la première phase de l’Acte III de la décentralisation sous la houlette du ministre des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire.
Tenue à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (Cciad) en présence de plusieurs acteurs de la décentralisation dont une dizaine de maires de commune et des membres de l’administration déconcentrée, cette rencontre a très vite pris les allures d’une séance de règlement de comptes entre les élus du département de Rufisque au sujet de la gestion de l’assiette foncière. En effet, invités à prendre la parole à l’issue de la cérémonie d’ouverture marquée par le mot de bienvenue de la mairesse de la capitale, Mme Soham Wardini, et le propos luminaire du ministre Omar Guèye, la plupart des élus qui se sont exprimés devant le gouverneur de la région de Dakar et le préfet du département de Dakar sont largement revenus sur les problèmes fonciers. Premiers à prendre la parole, Mamadou Goudiaby de la mairie de Ouakam et Mme Aïssatou Sow Diawara, député maire de la commune de Golf ont dénoncé la mise à l’écart des communes dans la gestion du foncier. S’exprimant en premier, Mamadou Goudiaby a commencé par déplorer le retard dans la mise à la disposition des collectivités territoriales des ressources financières notamment les Fonds de dotation de la décentralisation (Fdd) et d’équipement des collectivités locales (Fecl).
Soulignant que ce retard hypothèque les investissements dans bon nombre de communes, l’adjoint au maire Samba Bathily Diallo a également déploré l’absence de critère de répartitions de ces dits fonds tout en invitant le ministre à apporter des corrections à cette situation par l’adoption de critères connus de tous. Poursuivant son propos, Mamadou Goudiaby a par ailleurs plaidé pour une responsabilisation de l’administration locale dans la résolution des conflits fonciers pour, dit-il, mieux protéger les administrés contre les prédateurs fonciers. En effet, selon lui, le Conseil municipal qui délibère dans l’octroi des terres à des citoyens ne peut pas intervenir en cas de litige pour défendre les bénéficiaires de ses délibérations. Abondant dans le même sens, l’édile de la commune de Golf soulignant que l’Acte III est un signal très fort pour le changement de mentalité, a déploré le non-association des maires dans la gestion du foncier.
En effet, selon elle, le plus souvent, des maires se lèvent et constatent des opérations de morcellement des terres dans le périmètre de leur commune. Prenant la parole à son tour la parole, Ngagne Diop député-maire de la commune de Bambilor, a saisi la brèche ouverte par ses collègues pour interpeller le ministre Oumar Guèye sur les problèmes d’incohérence territoriale au niveau de sa commune et qui est souvent au centre de tensions avec la commune voisine de Rufisque. En effet, selon lui, des villages qui étaient énumérés dans le décret de 1991 qui a institué la communauté rurale de Bambilor comme faisant partie de son périmètre sont aujourd’hui revendiqués et administrés par certaines communes de Rufisque alors qu’il continue de délivrer les autorisations de construire. De son coté, Mamadou Diop, Premier adjoint de Sangalkam a invité le ministre à mettre fin à l’injustice dont est victime sa commune qui, selon lui, a été dépossédée en 2011 d’une grande partie des 21 villages qui constituent son périmètre au point qu’elle ne lui en reste aujourd’hui que deux (02).
Abondant dans le même sens, Moulaye Guèye, maire de la commune de Diamniadio soulignant pour sa part que les problèmes de l’Acte III de la décentralisation sont de deux ordres en citant entre autres, l’insuffisance de ressources financières et le problème foncier a invité le ministre à mettre fin aux opérations de délivrance des beaux sur des terres qui reviennent aux populations locales par le pouvoir central. «A Diamniadio, toutes les terres sont cédées à des particuliers sans que la commune ne soit informée » a-t-il dénoncé. Prenant la parole, Daouda Niang, maire de la ville de Rufisque, confortant ce cri de cœur de son collègue a indiqué également que la ville de Rufisque n’est associée ni à la gestion du foncier ni aux activités de certaines concessionnaires qui procèdent à des travaux sur la voie publique sans son autorisation préalable.
Poursuivant son propos, le maire Daouda Niang a également dénoncé le comportement de certains de certains de ses collègues qui, selon lui, agissent plus comme des promoteurs immobiliers que comme des maires en bradant des terres sans aucune formalité. Sous ce rapport, il a invité le ministre à sévir pour mettre fin à cette situation qui n’est pas sans conséquence sur le problème déjà noté de l’incohérence territoriale. Toujours, dans cette liste des intervenants lors de cette rencontre qui a durée plus quatre tours d’horloge, figurent également le maire de la Patte d’Oie, Banda Diop et de Dieuppel Derklé, Cheikh Guèye, ainsi que Babacar Thioye Ba de la ville de Dakar. Dans leurs interventions, ils ont plaidé entre autres la restitution de la gestion des ordures ménagères aux communes, la revue de la nomenclature budgétaire dédiée aux collectivités territoriales et la signature de tous les textes devant compléter l’arsenal juridique et règlementaire de l’Acte III.
ENVAHISSEMENT DES RUES DE LA CAPITALE PAR DES PANNEAUX D’AFFICHAGES : Oumar Guèye veut y mettre un terme
Présidant hier, lundi 29 juillet, le dernier Comité régional de développement (Crd) spécial consacré à l’évaluation de l’Acte III de la décentralisation dans la région de Dakar, le ministre des Collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, Oumar Guèye, a déploré la pollution visuelle du fait des affichages sauvages au niveau des grandes artères des communes. Prenant la parole pour apporter des réponses à certaines interpellations des acteurs locaux lors de cette rencontre tenue à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (Cciad), Oumar Guèye a fait part de son souhait de mettre un terme à cette situation, avant d’inviter les élus à une réflexion sur cette question avec les responsables des panneaux pour une harmonisation de la taille et la distance des emplacements des enseignes. Par ailleurs, revenant sur les différentes interpellations, le ministre des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire commençant par rassurer les acteurs, quant à l’engagement pris par l’Etat de renforcer chaque année les ressources allouées aux collectivités territoriales à travers une hausse de cinq milliards, s’est dit favorable à l’implication des maires dans processus de gestion des terres et la revue de la nomenclature budgétaire. S’agissant de la question du retour de la gestion des ordures aux communes, Oumar Guèye a assuré que cela pourrait se faire dans le cadre d’une intercommunalité. Pour cela, il a invité les élus à œuvrer pour parvenir à cette intercommunalité. Poursuivant son propos, le ministre Oumar Guèye a également rassuré quant à l’adoption prochaine de tous les textes dans le cadre de cet Acte III de la décentralisation.