«LES POLITICIENS, QUE CE SOIT DU POUVOIR COMME DE L’OPPOSITION, SONT DEPASSES»
Candidat indépendant à la mairie de Fann-Point E-Amitié pour les élections locales, le Pr Ababacar Sadikh Ndiaye, promoteur du CIEL décrète l’échec des «politiciens» dans la prise en charge des aspirations et besoins des populations

Candidat indépendant à la mairie de Fann-Point E-Amitié pour les élections territoriales de 2024, le Professeur Ababacar Sadikh Ndiaye, ancien secrétaire général du Saes et promoteur du Collectif des candidats indépendants pour les élections locales (CIEL) décrète l’échec des «politiciens» qui seraient dépassés dans la prise en charge des aspirations et besoins des populations. Dans le deuxième volet de l’entretien qu’il a accordé à Sud Quotidien, il en finit par appeler les jeunes à prendre en main la gestion de leur commune
Que pensez-vous des modifications apportées au Code électoral, le lundi 12 juillet dernier, en procédure d’urgence ?
Malheureusement, je ne connais pas les détails des modifications qui ont été apportées. Toujours est-il qu’ils (les membres du camp du pouvoir-ndlr) nous ont tellement habitués à manipuler les textes. J’ai entendu le ministre de l’Intérieur (Antoine Félix Abdoulaye Diome) dire : «un texte, quand on le fait, ce n’est pas pour un tel ou contre tel individu». Tout cela, c’est un discours creux. On voit à la pratique chaque fois comment les textes ont été manipulés pour maintenir le pouvoir en place. On a vu le parrainage, par exemple. Tout le monde sait que ça été fait à dessein. Ce qui me choque en réalité, c’est que le pouvoir aurait pu nous épargner de tout cela. Mais, si telle est leur façon de faire, de penser qu’il faut marcher sur les textes, faire ceci ou cela, c’est bien pour eux. Mais, c’est l’opposition qui m’a causé problème. C’est-à-dire, comment l’opposition a accepté d’être amenée comme ça à l’abattoir, comme des novices, alors qu’ils savent très bien ce qui les attendait ? Moi j’avais des velléités pour être candidat, en 2019. Mais, je me suis dit, je ne suis pas le seul. Et il faut travailler à avoir une sorte d’unité, et on verra après. Pour vous dire que j’ai rencontré, pratiquement tous ces dirigeants. Il y avait une initiative qui est allée du début du mois de janvier 2018 au 18 avril 2018. Pendant tout ce temps, on se rencontrait tous les samedis. Mais, à la veille du vote de la loi sur le parrainage, on s’est rencontré pour une journée d’étude, pour constater qu’on ne pouvait rien faire.
Qu’est-ce qui pouvait expliquer ces velléités d’aller à la conquête du suffrage des Sénégalais ?
Ces politiciens des deux côtés, que ce soit du pouvoir comme de l’opposition, sont dépassés. C’est pour cela qu’il faut des hommes nouveaux comme nous qui avons une expertise déjà sur le plan syndical, dans la gestion des hommes et de beaucoup de choses. Aujourd’hui, les politiciens ont échoué et ce n’est pas seulement au Sénégal. J’ai mis en place une structure, parce que je suis candidat pour la commune de Fann-Point E Amitié, pour les locales. J’ai lancé l’idée de mettre en place le CIEL, c’est le Collectif des candidats indépendants pour les élections locales. J’ai dit qu’il n’est pas normal qu’on ait des velléités d’être candidats et qu’on ne soit initiés à rien concernant les discussions, surtout sur tout le processus électoral, y compris le fichier et tout le reste. Parce qu’il y a le pouvoir, l’opposition et le non alignés. Et nous ? C’est pour cela que j’ai lancé cet appel-là pour voir comment nous, les candidats indépendants, on pouvait se mettre dans cette sorte de collectif-là pour pouvoir être au moins présents dans ces discussions.
Avez-vous des cibles particulières en lançant l’initiative du CIEL ?
C’était une façon d’appeler surtout les jeunes, de prendre en main la gestion des affaires de leur commune. Il faut penser déjà à changer cette façon de faire. Les partis politiques ont toujours eu les adultes qui dirigent, les femmes qui applaudissent et font dans le folklore et les jeunes qui sont la «force de frappe». S’il faut aller casser des choses, s’il faut aller insulter quelqu’un, c’est eux qui font les sales besognes. On les réserve, peut-être, une place de ministre, quelques petites choses. Je vois que cet appel est peut être tombé en même temps, mais en tout cas, je me rends compte que dans la banlieue, c’est en train de bouger. Il y a de plus en plus de jeunes qui veulent prendre le pouvoir local. Pour moi, c’est important. J’ai même écris une fois sur ma page Facebook que les politiciens devraient laisser le pouvoir local aux populations «civiles».
En tant que candidat indépendant, vous ne vous sentez pas un peu défavorisé par rapport aux candidats des partis, lesquels sont exemptés de parrainage, alors que pour vous, il vous faut une liste d’électeurs souteneurs équivalant à 2% des inscrits au niveau du département ou de la commune?
Non pourtant. C’est vrai qu’on peut contourner cela en se faisant parrainer par un parti. C’est tout. Mais sur le principe, ce n’est pas mauvais, surtout sur le plan local. Au niveau national, ça n’a pas de sens. Parce que si vous prétendez être maire ici, vous devrez être capable de trouver 2%, ne serait-ce que des gens qui diront qu’ils vous connaissent. Moi en tout cas, ça ne me dérange pas. Si on n’est pas capable d’avoir ce nombre, allez-vous coucher. Sinon, on aura cent mille candidats et les gens seront perdus. Je crois que ce n’est pas méchant.
Vous dites que vous êtes candidat pour la commune de Fann-Point E Amitié. Pourquoi voulez-vous candidater ?
Je me dis que cette commune, Fann-Point E-Amitié, c’est une commune qui est à haut coefficient intellectuel. Je m’explique. Je crois que c’est la seule commune où vous pouvez étudiez du préscolaire, en passant par l’élémentaire, le moyen, le secondaire, jusqu’à l’université sans sortir de la commune. Deuxièmement, vous avez pas mal d’autres structures d’enseignement supérieur privé, pas mal d’ONG qui se sont implantées. Vous avez l’agence des Statistiques, beaucoup de services de l’Etat qui y sont. Donc, je me dis que c’est une commune qui est quelque part dessinée pour des gens comme moi. Aujourd’hui, on se rend compte de l’échec des politiciens. Parce que, tous politiciens dans sa tête, comme disait l’autre, «quand il se rase le matin, il rêve d’être un jour assis vers la corniche Est là-bas». Donc, il a tendance à avoir des comportements de ce genre au niveau local. Alors que ça n’a rien à voir. C’est les mêmes jeux de positionnement qu’ils importent au niveau local. Depuis qu’on a cette commune et tous les gens qui sont passés, je n’ai pas vu de valeur ajoutée. Je n’ai pas vu le problème de l’environnement réglé. Le problème de sécurité est là. La commune est sale. Il y a énormément de jeunes et tellement de possibilités pour qu’on puisse aider les jeunes à pouvoir travailler, mais on ne voit rien. Je vais travailler sur ce triptyque-là qui est l’éducation, l’environnement, la sécurité. Ce sont les trois piliers pour moi. J’ai beaucoup de contacts d’amitié au niveau d’autres villes, dans d’autres pays pour avoir des partenariats, des jumelages, etc.