L’ÉTAT-SYSTÈME TOUJOURS EN MARCHE
Depuis un an et deux mois, le Sénégal est devenu un État petit manège dirigé par des meneurs qui s’amusent avec la destinée de toute une nation. Plus on avance, plus l’incrédulité s’installe sur les principes de rectitude jadis promis

L’État-système décrié par le peuple sénégalais reste toujours en marche tant sur le plan des idées que sur le plan des actions et réactions. N’est-il pas un nouveau système qui se reconfigure sous la carapace d’un antisystème improductif et contraint à subir la réalité du pouvoir ? L’interrogation n’attend point de réponses car les mécanismes de gouvernance l’étayent avec clarté.
Depuis un an et deux mois, le Sénégal est devenu un État petit manège dirigé par des meneurs qui s’amusent avec la destinée de toute une nation. Plus on avance, plus l’incrédulité s’installe sur les principes de rectitude jadis promis et défendus. Depuis son avènement au pouvoir, le gouvernement s’inscrit dans une politique de dénonciation des actions de son prédécesseur sans réelle proposition de solutions. Une pratique connue de tous pour gagner du temps, mais elle ne peut continuer éternellement à masquer les insuffisances que traîne le gouvernement et l’opacité de sa gestion. Autant par les mots que les actes, ce nouveau gouvernement dit antisystème peine réellement à conduire la barque dans la bonne direction. Ces leaders dont la politique adoptée reste close et statique, incapables de s’ouvrir aux mouvements mondains, manquent réellement de vision pratique et pragmatique pour impulser le progrès. L’État, dans son hibernation pseudo-africaniste, décline ses intentions sans pour autant avoir un fil conducteur clair dans sa politique nationale et internationale.
L’espace de débats réservé au mouvement libre, au désordre créateur et aux contestations génératrices se réduit aux querelles de bornes fontaines. Notre vision sociale semble n’avoir qu’une seule dimension, celle de la conformité car toute dissidence est vue comme une souillure aux « porojet ». Mot que la nation entière sait prononcer mais nul n’en trouve jusque-là son sens pratique pour impulser le développement. La posture de nos gouvernants est une posture plutôt d’agents réactionnaires que de planificateurs d’actions. Des réactions infantiles qui montrent, en tout, une stérilité politique de nos gouvernants face aux problématiques publiques. D’ailleurs, le changement de posture sur plusieurs promesses de droiture pose aujourd’hui la question sur les principes de bonne gouvernance tant promis. La réduction du train de vie de l’État semble n’être qu’un conte de fées. En conséquence, pour préserver la face d’une fabrique sociale en faux raccord, le gouvernement, dans sa posture opposante, joue contre le salut national.
La rupture systémique, symbole d’une déconstruction et d’une démystification des pratiques nébuleuses de l’ancien régime, doit céder la place à la reconstruction nationale qui ne peut se faire que par l’action, seule solution face à la lassitude. Le dilatoire et la lenteur dans le chemin de la croissance économique remettent en question le souverainisme prôné qui est marqué par l’isolement et l’hermétisme de nos institutions au niveau international. L’aspiration à la souveraineté est un idéal pour tout peuple, mais elle ne se décline pas en mots, elle se construit dans le temps avec un travail acharné et sans répit, loin de la dépendance économique et des discordances improvisées. Étant vrai que le développement n’est pas exclusivement une résultante du progrès d’ordre matériel, nécessité exige que l’État investisse sur la citoyenneté positive. D’autant plus que toute cette jeunesse à la force et à l’ardeur patriotique avec comme mission centrale l’idolâtrie peut servir autrement à assainir, cultiver, sécuriser et développer le pays. Elle peut être formée, encadrée et financée pour remplir au moins une fonction utile à la nation. Aucune nation ne peut prétendre mener sa politique dans l’autarcie et dans l’acrimonie de ses dirigeants. Diriger requiert de dompter les émotions car un État n’est pas un foyer, puisque chaque décision prise a un impact sur des milliers d’acteurs aux positions et intérêts différents.