MACKY HAUSSE LE TON
Le président annonce des réformes hardies au cours de l’année à venir. L’air menaçant, il annonce que cela va tanguer en 2020, car il faut que les choses changent

C’est un secret de polichinelle, Dakar est l’une des capitales les sales au monde. Pourtant, l’Etat injecte chaque année plus de 20 milliards Fcfa dans la gestion des déchets. Le chef de l’Etat qui présidait le Forum des cadres de son parti en est arrivé à la conclusion selon laquelle le système a montré ses limites. Macky Sall veut changer la donne et annonce des réformes hardies au cours de l’année à venir. L’air menaçant, il annonce que cela va tanguer en 2020, car il faut que les choses changent.
«Il n’y a pas un domaine aussi coûteux en ressources que la gestion des déchets. Malgré le courage des acteurs que je salue, le système n’est pas opérationnel. Il n’est pas efficace et pas efficient. Cela aussi est le fait des citoyens. On construit des maisons pour, après, laisser les gra- vats sans les ramasser. Personne ne doit le faire à la place du citoyen qui est propriétaire de cette maison. Nous allons prendre des sanctions dures au plan pécuniaire et pénal.» Ce cri du cœur doublé d’une sévère mise en garde a été lancé par le Prési- dent Macky Sall samedi dernier, lors du panel de haut niveau organisé par la Convergence des Cadres Républicains (Ccr). Très remonté contre l’indiscipline des populations, il lance : «Je refuse de paver la route qui se trouve devant chez moi en pensant que quelqu’un d’autre va le faire à ma place. Nous allons mettre fin à tout cela, car tous les pays développés sont passés par là». A cet effet, il a décidé d’apporter des modifications dans le système de gestion des déchets, dans la mesure où l’Etat dépense presque 20 milliards de francs CFA par an, sans que des avancées ne soient notées. «Avec toute cette somme, la ville n’a pas changé de visage. Il faut avoir le courage de dire que cela ne marche pas et d’engager des réformes avec les acteurs qui sont des Sénégalais. Il faut changer cela. Mais il faut qu’ils travaillent autrement et évitent de mettre la pression sur l’Etat. Le fait de dire si l’Etat fait cela, nous n’allons pas débarrasser la ville de ses déchets ; c’est du chantage et cela ne peut pas prospérer», peste-t-il.
Et en 2020, indique Macky Sall, il faudra s’attendre à des changements. « Les gens n’ont qu’à serrer la ceinture, parce que cela pourra tanguer», avertit le président sous des ovations nourries. Pour lui, il est impératif d’engager de grandes réformes. «Si on continue de cette manière, il ne faut pas se voiler la face, il n’y aura rien en 2035 et on continuera à vivre dans un pays sous-développé, qui va tendre la main et demander l’aide. Ce n’est pas cela mon ambition. Il faut affronter les forces tapies dans l’ombre et qui empêchent d’avancer. Il suffit juste d’avoir le courage et de croire en Dieu et personne ne pourra rien contre nous. Ce sont juste des lobbies qui passent leur temps à aller dans les radios et menacer les gens qui ont souvent peur», a martelé Macky Sall qui demande l’implication des collectivités locales pour rendre les villes propres.« Nous n’allons pas prendre des gens qui vont nous balayer les rues, nous devons être capables de le faire. En 2020, nous allons passer à la vitesse supérieure ; surtout que le monde nous attend pour nous avoir fait confiance, en nous donnant l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) en 2022. Dans ces conditions, on ne peut pas organiser un tel évé- nement. Et avant cela, en 2021, nous allons organiser le Forum Mondial de l’Eau avec plus de 20.000 participants», rappelle Macky Sall qui ne souhaite pas que les participants de deux grands événements voient le niveau d’insalubrité de certaines grandes artères de la capitale. «Il faudra faire preuve de péda- gogie en engageant dans le combat les élus et les populations qui ont besoin d’un cadre de vie décent», indique le président de la République.