MACKY JOUE DE LA CARTE DE LA FRANCHISE
Il n’y est pas allé par quatre chemins en soutenant que l’Etat ne peut plus supporter certaines revendications à incidence financière.

Hier, Macky Sall a reçu, comme à chaque fête du travail, les cahiers de doléances des centrales syndicales. Le président de la république, qui apparemment ne veut plus prendre d’engagements sans les respecter, s’est montré ferme en soutenant que l’Etat ne peut plus supporter certaines revendications.
Face aux Syndicalistes, Macky Sall a joué la carte de la franchise. Il n’y est pas allé par quatre chemins en soutenant que l’Etat ne peut plus supporter certaines revendications à incidence financière. Selon lui, beaucoup d’efforts ont été faits par le gouvernement dans ce sens durant son premier magistère. Par exemple, l’Etat a renoncé à plus de 8 milliards de F CFA par an au niveau de l’IPRES pour que le SMIG puisse atteindre 58 900 F CFA presque 60 000 F CFA en 2019.Autre chose, Macky Sall estime depuis quatre ans, l’Etat a bloqué le prix du carburant ; ce qui a entrainé un manque à gagner de plus de 140 milliards de F CFA par an sur le trésor public. Face à cette situation, dit-il, la Senelec ne peut pas augmenter les prix de l’électricité et l’Etat est obligé de subventionner sinon elle va arrêter de fonctionner. « L’année dernière, l’Etat a injecté 105 milliards de F CFA à la Senelec. Globalement, dans le domaine des hydrocarbures, c’est près de 250 milliards de manque à gagner à compenser ».Tout ceci étant, Macky Sall estime qu’il est impensable d’augmenter par ci, par là des indemnités et autres doléances financières. Explications : « Il faut qu’on dise les choses en toute franchise. Les salaires, c’est plus de 80 milliards par mois. La masse salariale par année est à 860 milliards compte non tenu des agences et assimilées. Rien que pour les agences, c’est 140 milliards de francs CFA. Au total, ça fait 1000 milliards de salaires à payer par l’Etat. Et si on augmente service de la dette qui est de 864 milliards ; cela fait 1864 milliards. Et si vous ôtez tout ça des recettes de l’Etat qui sont à 2177 milliards, il vous reste 313 milliards pour gérer le fonctionnement des services ainsi que l’investissement. Donc c’est à peine 26 milliards par mois. A ces 26 milliards, il faut ajouter les déficits qui seront financés pour la dette. Donc, vous voyez qu’on ne peut pas tout faire. Le Sénégal n’est pas un pays développé et solide financièrement. Il faut que le gouvernement communique davantage afin que les gens puissent savoir ce dont on est capable et ce qu’on ne peut pas faire. »
MACKY AUX SYNDICALISTES «PAS LA PEINE DE DEMANDER DES AUGMENTATIONS DE SALAIRES»
C’est pourquoi, Macky Sall estime avoir pris toutes ces mesures tendant à réduire le train de vie de l’Etat. Il fait constater que depuis qu’il est à la tête du pays, l’Etat a injecté 300 voire 500 milliards tout simplement pour l’achat de véhicules. Il soutient que l’Etat ne peut continuer de fonctionner ainsi si l’on sait que chaque année plus de 150 mille jeunes arrivent dans le marché de l’emploi sans qualification de surcroît. « Juste 6% ont des qualifications. Et on doit former ceux qui n’ont pas de qualification », précise-t-il. Donc, il laisse entrevoir que c’est une question de choix et en bon chef de famille, il privilégie la jeunesse. « De ce fait, il ne vaut même pas la peine de demander des augmentations de salaires. Ce n’est pas possible. Nous n’avons pas les moyens d’augmenter les salaires aujourd’hui. Et nous ne le ferons pas. Il faut que cela soit clair. C’est absolument pas possible », persiste-t-il. Toutefois, il laisse entrevoir la possibilité de discuter sur des aménagements en termes de protection sociale et d’amélioration des conditions de travail. Commentaire : « La baisse de l’impôt sur le salaire, le maintien des prix des denrées de première nécessité, tout ça entre dans ce cadre. Ce sont des augmentations de salaires en réalité. Il faut savoir qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Et si on dépasse ces limites, les conséquences seront immédiates et désastreuses. On va ainsi dérégler notre cadre macroéconomique, dépasser notre déficit et nous n’aurons plus le respect de nos partenaires. Et quand on n’a plus le respect de nos partenaires, ce sera comme par le passé des plans d’ajustement. On ne le souhaite pas. On ne l’envisage même pas. On travaille pour l’émergence. Et l’émergence, c’est la responsabilité aussi. Donc, il s’agit de faire ce dont on est capable. Ce n’est pas parce qu’on a peur de la grève qu’on va s’engager sur des choses qui vont complètement dérèglé le cadre qui nous permet aujourd’hui d’avoir notre autonomie et notre souveraineté budgétaire. Le jour où on dérape, c’est terminé. On va aligner les prix sur les réalités et on va annuler les filets sociaux. Et ce n’est pas ça ma politique. » Le président de la République a également prévenu les ministres en leur demandant de faire fi de tout engagement pris à titre personnel parce qu’il ne sera accepté aucun engagement non validé par le conseil des ministres et le président de la République.