«NOUS DEVONS TOUS NOUS UNIR POUR COMBATTRE TOUT HOMME PUBLIC QUI S’AVENTURERA SUR CE GENRE DE SUJET»
Sans citer de nom, « Borom ndakaaru » comme l’appellent ses partisans a administré une leçon de bonne conduite aux hommes publics qui surfent sur la vague ethniciste.

L’appel de Khalifa Sall est sans ambages. En déplacement hier au siège des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS) du Dr Babacar Diop, l’ancien Maire de Dakar s’est longuement offusqué du discours ethniciste et identitaire qui secoue le pays ces dernières années. De ce fait, le leader de Taxawu Sénégal a appelé à une « union sacrée » contre ce débat qui menace la stabilité du pays
Sans citer de nom, « Borom ndakaaru » comme l’appellent ses partisans a administré une leçon de bonne conduite aux hommes publics qui surfent sur la vague ethniciste. A la suite d’un point presse qu’il a donné avec son « jeune frère » Babacar Diop, en marge de leur rencontre, Khalifa Sall a pris son bâton de pèlerin pour aller en guerre contre le discours ethniciste qui fait rage au Sénégal depuis quelques années, accentué par l’affaire Adji Sarr Ousmane Sonko.
Tirant une leçon des leçons sur les évènements de mars 2021, le leader de Taxawu Sénégal a mis en garde les hommes publics sur la dangerosité de certaines formes de discours ethnicistes et identitaires qui sont, dit-il, très graves. « Le socle de notre stabilité, c’est qu’au Sénégal, nos pères fondateurs nous ont légué une nation qui signifie le commun vouloir de vivre ensemble. Si les gens continuent dans ces sortes de discours en revendiquant certaines positions à propos de leurs ascendances ethniques au détriment de l’intérêt supérieur de la nation qui nous rassemble tous. Le pays va en souffrir et cela va nous conduire à l’éclosion de la nation. C’est un discours dangereux et c’est à condamner. Je crois que nous devons tous nous unir pour dénoncer et combattre tout homme public qui s’aventurera sur ce genre de sujet. Et cela, là où il peut être », a condamné l’ancien maire de Dakar qui ajoute d’ailleurs que seuls les gens qui n’ont pas une idée de la menace que cela constitue en parlent.
L’autre fait à dénoncer, poursuit-il, c’est que des fois, ce sont des personnalités très connues qui tiennent ces genres de discours sans être inquiétées. « C’est cela qu’il faut combattre, flétrir et dénoncer. Parce que ce qui nous lie est plus fort que ce qui nous oppose. Mais les gens qui ont été une fois dans des pays qui ont connu ces genres de crise comme celui où se trouve le siège de l’Union Africaine ou d’autres savent bien ce que représentent les dangers de ces conflits identitaires qui sapent la cohésion entre les peuples », renchérit l’ancien édile de la capitale déchu de son poste en août 2018 dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
Sur la reconfiguration de la carte politique, Khalifa Sall soutient que la principale leçon des événements de mars 2021 est que les hommes politiques doivent revoir leur engagement pour le pays. Mieux, dit-il, ils doivent s’oublier pour l’intérêt général et pour le pays. « Nous sommes dans une recomposition politique. Et dans cette reconfiguration, nous devons avoir un certain nombre de principes à mettre de l’avant. D’ailleurs, le pouvoir en place est en train de se repositionner et d’élargir ses bases. Dans un jeu démocratique, quand le pouvoir se reconfigure, ce qui d’ailleurs est normal et naturel, le camp d’en face qui prône une offre différente doit aussi se reconfigurer », a-t-il dit indiquant que Babacar Diop a servi une leçon de désintéressement en déclinant le poste de ministre qui lui a été proposé lors du dernier remaniement.
DR BABACAR DIOP : «IL FAUT REINVENTER UN NOUVEAU SOCIALISME DIFFERENT DE CELUI DE COLOBANE»
Se présentant comme le précepteur du socialisme du 21ième siècle différent de celui de la «Maison du parti », Babacar Diop s’est réjoui d'accueillir une des grandes figures politiques et un homme très respecté dans l’opposition. Selon le leader du FDS, il y a une nécessité de réinventer une alternative au capitalisme. Et pour cela, il faut réinventer une nouvelle voie qui est celle qu’il appelle le socialisme du 21ième siècle. Ce socialisme, tient-il à préciser, est différent de celui de Colobane qui est un socialisme de prédation, de corruption et fondé sur le clientélisme. Ce socialisme qu’il appelle, dit-il, repose sur quatre mots à savoir le socialisme démocratique, le socialisme démarchandisé, le socialisme écologisé et le socialisme décolonisé. «Il faut bref reconstituer le projet de gauche. Je n’appelle pas à des retrouvailles de la famille socialiste. Mais j’en appelle à la reconstruction du projet du socialisme et d’un discours nouveau parce qu’il nous faut des gens qui se réclament de la gauche », a dit Babacar Diop qui invite d’ailleurs à une mobilisation pour que Khalifa Sall et Karim Wade retrouvent leurs droits politiques et civiques qui sont une des revendications du M2D. Enfin, conclut-il, il faut qu’on aille vers une présidentielle de 2024 très ouverte pour permettre à tout le monde de se présenter.