QUAND L’ALERTE «GAÏNDE» VIENT DE DAKAR !
Face à l’Afrique des régimes dictatoriaux et des présidences à vie, la jeunesse est en train de prendre son destin démocratique en main !

Vendredi dernier, Dakar a connu une manifestation panafricaine de contestation contre toutes les tentatives de tripatouillage des Constitutions entreprises par les chefs d’Etat dans le but de s’éterniser voire de mourir au pouvoir. En disant « Non » à l’actuel président guinéen, Comoriens Sénégalais et Guinéens ont déclenché une alerte « Gaïndé » contre les prolongations au sommet des pouvoirs africains. Car cette très forte mobilisation traduit la volonté des organisateurs et, par-delà, des peuples à s’opposer à la mode des troisièmes mandats en Afrique. Donc pas seulement en Guinée !
Face à l’Afrique des régimes dictatoriaux et des présidences à vie, la jeunesse est en train de prendre son destin démocratique en main ! Et de manière pacifique comme ce fut le cas de cette très forte mobilisation panafricaine organisée vendredi dernier à la Place de l’Obélisque à Dakar. Après les Guinéens de France, d’Angleterre, d’Italie, ceux du Sénégal ont massivement répondu à l’appel de la section sénégalaise du Front national pour la défense de la Constitution (Fndc/Sénégal). Ils ont été soutenus par le mouvement Y en a marre, Afrikajom, le Forum Social sénégalais, Frap France Dégage etc.
Sous la bannière du « Degagisme », Guinéens et Sénégalais, mais aussi Comoriens ont vigoureusement dénoncé les manœuvres du président Alpha Condé visant à modifier la Constitution de son pays pour obtenir un éventuel troisième mandat. En défilant dans les rues de Dakar, plus précisément de la place de l’Obélisque à la Rts, organisateurs et manifestants ont exprimé leur colère à travers des pancartes et banderoles. Mais aussi des slogans sans équivoque. Des marcheurs qui ont dit leur détermination à payer un très lourd tribut s’il le faut pour pousser le président Alpha Condé à renoncer à sa candidature et faire dégager son régime sanguinaire. Les Comoriens de Dakar se sont également aux manifestants pour fusiller leur président, Assoumani Azzali, d’avoir piétiné et bafoué la Constitution de son pays en tentant de se faire réélire à sa manière. Ils ont surtout tenu à attirer l’attention sur la situation qui prévaut dans cet archipel où les défenseurs des droits de l’homme et les opposants sont férocement réprimés. Selon M. Barry, commerçant à Dakar et membre du Fndc/Sénégal, les Guinéens de la diaspora sont déterminés à chasser le président Alpha Condé du pouvoir, quitte mourir en même temps que leurs concitoyens de Conakry.
Le réveil panafricain !
« L’ère des régimes dictatoriaux et des présidences à vie est révolue en Afrique ! Et si la communauté internationale et particulièrement l’Union européenne sont jusque-là silencieuses sur la crise politique en Guinée, c’est parce qu’elles savent que les jeunesses africaines peuvent désormais prendre leur destin en main. Ou par des mouvements de révolution ou par des manifestations pacifiques pour chasser du pouvoir des dirigeants comme Alpha Condé, Blaise Compaoré, Joseph Kabila, Robert Mugabé, Mouhamed El Bachir, Abdelaziz Bouteflika, Yaya Jammeh, Mohamed Morsi, Laurent Gbagbo et autres. Des dirigeants dont certains ont heureusement déjà été renversés. Et le président Alpha Condé sera le prochain à détaler sous la pression de la rue. Car il ne parviendra jamais à modifier la Constitution pour s’offrir un 3ème mandat, jamais ! » jure M. Barry tout en faisant valoir sa double nationalité (sénégalaise et guinéenne). « Donc, en tant que Sénégalais à part entière, cette forte mobilisation constitue un signal fort non seulement destiné à Conakry mais aussi à Dakar où l’on prête à Macky Sall l’intention de briguer un troisième mandat. Vous pensez que la présence du Mouvement Y en marre et de la Société civile sénégalaise à nos cotés est gratuite ? non ! Nos frères sénégalais veulent faire savoir à l’opinion que ce que qui se passe en Guinée, peut se produire un jour au Sénégal. Cela dit je ne pense pas que le président Sall soit dans cette logique à hauts risques pour lui », ajoute notre interlocuteur. Invité par notre confrère de « Dakaractu », Moustapha Wade, par ailleurs président du mouvement Alliance pour la Démocratie et le Développement (Add), dit croire fermement que le président Macky Sall ne fera pas un 3e mandat. « Macky Sall est un homme politique très averti. Il veut juste entretenir le flou pour mieux contrôler son parti et faire régner son autorité sur les éventuels prétendants. Le président Macky Sall cherche juste à brouiller les pistes pour mieux cacher son dauphin » pense Moustapha Wade.
En tout cas, à l’école de la démocratie, les dirigeants africains ont la triste réputation d’être de très mauvais élèves. Nombreux sont des pays africains qui ont été épinglés et mis au banc des accusés de la communauté internationale pour manquements démocratiques ayant provoqué d’interminables crises politiques et soubresauts postélectoraux. Toujours est-il que la marche engagée par l’Afrique vers la démocratie par la voie institutionnelle et constitutionnelle ne sera véritablement effective qu’avec l’essor d’une véritable culture démocratique chez les jeunesses africaines. Des jeunesses africaines qui aujourd’hui vivent politiquement au rythme du monde et se référent aux standards des constitutions des démocraties majeures : deux mandats présidentiels. Et pas un de plus ! Car, tout mandat de trop devient de la monarchie et de la dictature. D’où la forte mobilisation des Guinéens, des Comoriens mais aussi et surtout des Sénégalais ce week-end à Dakar pour dire non à un troisième mandat où que ce soit en Afrique. Car, à travers cette gigantesque marche de Dakar, ils ont pu trouver les voies et moyens d’informer et de sensibiliser les autres jeunesses d’Afrique, histoire de leur lancer un message sans équivoque : Réveillez-vous et levez-vous pour l’abolition de l’ère des 3emes mandats en Afrique ! On espère que le message de nos marcheurs sera capté 5/5 non seulement à Conakry mais aussi à…Dakar, bien sûr, mais aussi à Bamako et même Abidjan ! N’est-ce pas, Tiken Jah Fakoly ?