QUI POUR «ALLAITER» LE NOUVEAU «BEBE» ?
Keur Massar est devenu depuis quelques semaines le 46ème département du Sénégal avec 3 arrondissements et 6 communes. A quelques mois des élections locales, le nouveau «bébé» fait l’objet de fortes convoitises

Keur Massar est devenu depuis quelques semaines le 46ème département du Sénégal avec 3 arrondissements et 6 communes. A quelques mois des élections locales, le nouveau «bébé» fait l’objet de fortes convoitises de la part de la mouvance présidentielle sous la conduite des ministres Amadou Hott et Aminata Assome Diatta qui s’activent. En face d’eux, se dressent toutefois les membres de l’opposition et des mouvements citoyens.
Le Président Macky Sall n’a pas été, à la fois, directeur de campagne et ministre de l’Intérieur de son prédécesseur Abdoulaye Wade pour rien. Les «schémas» politiques sont sa zone de confort. Et manifestement, il n’a pas créé le département de Keur Massar pour le perdre lors des prochaines élections locales. En érigeant Keur Massar en département, le chef de la majorité a renforcé son nouveau «bébé» en potentialités sur le plan du leadership. Conscient que son homme de main, le député-maire Moustapha Mbengue, est en perte de vitesse, même s’il n’a pas dit son dernier mot et connait tous les rouages de la machination politique, le chef de l’Etat a décidé de mettre sur orbite deux ministres de la République dans la localité.
Pur produit de la banlieue et surtout de Yembeul, le ministre de l’Economie Amadou Hott multiplie les visites de terrain dans son fief. Il s’illustre par des œuvres sociales dans cette partie de la banlieue. «C’est très normal, quand on est ministre de la République, d’aider les populations de la localité où on a grandi», lance un de ses proches collaborateurs avant d’ajouter de manière ambiguë : «C’est vrai qu’il fait beaucoup d’œuvres sociales, mais cela ne veut pas dire que ce sont des actions qui ont des relents politiques».
Notre interlocuteur ajoute dans la foulée que même si Amadou Hott voulait être candidat, il n’allait pas le dire maintenant. «Car, le Président Macky Sall a demandé à tout le monde de s’en remettre à lui pour la désignation des candidats». Ainsi même si lui et ses partisans sont dans l’expectative, le ministre Amadou Hott est une carte que le très politique Macky Sall pourrait jouer dans cette zone de l’arrondissement de Yeumbeul où se déploie le très teigneux responsable libéral Bara Gaye Dans l’arrondissement de Malika (constitué de commune de Malika et surtout de la commune de Keur Massar Nord avec plus de 85 quartiers), on retrouve le ministre du Commerce et des PME, Aminata Assomme Diatta. Sentant manifestement que Ziguinchor risque d’être imprenable pour elle avec l’ouragan Ousmane Sonko, le ministre du Commerce a déclaré sa «flamme» pour cette zone où elle habite avec sa famille. Elle a pratiquement déclaré sa candidature pour la mairie de Keur Massar Nord et n’attend que le feu vert du chef de l’Etat pour l’officialiser.
LE DG D’AKILLE AMADOU LY, NGOUDA SALL, MAHFOUZ GUEYE, ALASSANE TOURE… LA NOUVELLE GENERATION QUI VEUT CHANGER LA DONNE
D’autres responsables proches de Macky Sall ont déclaré leur candidature. Il s’agit notamment du conseiller spécial du Président Macky Sall, Omar Sow, qui compte briguer la mairie de Yeumbeul Sud. «Je suis membre de l’Apr, mais je suis candidat à la candidature. Je suis un jeune Sénégalais qui veut changer les choses dans sa communauté. Je suis de ceux qui pensent qu’une personne nommée ou élue doit être proche des populations», déclarait-il récemment sur la chaine Itv. Parmi aussi les prétendants des mairies dans le département, on peut citer le directeur général de Akillé.
Docteur en physique, cette tête bien faite veut mettre son expérience et son expertise dans l’énergie au service du département de Keur Massar. Connu pour sa discrétion, il tient des rencontres afin de se positionner pour la mairie de Keur Massar Sud. Toutefois, le camp présidentiel fera face à des voix dissidentes qui veulent une alternance générationnelle dans la manière de gérer les communes. Parmi celles-ci, il y a le chargé des élections du mouvement de Khalifa Sall et un des fondateurs du mouvement «Waaw Meuna Nék», Ngouda Sall qui, à la surprise générale, avait obtenu deux conseillers en 2014 malgré ses maigres moyens. Informaticien de profession et jouissant d’une bonne réputation, il entend défier le ministre Aminata Assome Diatta à Keur Massar Nord. Il compte mettre en place une large coalition, ces prochains jours, pour mettre toutes les chances de son côté.
Dans le même sillage, le socialiste et acteur du Développement Communautaire dans la localité, Mahfouz Guéye a décidé de briguer la mairie de Keur Massar Sud. Connu dans le mouvement «Navetanes» et formé par le defunt secrétaire général du PS Ousmane Tanor Dieng et des ténors socialistes de la zone comme Idrissa Wélé, il est plébiscité par certains jeunes de Keur Massar. Un autre jeune dont la candidature est très attendue, c’est Alassane Touré du Pastef. Décrit comme un homme sérieux, engagé et très éthique, il est pressenti pour défendre les «patriotes» à Keur Massar Nord. Parmi les candidats, il y a aussi l’ancien sénateur Amadou Barry qui jouit aussi d’une bonne expérience et d’une bonne réputation dans la zone. Son mouvement «Jogg Défaar Keur Massar» fait un remarquable travail de terrain afin de convaincre les Massarois. Connu pour sa proximité avec Ousmane Sonko, le transitaire Seydina Bilal convoite aussi la mairie de Keur Massar Sud. C’est dire que les prochaines locales risquent d’être âprement disputées dans ce 46ème département du Sénégal. Mais ce ne sera pas une promenade de santé pour les candidats. Car, Keur Massar fait partie des zones les plus criminogènes de Dakar voire du Sénégal. En plus de cela, la promiscuité et l’occupation anarchique sont des goulots qui étranglent son développement. Ce qui va constituer une autre paire de manches pour les futurs maires du nouveau département.