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"SI JE MEURS, JE NE VEUX PAS D'HOMMAGE..."

Un entretien accordé en 2010 à Walf Grand-Place, alors quotidien du Groupe WalFadjri, par Amath Dansokho qui évoquait, dans une sorte de prémonition, sa mort

Walf Grand-Place  |   Ndèye Awa Lo  |   Publication 24/08/2019

On ne peut parler de politique au Sénégal sans parler de lui. À 72 ans, Amath Dansokho fait partie des hommes politiques les plus respectés pour sa constance dans ses idéaux. Ancien ministre sous les régimes de Diouf et de Wade, cet homme s’est battu toute sa vie durant pour combattre l’injustice sociale. Un combat qui lui tient à coeur au point qu’il en oublie sa santé. Malade depuis quelques années maintenant, le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) ne sent pas bien. Même pour marcher, il a des problèmes avec des jambes enflées. De retour de Paris, le leader du Pit se confie à Walf Grand-Place. Autour du Damier, le Kédovin d’origine en pleurs revient sur sa vie, son exil, sa maladie, la mort… Confessions comme vous n’en avez jamais entendu. Un entretien qui s’est déroulé dans une ambiance pour le moins lourde avec un père de famille qui retient difficilement ses larmes dès qu’on évoque certains sujets.

Walf Grand-Place : Vous revenez de France où vous avez subi des soins. Vous semblez visiblement affaibli. Comment vous portez-vous ?

Amath Dansokho : Effectivement, je suis affaibli. La motricité est difficile. Avant, pour marcher, je risquais de tomber à tout moment. Maintenant que je suis le régime, le sucre a diminué. Mais, j’en avais trop dans mon sang. Je suis rentré à la veille de la présentation des conclusions des Assises.

Est-ce que vous suivez les prescriptions du médecin ?

Je suis obligé. Parce que si je veux vivre encore deux ou trois ans, il faut faire le régime. J’ai eu la chance, on ne m’a pas amputé la jambe. C’était possible car j’étais allé trop loin avec un sang imbibé de sucre. Heureusement que mes jambes deviennent de plus en plus ferme.

Parlant de votre maladie, certains soutiennent que vous avez fait la dialyse ?

Non ! Je n’en suis pas encore là. J’espère que cela ne m’arrivera pas. Parce que si je devais faire la dialyse, je me mettrais une balle dans la tête pour ne pas emmerder les gens. 

Vous versez des larmes depuis un instant. Qu’est-ce qui vous fait craquer. Que craignez-vous ? 

Je ne pleure pas pour ma maladie. Je n’ai non plus pas peur de la mort. Je souhaite vivre encore longtemps. Je le souhaite car on ne m’a pas dit que je suis condamné à mourir sous peu. Et puis, si tel était le cas, je l’aurais dit. De même que si j’avais le cancer ou le sida. Il n’y a pas de maladie honteuse. Il vous arrive donc de penser à la mort ? Non ! La mort, c’est le cadet de mes soucis. Je sais que ça viendra un jour.

Nous vous souhaitons de vivre encore longtemps. Mais si Dieu vous rappelle à lui un jour, que voulez-vous que les Sénégalais
fassent pour vous rendre hommage ? 

Non, je ne veux pas d’hommage. Ce que le peuple fait pour moi est largement suffisant. Je ne crois pas qu’il ait une autre qui bénéficie d’une affection comme la mienne. Je ne voudrais pas de folklore, mais de la sobriété. La population a beaucoup fait pour moi. Il faut  faire l’économie de chose pareille. Je demande à être enterré dans la plus grande discrétion. J’aurais aimé que ce soit à Kédougou, mais ce ne sera pas facile pour ma femme et mes enfants de se rendre souvent jusque là-bas pour se recueillir sur ma tombe. Je n’ai pas encore fait de choix. Peut-être que j’opterai pour Dakar.

Vous avez récemment perdu un compagnon en la personne de Sémou Pathé Guèye. Que retenez-vous de cet homme ?

C’était une grande intelligence. (Il fond en larmes).

Latif Coulibaly a fait un texte poignant sur vous dans le journal La Gazette pour vous rendre un hommage. Vous l’avez lu ?

Non. Je n’ai parcouru que quatre ou cinq lignes et je me suis arrêté. Je n’ai pas jusqu’à présent pu supporter. (Il fond à nouveau en larmes) C’était trop fort pour moi. C’est un proche qui m’a demandé de lire. Mais, je n’ai pas pu. Latif est un ami. Il me harcèle, depuis dix ans, pour que j’écrive avec lui mes mémoires.

Il dit que vous vous êtes sacrifié pour votre patrie. Avez-vous le sentiment d’avoir accompli votre mission ?

Je n’ai pas fini. Je continue d’accomplir ma mission. On n’a qu’une petite séquence dans la vie avec ce que le destin nous donne. Durant ces instants de lutte pour votre patrie, avez-vous regretté des choses ? Mon seul regret est que j’aimerais avoir beaucoup de voix et que l’autorité et l’estime dont je bénéficie des couches sociales se traduisent dans l’urne. Peut-être que cela se fera un jour. J’aurais souhaité que notre pays se développe, se modernise le plus rapidement possible.

Celui qui détient les rênes de ce pays est un compagnon de longue date. Peut-on savoir les circonstances de votre première rencontre avec Abdoulaye Wade ?

La première fois que je l’ai rencontré, c’est Majmouth Diop qui nous a présentés. On se trouvait au restaurant des intellectuels de l’époque, Barbier (devenu le moulin- Rouge au Plateau). Ce jour-là, Wade était venu déjeuner à midi avec Cheikh Anta Diop. Ils venaient tout juste de finir leur plat. Mais, notre premier contact, c’était en 1960 au cours d’une conférence sur le socialisme qu’il animait à Daniel Brottier en présence de Gabriel D’Arboussier. Abdoulaye Wade, qui vivait en France, était venu en vacances. À la suite de sa communication, je lui ai apporté une contradiction par rapport au thème «socialisme et religion». Il a souri. Ensuite, il m’a enseigné les mathématiques économiques en 1962.

Quel genre de professeur fut M. Wade ?

Wade fut un professeur sans pédagogie car les étudiants ne comprenaient rien de ses cours. Il venait toujours avec un retard de 20 mn et passait tout son temps à parler de lui, de la politique. Et les 10 mn qui restaient, il se mettait à bâcler la leçon. On n’y comprenait rien. J’ai travaillé davantage pour son parti que pour le mien. Je dois dire aussi qu’il s’est constitué pour me défendre en 1964 lorsque j’ai été arrêté.

Pour quelqu’un qui l’a côtoyé comme vous, dites-nous deux qualités de l’homme Wade ?

Il a un sens extraordinaire de fascination sur son peuple. Quand il sortait dans la rue, c’était comme s’il détenait une force surnaturelle d’attirer les individus. Senghor et Lamine Guèye furent certes populaires. Mais personne n’a eu cette fusion avec la population comme lui.

Deux défauts que vous avez remarqués chez le Président Wade ?

La conviction qu’il sait tout et son refus de partager l’opinion des autres. C’est le président qui a le plus de conseillers au monde, mais on ne se rend pas compte de leur travail. Je suis certain qu’il aime le peuple, croit à sa grandeur, mais il fait les choses dans le désordre. Le malheur est qu’il est arrivé au pouvoir avec un âge avancé et veut tout réaliser en si peu de temps. Alors que personne n’a la chance de tout accomplir sur cette terre. Même le prophète (Psl) n’a pas eu cette opportunité.

On dit que jamais il ne vous emprisonnera car vous aurez vécu des choses fortes. Peut-on avoir une idée de ce qui vous lie ?

Ce que Abdoulaye Wade et moi avons vécu de fort, n’est rien d’autre que la passion pour le Sénégal. C’est moi qui ai eu l’intuition que le changement passerait par lui. J’ai dit un jour : «Avec tous les défauts qu’on lui connaît, il faut le soutenir.» C’était le chemin obligé, le plus court du changement car aucun d’entre nous n’avait la surface populaire requise pour conduire le changement. Je savais que pour cette étape de la démocratie, Wade fut l’homme idéal. Je ne me suis pas trompé. C’est lui qui a changé. Je me rappelle le soir de sa victoire, on s’est congratulé. Nous étions au Point E, debout sur des chaises, saluant le peuple. Je ne lui demandais pas de me confier un poste. Wade sait que je ne suis pas du genre à me casser devant qui que ce soit. Avant son élection, on se voyait tous les jours. Dès que je le quitte pour me mettre même à table, il rappelle pour me demander de revenir. J’habitais à Liberté 6. Mais, je faisais cinq fois le trajet Sicap-Point E. On était viscéralement très lié. J’ai failli perdre mon enfant à cause de lui.

Perdre votre bébé ? Comment ? 

Parce que ma femme a failli accoucher dans la rue. C’était le 25 décembre 1978. J’habitais à Liberté 6. Samba Diouldé Thiam et moi étions
partis rencontrer le parti de Wade pour nouer une alliance. Nous y sommes allés à 21h pour ne quitter qu’à 5h du matin. A mon retour, j’ai
trouvé Sémou (Ndlr : le défunt Sémou Pathé Guèye) et ma femme, en train de chercher désespérément un taxi.On l’a amenée à l’hôpital, Le Dantec. Et dès qu’elle a franchi le seuil de la salle d’accouchement, le bébé est sorti dans des conditions horribles.

Qu’est-ce qui vous a marqué chez Wade, ce compagnon d’antan ?

Je dirais ses dons linguistiques qui font marrer plus d’un. Il a une connaissance extraordinaire de la langue wolof, mais aussi du Français. Wade est dans le crâne des Sénégalais comme il puise dans un ordinateur. Pendant longtemps, il les a manipulés. C’est une tête extraordinaire. Et quiconque lui nie ses dons raconte des histoires. 

Quand est-ce que vous vous êtes rencontrés pour la dernière fois pour discuter ?

C’était le 9 novembre 2006, lorsqu’il m’a demandé, pour la 9e fois, de rentrer dans le gouvernement. Ce que j’ai toujours refusé. Car, comme on ne partage pas les mêmes convictions, je risque de me faire limoger, 24h après. (Rires).

Etes-vous allé présenter vos condoléances lors du décès de sa belle fille, Karine ? 

Je suis arrivé à Paris le 19. D’habitude je dormais, mais je me suis rendu dans la demeure mortuaire. On s’est rencontré, j’ai embrassé
Viviane Wade. Elle a beaucoup d’affection pour moi car elle sait que j’ai beaucoup aidé son homme. Il en est de même pour ses enfants, Karim et Sindiély qui me considèrent comme leur oncle. En 2008, quand j’étais hospitalisé en France, Karim m’a téléphoné et il m’a dit : «Tonton, je suis à Paris, il paraît que vous êtes malade, je viens vous voir.» Il était en route pour la Chine et a tout fait pour me retrouver. J’étais vraiment surpris. Karim me dit que toute sa famille a de l’affection pour moi. Et je ne crois pas que ce soit faux.

Pensez-vous que Karim Wade a les compétences pour gouverner un jour le Sénégal ?

La question n’est pas là. Karim Wade est un Sénégalais à part entière. Je ne partage pas l’avis de ceux qui estiment qu’il n’est pas Sénégalais parce qu’il est blanc. La Constitution ne se base pas sur des critères pigmentaires. Elle le reconnaît comme citoyen sénégalais.
De ce point de vue, il peut être candidat. Ce qu’on ne peut accepter, c’est qu’on dise qu’il doit succéder à son père. Or, il nous semble que ce dernier fait des choses qui vont en ce sens. Mais, si les Sénégalais votent pour Karim, je serais le premier à reconnaître sa victoire. Aussi, je tiens à préciser que si quelque chose arrive à Karim, je porterais plainte contre Abdoulaye Wade pour l’avoir poussé dans une aventure suicidaire. Je prendrais cette responsabilité, en tant que citoyen.

Avec Karim Wade, vous discutez souvent de politique ?

Quand Karim est venu chez moi, c’était pour me remercier. À Paris, il était venu s’enquérir de mon état de santé. Pour vous dire qu’on ne parle pas de politique.

Parlant de votre santé, il se susurre que vous avez refusé la prise en charge médicale qu’Abdoulaye Wade vous a offerte pour aller vous soigner à Paris. Qu’en est-il ?

C’était en 2004. C’est vrai qu’il avait pris toutes les mesures pour que j’aille me soigner à Paris. Je n’ai pas refusé. J’ai apprécié. D’ailleurs, c’est lui qui m’a appris que j’étais presque au bord de l’effondrement. Heureusement qu’il m’a averti. La preuve, à Paris, j’ai perdu connaissance dans un restaurant. Je n’ai pas pris les soins parce que je n’en avais pas besoin dans le seul but que je suis totalement assuré par mon épouse qui travaille à l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Seulement, j’avoue que si Wade n’avait pas attiré mon attention sur la nécessité de me soigner rapidement, le pire pourrait arriver. Il avait pris des mesures extraordinaires en choisissant des médecins de niveau exceptionnel pour s’occuper de mon cas. Mieux, il avait demandé à ce qu’on me transporte chaque jour mon régime, de Dakar à Paris.

Malgré les divergences politiques, Abdoulaye Wade compatit à votre maladie ? 

Tout comme moi qui ne peux parler de lui sans verser des larmes. Je suis un humain qui a des sentiments. J’ai de l’affection pour Abdoulaye Wade. J’ai fait des choses avec cet homme. Viviane m’a une fois invité chez lui. Et dès que je me suis mis à dérouler des séquences de ce que l’on a vécu, j’ai craqué. Je ne lui veux pas de malheurs. C’est pourquoi je veux qu’il parte pour son intérêt et celui du
peuple. Les sentiments existent. J’aime Wade. Il a posé des actes à saluer. Cette autoroute à péage est une grande œuvre. Idem pour la Corniche. Ce qu’on ne peut accepter, ce sont les surfacturations. Pour le cimetière, je lui ai dit : «Si vous y touchez, les Lébous
 vont se soulever.» Heureusement qu’il a suivi mes conseils.

Au-delà de Wade, vous travaillez dans l’opposition avec des leaders comme Moustapha Niasse, Tanor Dieng qui ne s’entendent pas souvent. Comment parvenez-vous à les gérer ?

Je n’ai pas à les gérer. Ce sont de gros gaillards. Nous travaillons ensemble parce que nous sommes des esprits rationnels. Je crois qu’il y a aussi le fait que nous subordonnons tous à notre patrie. C’est une dimension partagée qui fait que quel que soit notre état d’âme, quel que soit ce que nous pensons les uns des autres, on doit se mettre ensemble. Ils se rencontrent souvent chez moi. Nous avons souvent des hypothèses différentes. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème, mais cela ne peut empêcher qu’ils travaillent ensemble. Ce qu’ils font depuis 2002. J’avoue qu’ils sont des dirigeants d’une grande qualité qui ont occupé d’importants postes. Tanor Dieng, par exemple, a l’esprit rigoureux et travailleur. Niasse est une intelligence étincelante et très cultivée avec une culture d’Etat. Ils ont beaucoup appris sous
Senghor.

Dites-nous quels sont les défauts de Tanor Dieng et Moustapha Niasse?

Non, je n’aime pas juger les gens.

Vous rêviez de devenir président de la République du Sénégal ?

Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je ne suis pas devenu marxiste pour la galerie. C’est juste la libération de l’homme sous tous les rapports.

Vous vivez seul dans votre maison. Où sont vos enfants et leur maman ?

J’en ai quatre. L’aînée Yacine, une ancienne camarade de classe de Karim au collège des Maristes, est née en 1968. Ils vivent tous à l’étranger et ont pratiquement terminé leurs études en sciences politiques, sociologie, télécommunication… Ils se nomment Adèle, Laurence, Alcalie, Elsa. Leur maman est médecin. Elle se trouve actuellement en mission au Tchad. Elle est l’assistante d’Eva Marie Coll Seck. On a des boulots différents et chacun respecte le choix de l’autre. Je dors tout seul. Ce n’est pas prudent (Il rigole). Quand je vais mourir ici… Comme la maison ne désemplit pas, je n’ai jusqu’à présent pas pensé à chercher quelqu’un pour me tenir compagnie.

Après tant d’années passées dans la politique, c’est quoi le patrimoine de Dansokho. Des comptes bancaires en Suisse ?

Comptes bancaires ! Je n’ai aucun sou dans une banque du monde. J’ai deux maisons à Liberté 6 et à côté de l’aéroport que je viens de solder. Cet appartement de Mermoz, je le loue. Mon enfant qui étudie encore, je dois le soutenir. Les frais de France pour ma maladie ne sont pas gratuits. Même si on me rembourse mes médicaments.

Peut-on avoir une idée du genre d’enfance que vous avez eue ?

J’ai eu une enfance heureuse dans une famille aisée et très sociale. Tous les fonctionnaires qui débarquaient à Kédougou logeaient chez nous. C’était une famille élargie avec un père qui eut quatre épouses. J’y ai fait l’école primaire. Avant d’aller faire mon entrée en 6e à Saint-Louis, à l’école Duval. En 1951, mon père nous a envoyés, mon frère et moi, chez ses collègues fonctionnaires. On était dans la maison de son ami, Mbagnick Diouf, l’oncle à Abdou Diouf.

Pouvez-vous nous dire quel élève vous étiez ?

Je fus remuant à la limite non-conformiste. J’écoutais ce que je voulais savoir. Déjà au cm2, je fus un Senghoriste fanatique. Mes maîtres comme Macodou Diène, l’ancien footballeur Abdoulaye Thiam, devenu administrateur civil, peuvent en témoigner. Ils étaient tous inquiets car au moment où mes camarades se mettaient aux révisions pour préparer l’examen, je suivais ceux qu’on surnommait les va-nu-pieds à l’époque. Ensemble, nous préparions la venue de Senghor dans la capitale du Nord. Comme anecdote, j’ai assisté au discours de Senghor en 1951 au cinéma Rex. Pour vous expliquer combien je l’aimais, je lui ai serré la main jusqu’à la porte, j’ai failli me faire écraser par la foule. Je suis venu à Dakar après le baccalauréat. Je me suis inscrit au département d’Economie de l’Université de Dakar. À la première assemblée générale, on m’a élu vice-président, directeur de publication du journal Dakar étudiant. Je fus tellement actif dans les mouvements de lutte que la plupart des élèves me connaissaient de nom. C’est à cause de cet engagement dans le mouvement estudiantin que j’ai arrêté mes cours. Puis, j’ai fait du journalisme en vrac en tant que patron de ce journal. Comme j’avais un besoin d’expression et que je luttais contre les Français, on n’est paru qu’une seule fois. Senghor nous a interdit de parution à l’imprimerie Diop. Comme solution, j’allais tous les mois à Conakry pour faire éditer, mettre les exemplaires dans les valises à destination de Dakar.

C’est ce qui a fait que vous n’avez pas pu faire des études universitaires poussées ?

Effectivement, cet incident en fait partie. Mais j’apprends toujours. Et je n’ai rien à envier à ceux qui ont fait des études poussées en sociologie, histoire, économie… D’ailleurs, j’étudie toujours. Je me cultive.

Comment êtes-vous entré en politique ?

Je suis entré dans la politique en 1949 dèsque le Bds (Ndlr : Bloc démocratique sénégalais) est né dans l’atelier du fondateur du parti à Kédougou. Je n’avais que 10 ans. J’entendais parler de Senghor, le savant qui fut capable de dire le nombre de feuilles qu’il y a dans un arbre. Et c’est ce savoir qui fascinait chez lui. C’est pourquoi quand je l’ai quitté, j’ai pris la gauche.

Qu’est-ce que cela vous fait d’idolâtrer une personne, la côtoyer puis la quitter pour des divergences idéologiques ?

C’est une question d’évolution. J’ai su beaucoup de choses au fur et à mesure que je grandissais. J’avais adhéré à une idéologie. C’est pourquoi quand je ne me retrouvais plus j’ai intégré le Pit. Mon premier cadeau après mon entrée en sixième fut un livre sur le communisme offert par Mady Cissokho, le premier ministre d’Etat du Sénégal. C’est de cette manière que je me suis décidé à faire avancer la démocratie et la justice sociale.

Vous avez été contraint à l’exil sous le régime de Léopold Senghor. Racontez nous ce que vous avez vécu au Mali ?

C’était en 1964. J’ai été arrêté pour activités clandestines et j’ai bénéficié d’une liberté provisoire. Je suis parti donc absent au moment du procès. Je vivais au Mali dans la résidence que Modibo nous avait offerte. C’est dur de vivre loin des siens. On a annoncé ma mort. Ce n’est qu’en septembre 1968, quand je suis venu au congrès du Parti démocratique de Guinée (Pdg) à Conakry que les journalistes m’ont interviewé à l’aéroport. De 1964 à 1968, je n’ai eu les nouvelles de personne dans ma famille. Elle me manquait tant. L’exil peut détruire une personne.

C’était quoi vos activités durant ces quatre années d’exil ? 

Je faisais du journalisme dans l’organe théorique d’informations des partis communistes dans le monde. Ce n’est pas facile. Heureusement que je n’ai jamais été coupé du pays car je suivais l’actualité. Même pour manger, je me mettais à la cuisine. Je sais faire le thiébou dieune, couscous… D’ailleurs, c’est de là que je tiens l’habitude de faire le marché. Tous les vendeurs de Soumbédioune, Castor me connaissent. Je m’y rends souvent. J’en connais les thiofs, dorâtes, mulets et le meilleur qu’est le yaboye.

Un message à lancer ?

Je souhaite plein succès à Walf Grand-Place tout en renouvelant mes longues amitiés avec Sidy Lamine Niasse (décédé le 4 décembre 2018) qui a joué un rôle important pour mon entrée dans le gouvernement de Diouf. C’était lors de la crise de 1989. Sidy venait souvent me voir à mon siège à Khar Yalla. Je prie pour que notre pays ne connaisse jamais les turbulences nées des mauvaises gestions.

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