VIDEOSONKO REJETTE LES ACCUSATIONS DE NÉOCOLONIALISME CHINOIS
"La Chine ne nous a jamais colonisés", martèle le Premier ministre. Dans une interview accordée à CCTV, le dirigeant sénégalais oppose le respect chinois à l'attitude "infantilisante" de l'Occident envers l'Afrique

En marge de sa visite officielle en République populaire de Chine du 20 au 27 juin 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a accordé une interview franche à la télévision chinoise CCTV, dans laquelle il rejette catégoriquement les accusations de néocolonialisme portées contre la Chine et formule de vives critiques envers l'attitude occidentale.
Face aux accusations récurrentes selon lesquelles la coopération sino-africaine constituerait une forme de "néocolonialisme" ou de "piège de la dette", Ousmane Sonko se montre catégorique : "L'Afrique peut au moins affirmer une chose de manière claire. L'Afrique n'a pas de passif avec la Chine. La Chine ne nous a jamais colonisés, ne nous a jamais mené une guerre, ne nous a jamais causé de problèmes."
Le chef du gouvernement va plus loin, qualifiant ce débat de "faux" et d'approche "infantilisante pour l'Afrique". Il dénonce une rhétorique occidentale qui refuse de reconnaître la capacité des dirigeants africains à prendre leurs propres décisions : "Croyez-vous que nous n'avons pas le bagage intellectuel, les capacités de réfléchir par nous-mêmes et de défendre nos intérêts pour que nous soyons sous l'influence de la Chine ou de la Russie ?"
Sonko n'épargne pas l'Occident dans ses critiques, dénonçant ce qu'il considère comme une hypocrisie flagrante. Il fustige les "doubles standards" de pays qui "pensent que si l'Afrique tourne le regard vers quelqu'un d'autre, c'est parce qu'elle a été influencée ou dominée".
La Chine comme modèle de partenariat respectueux
Le Premier ministre pointe du doigt l'attitude contradictoire des puissances occidentales : "Ceux qui aujourd'hui condamnent des régimes considérés comme militaires ou dictatoriaux sont pourtant enclins à aller dans d'autres pays qui ne sont pas démocratiques lorsque leur intérêt s'y trouve pour négocier du pétrole."
Cette critique fait écho aux tensions récentes entre le Sénégal et la France, Sonko ayant précédemment accusé Emmanuel Macron d'avoir soutenu la répression sous l'ancien président Macky Sall.
Contrairement aux relations avec les anciennes puissances coloniales, Sonko présente la Chine comme un partenaire exemplaire. Il salue "l'esprit d'un partenariat mutuellement gagnant dans le respect mutuel", soulignant que la Chine considère ses partenaires "quelle que soit la taille du pays, quel que soit son niveau de développement" comme des égaux.
Cette visite, la première du Premier ministre hors du continent africain depuis sa prise de fonctions, témoigne de l'importance accordée par le nouveau gouvernement sénégalais au partenariat avec Pékin.
Durant son séjour, Sonko a visité plusieurs entreprises chinoises dans les secteurs de pointe, exprimant son émerveillement face aux innovations dans l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Il voit dans la montée du "Sud global", tirée notamment par la Chine, le nouveau moteur de la croissance mondiale.
"Ce qui se fait aujourd'hui en Chine émerveille le monde entier", a-t-il déclaré, félicitant la capacité de la Chine à "adapter à ses réalités, à garder son originalité culturelle" tout en se modernisant.
Avec des échanges commerciaux estimés à plus de 647 milliards de FCFA en 2023, la coopération économique entre les deux pays se porte bien. Le Sénégal, premier pays d'Afrique de l'Ouest à adhérer à l'initiative "Ceinture et Route", entend approfondir ce partenariat stratégique.