ZATOR MBAYE SORT DU BOIS
Guéguerre au sein de l’Apr, Benno, attaques contre Moustapha Niasse, manifs contre la hausse du prix de l’électricité, l’ancien député progressiste se prononce sans détours sur ces questions brûlantes de l’heure

L’actualité politique marquée par la guéguerre au sein de l’Alliance pour la République (Apr), tout comme le débat sur la hausse du prix de l’électricité avec son lot de grogne des populations, sans oublier la sortie du Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lo contre le président Moustapha Niasse, ne laissent pas de marbre Pape Diallo alias “Zator Mbaye“, le ministre conseiller de l’Alliance des forces de progrès (Afp). Dans cet entretien accordé à Sud quotidien, l’ancien député progressiste se prononce sans détours sur ces questions brûlantes de l’heure.
L’actualité de ces derniers temps est rythmée par des attaques et contre-attaques par presse interposée entre responsables de l’Apr. Quelle lecture en faites-vous ?
Ça nous gêne beaucoup parce que nous avons des rapports de partenariat avec le président de la République, qui est le président de la coalition Bby. Aujourd’hui, je dis que même le terme allié est un terme galvaudé, parce que nous sommes des partenaires dans l’exercice du pouvoir. C’est justement l’une des raisons pour lesquelles nous devons tout faire pour ne pas fragiliser le pouvoir. Il y a des enjeux géopolitiques qui font qu’aujourd’hui, la classe politique sénégalaise de manière générale se retrouve, au moment où le président a appelé l’opposition, la majorité, les non-inscrits, autour d’une table pour dialoguer sur les questions du pays, Nous n’avons pas, nous autres membres de Bby, quel que soit le parti auquel nous appartenons, à mettre sur la place publique nous contradictions internes qui peuvent se gérer à l’intérieur d’un parti politique. Dieu fait que nous avons un président de la République d’une grande tolérance, parce que je ne suis pas sûr que si c’était d’autres présidents, certains auraient le temps de dire tout ce qu’ils sont en train de dire. Parce que, pour moi, ce sont des inepties simplement. L’heure est aujourd’hui au travail. Nous venons d’une élection et nous n’avons pas le temps, chaque jour, de nous épancher sur des questions qui n’ont aucun sens, aucune plus-value pour la situation économique du pays.
Est-ce que cela ne renseigne pas de l’état de gouvernance et par ricochet ne peut pas déteindre sur vos relations au sein de Bby ?
Ça ne déteindra pas. Parce que, comme je l’ai indiqué tantôt, le président de la République a la main. Il a su garder cette coalition en bonne place, depuis 7 ans. C’est inédit. Je pense que même les professeurs d’université et certains étudiants devraient s’intéresser à cette question qui relève quand même du génie politique de capitaliser autour de sa personne toutes les intelligences politiques de ce pays-là. C’est pour cela qu’on a la sensation que dans ce pays-là, nous n’avons pas d’opposition. Parce que tellement Bby reste une coalition forte, hétéroclite mais homogène dans son action. Les Sénégalais ont d’ailleurs toujours adhéré aux projets politiques du président à travers toutes les séries d’élections qui se sont déroulées, depuis 2012. Cela démontre de la force et de la vitalité de la coalition.
Et la gouvernance sobre et vertueuse dans tout ce débat fait de déballages et de piques ?
La gouvernance reste sobre et vertueuse. Le président a pris récemment une mesure très importante liée à la question du téléphone de l’Etat. Pour moi, cela fait partie des mesures importantes. Depuis qu’il est là, il ne cesse de prendre des mesures pour apaiser le quotidien des Sénégalais. J’ai indiqué dans un de vos papiers, toutes ces mesures sociales et socialisantes que le président a eu à prendre pendant 7 ans. Maintenant, un Etat c’est comme une maison. Si aujourd’hui, dans une maison, vous donnez une dépense X, demain vous avez envie d’investir, naturellement, cette dépense va baisser. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles les gens font des réajustements. Mais, le président de la République, tel que nous le connaissons, travaille tous les jours à une redistribution des ressources financières aux populations et surtout aux couches les plus défavorisées.
Pourquoi doit-on considérer la sortie du Premier vice-président de l’Assemblée, Moustapha Cissé Lo, qui réclame un audit de la gestion de l’hémicycle, comme une attaque contre le président Moustapha Niasse ?
Ce n’est pas la première fois que Moustapha Cissé Lo s’attaque au président Moustapha Niasse. Mais, ils ne sont pas du même acabit, ni du même moule. Ce n’est pas possible. Le président Moustapha Niasse ne répondra jamais… Moustapha Cissé Lo reste le seul membre du Bureau de l’Assemblée nationale qui siège dans une assemblée étrangère. Parce que le principe, c’est que ceux qui sont membres du bureau ne soient ni membres des bureaux des commissions, ni membres des autres assemblées extérieures. Mais lui, il a non seulement ces avantages liés à son poste de vice-président, mais également à celui de président du parlement de la Cedeao. Pensez-vous que Moustapha Cissé Lo aurait pu lui seul être président de la Cedeao ? Mais non. Il a eu le soutien du président Macky Sall qui a donné toutes les directives nécessaires, parce que c’était le tour du Sénégal avec la présidence tournante. Et, il a fallu que le président Moustapha Niasse réunisse tous les députés de différentes obédiences politiques de l’Assemblée pour que ceux-là puissent prendre un engagement ferme pour ne pas trahir Moustapha Cissé Lo.
A votre avis, où doit-on loger une telle sortie, car cela peut pousser à croire qu’il y a une nébuleuse dans la gestion de l’Assemblée nationale, dès lors que c’est quelqu’un qui est au cœur du dispositif qui réclame l’audit ?
J’ai envie de vous dire à qui le prochain tour. Il y a quelques années de cela, c’était Cheikh Kanté sa cible. Qu’est-ce qu’il n’avait pas dit sur le Port ? Vous l’entendez aujourd’hui parler de Cheikh Kanté ? Mais non. Ensuite, c’est le président Macky Sall qui a tout fait pour lui. Je dis bien tout. Maintenant, puisque le président reste de marbre, il pense pouvoir atteindre le président Moustapha Niasse qui ne répondra pas. S’il a besoin de réponses à ces questions, il sait où aller. Les questions financières à l’Assemblée nationale sont gérées par le questeur et son adjoint.
Ce vendredi, des citoyens organisés autour du mouvement “Nio lank“ comptent manifester contre la hausse du prix de l’électricité. Doit-on interdire à une personne de dire que le prix de l’électricité est cher ?
Pour la marche de vendredi prochain je ne sais si elle sera autorisée ou pas. Mais, pour celle de vendredi dernier, elle a été autorisée et encadrée. Mais, il y a un arrêté qui interdit de marcher dans les environs du palais. Mais ça, ça peut se comprendre. Le droit de marche est encadré. Il est vrai que la Constitution consacre le droit de marche, mais ce droit est encadré par la règlementation. En la matière, c’est le préfet qui est compétent. Quand le préfet qui a les informations que nous ne disposons pas, pense que cette marche ne peut pas se tenir, elle ne se tiendra pas.
Quand des jeunes qui se réclament des “Boucliers de la République“ envisagent de marcher pour faire face à ceux-là qui ne respectent pas les institutions. Ne pensez-vous pas que c’est de la provocation ?
D’abord je ne connais pas cette association. Mais, le principe sur lequel je veux rester, il y a un arrêté, que tout le monde se conforme à l’arrêté, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition. Si ce sont des jeunes de la majorité qui doivent le faire, je dis non. Si c’est des jeunes de l’opposition, je dis également non. Parce que l’objectif pour nous autres qui sommes dans la majorité, c’est de tout faire pour ne pas fragiliser notre Etat. Et cela n’a pas de prix.