«DE NOS JOURS, C’EST INAPPROPRIE DE PARLER D’IMPUISSANCE SEXUELLE»
Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle.

Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle. Il fonde son argument sur l’existence de méthodes modernes de prise en charge de ces troubles qui peuvent être liés aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle ou encore le stress et la fatigue.
Pouvez-vous définir les troubles érectiles ?
On parle souvent de troubles érectiles. Mais, il y a le dysfonctionnement érectile et les éjaculations précoces qui sont deux choses différentes. Je dois préciser que le dysfonctionnement érectile, c’est l’impossibilité d’avoir une érection satisfaisante pour une relation sexuelle normale. Tout cela nous ramène à parler de l’érection qui coïncide avec la période d’engorgement de la verge de sang. C’est aussi le moment où tous les espaces vides de la verge sont comblés de rigidité qui doit durer suffisamment pour permettre d’accomplir l’acte sexuel. Toutefois, nous parlons de dysfonction érectile lorsque cette rigidité s’interrompt brusquement avant l’orgasme, c’estàdire lorsqu’on a une difficulté à obtenir et à maintenir l’érection jusqu’à l’orgasme. Elle ne doit pas être confondue avec la panne d'érection isolée ou occasionnelle qui, bien que souvent vécue de manière gênante et banale, peut se produire chez n’importe quel homme en bonne santé physique et psychique. La grande majorité des hommes peut connaître, un jour ou l'autre, de telles périodes sans que leur vie ou celle de leur partenaire ne soit perturbée.
Vous avez parlé de deux types de dysfonctionnement érectile. Pouvez-vous fournir plus de détails ?
Le dysfonctionnement érectile est une chose qui peut arriver à toutes les tranches d’âge. Nous avons un dysfonctionnement érectile fonctionnel et un dysfonctionnement érectile organique. Lorsque c’est fonctionnel, l’homme se réveille avec une érection ou alors il a une bonne érection qu’il perd au moment de l’accouplement. C’est dans ce cas que nous pouvons évoquer le stress, la fatigue, entre autres facteurs. En général, il n’y a pas de sexe fort. Tous les sexes sont faibles. On ne peut pas avoir d’érection si les muscles qui sont dans la verge ne sont pas relâchés. Et c’est lorsqu’ils sont relâchés qu’ils permettent l’afflux de sang. Ce n’est pas un problème d’action, c’est un problème de détente.
Qu’en est-il du dysfonctionnement organique ?
Pour une bonne érection, il faut que les muscles soient souples et aient de bons vaisseaux sanguins qui irriguent la verge. Mais, il faut que tout cela soit coordonné. Il faudra de bons nerfs qui commandent l’arrivée du sang et des muscles qui se referment pour empêcher le retour. Un homme diabétique peut avoir des problèmes nerveux alors que celui qui est hypertendu peut avoir des lésions au niveau des vaisseaux. Je dois dire que nous pouvons également observer ces lésions chez des personnes obèses ou qui ont des problèmes neurologiques ou victimes d’Avc. En somme, le risque est plus élevé chez les personnes âgées de plus de 40 ans. Avant, on parlait d’impuissance, mais c’est un terme inapproprié. De nos jours, ceux qui ont des problèmes d’organes peuvent utiliser une prothèse et avoir une érection. C’est pour cela que l’on parle actuellement de dysfonctionnement érectile et non d’impuissance sexuelle.
A partir de quand faut-il s'inquiéter ?
Il faut s’inquiéter lorsque c’est organique. Les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, les troubles neurologiques, le tabagisme, l’obésité sont des facteurs de risques de troubles érectiles. En fait, un véritable trouble du désir est diagnostiqué lorsque la baisse de libido survient sans raison apparente et persiste dans le temps. Les facteurs de la dysfonction érectile peuvent aussi altérer le goût pour l'activité sexuelle. D’autres facteurs sont sans doute en cause. Il s’agit de la génétique, de l’hypersensibilité du gland du pénis, de l’anxiété reliée à la performance sexuelle ou des difficultés relationnelles.
Est-ce que vous recevez de plus en plus des jeunes qui en souffrent ?
Oui ! Nous recevons des jeunes qui n’ont pas d’aventures sexuelles. Les jeunes célibataires ont, eux aussi, des problèmes d’érection. Dans le couple, ce cercle vicieux peut aggraver le dysfonctionnement érectile, car l’homme va se sentir sous-estimé. Le jeune homme peut avoir des problèmes d’érection, le plus souvent fonctionnels. Il peut être habité par une psychose, il peut se poser des questions suivantes : « Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je suis à la hauteur ? »