«LES MALADIES CIBLEES PAR LE PEV SONT AUSSI GRAVES QUE LE CORONAVIRUS CHEZ L’ENFANT»
Dr Ousseynou Badiane, coordonnateur du Pev, est formel

Chef de division de l’immunisation au niveau de la direction de la prévention du Ministère de la Santé et coordonnateur du Programme Elargi de Vaccination (Pev), Dr Ousseynou Badiane a tenu à expliquer les problèmes de la vaccination dans ce contexte de Covid-19 et les conséquences que cela pourrait avoir sur les enfants. A l’en croire, les maladies ciblées dans le Pev sont aussi graves que le coronavirus.
Beaucoup de parents n’ont pas amené leurs enfants se faire vacciner à cause du Covid-19. Quel impact cela pourrait-il avoir sur la santé des petits?
C’est vrai qu’avec l’avènement du Covid-19, nous avons noté une baisse de fréquentation des services de vaccination. Cette baisse est aussi corrélée à la baisse de manière générale de la fréquentation des structures sanitaires. La cause de cela est qu’il y a la psychose du Covid19 et le semi-confinement. Les gens ont peur d’attraper le Covid-19 dans les structures de santé et l’on a donné comme consigne aussi de rester chez soi. Il y a beaucoup de parents qui préfèrent rester chez eux et ne pas amener leurs enfants dans les structures se faire vacciner. La conséquence est qu’il y a une baisse du taux de la couverture vaccinale. Les enfants ne sont pas assez protégés contre d’autres maladies qui sont aussi ou plus graves que le Covid-19. Les maladies qui sont ciblées par le Pev sont des maladies qui sont aussi graves que le coronavirus chez l’enfant. Le fait de protéger les enfants contre le covid-19 ne doit pas nous amener à les exposer à ces maladies-là. Si cette situation se maintient, on risque d’avoir une résilience des maladies qui avaient disparu et la réapparition d’épidémie, notamment de rougeole, après le Covid-19 ou en milieu de Covid-19.
Ne craignez-vous pas un taux de mortalité infantile après le Covid-19, à cause des vaccinations qu’on saute ?
Les parents sont assez conscients que si cela perdure, ils ne vont pas eux aussi durer dans cette situation de ne pas amener les enfants se faire vacciner. Dans les structures, tous les moyens sont mis en œuvre pour protéger ceux qui les fréquentent, donc ils ne prennent pas beaucoup de risques à amener les enfants se faire vacciner. Les structures de vaccination sont fonctionnelles et ils ne vont pas mettre trop de temps à ne pas les amener. S’ils ne les amènent pas, ils les exposent à des maladies très meurtrières ; il y a même risque d’apparition des maladies qui étaient sous contrôle.
Quelles sont les zones les plus touchées ?
Les zones les plus touchées sont les zones où le Covid-19 sévit le plus. C’est essentiellement dans la région de Dakar, la région de Thiès aussi et le district de Touba. De manière générale, au niveau du Sénégal mais spécifiquement dans ces zones.
Quelles maladies ces bébés risquent-ils d’avoir plus tard ?
Dans le Pev, on protège les enfants contre 12 maladies. Ces maladies, si rien n’est fait, peuvent ré émerger s’il n’y pas de vaccination. Ce que nous craignons le plus est la rougeole, les infections à pneumocoque, les diarrhées à rotavirus mais aussi la poliomyélite. Ce sont des maladies qui circulent et qui sont à nos portes. L’année dernière, nous avons eu même des cas de rougeole au Sénégal. Si on ne fait pas attention, on risque d’avoir une mortalité liée à ces maladies qui sont très graves.
Quel est le taux de vaccination au Sénégal ?
De manière générale, pour tous les vaccins essentiels, on tourne autour de 90% de taux de couverture. Au mois de mars, les taux de rougeole ont chuté, nous sommes passés de plus de 90% à 86% donc, il y a une baisse de 5% pour la rougeole et nous pouvons en dire autant pour les autres maladies. Maintenant, là où nous avons la plus forte baisse est le vaccin contre le cancer du col, mais cela est normal puisque c’est une vaccination pratiquement scolaire. Les élèves qui doivent prendre ces vaccins à l’école peuvent les prendre dans les structures sanitaires. Donc si cela fait 6 mois qu’elles ont déjà pris leur premier vaccin à l’école, elles peuvent aller en prendre dans les structures sanitaires. L’intervalle est de 6 mois.
Qu’est-ce que vous comptez faire pour remédier à cette situation ?
Nous sensibilisons les parents, donc nous profitons des messages sur le Covid-19 pour demander aux mamans de faire vacciner les enfants et après le coronavirus, nous allons faire une campagne de rattrapage.