«NOUS RISQUONS D’ETRE DEBORDES ET LES CONSEQUENCES RISQUENT DE TOMBER SUR TOUT LE MONDE»
A l’heure où je vous parle, il y a beaucoup de patients graves qui sont à domicile qui refuse de venir à l’hôpital du fait de la stigmatisation, selon Pr Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann

« (…) A l’heure où je vous parle, il y a beaucoup de patients graves qui sont à domicile qui refuse de venir à l’hôpital du fait de la stigmatisation. Et parmi ces patients, il y a même des personnes qui travaillent dans le secteur de la santé. La stigmatisation met en danger l’entourage du malade, parce qu’une personne stigmatisée est moins prompte à respecter les mesures barrières de base allant à l’endroit de son entourage. La stigmatisation pourrait réduire à néant véritablement la lutte que nous sommes en train de mener. (…)
Pour ce qui est du traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azytromicine, nous avons poursuivi notre projet de recherche en analysantles données de 559 patients. Ces données sont issues des sites de Fann, de Dalal Jam et de Diamniadio. Parmi ces 559 patients, 498 étaient âgés de plus de 12 ans.
L’âge médian était de 33 ans et tous les âges étaient représentés, des nourrissons aux personnes âgées de 85 ans. Il y avait autant d’hommes que de femmes. 1 patient sur 5 avait une comorbidité. 65% de nos patients hospitalisés dans ces sites étaient symptomatiques. A Fann 89% des patients hospitalisés, étaient symptomatiques. Donc ce traitement à base d’hydroxy chloroquine et d’azytromicine administré nous a montré que l’efficacité était réelle. Parce que la durée médiane des patients d’hospitalisation qui avaient pris ce traitement était de 10 jours environ contre 13 jours chez les patients qui n’avaient pas pris ce traitement.
Tous les patients qui avaient pris ce traitement au stade précoce, c’est-à-dire avant l’apparition de complications, sont guéris et aucun n’est décédé. Nous n’avons noté que12% de cas d’intolérance. Les effets secondaires cardiovasculaires se voyaient sur 0,8% des cas. Tous les autres effets secondaires étaient bénins et réversibles à l’arrêt du traitement sans nécessiter un traitement supplémentaire. C’est donc dire, que le traitement est efficace pour réduire la charge virale parce que les patients ne sortent qu’après deux charges virales négatives. Aussi, le traitement est efficace dans la prévention des complications qui peuvent aboutir aux décès s’il est pris précocement et si le traitement est bien toléré.
C’est important de mentionner tout ça, compte tenu de cette polémique. Nous allons donc poursuivre notre traitement et poursuivre l’évaluation des traitements disponibles en relation avec l’institut Pasteur de Dakar. Je voudrais dire que désormais la lutte est entre les mains des communautés. Il ne faut pas se leurrer, si les cas continuent de se multiplier, nous risquons d’être débordés et les conséquences risquent de tomber sur tout le monde. J’en appelle donc au respect des mesures qui sont édictées par le ministère de la santé et de l’action sociale qui sont des mesures simples et invariables.»