PLUS DE 400 AGENTS HURLENT LEUR DESESPOIR ET DENONCENT UNE «MAUVAISE GESTION» DE LEUR ETABLISSEMENT
« La direction de l’hôpital régional de Thiès a failli à son devoir ». Le reproche est du personnel contractuel du centre hospitalier régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguene, qui a observé, ce lundi 4 mars 2019, un sit-in dans l’enceinte dudit établisse

« La direction de l’hôpital régional de Thiès a failli à son devoir ». Le reproche est du personnel contractuel du centre hospitalier régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguene, qui a observé, ce lundi 4 mars 2019, un sit-in dans l’enceinte dudit établissement sanitaire. Les manifestants, entre autres doléances, exigeaient « le versement de nos cotisations sociales, l’harmonisation de nos primes de transport, l’érection d’un service d’urgence aux normes ».
Ce sont plus de 400 travailleurs contractuels qui ont tôt hier matin boycotté les salles de consultations, avant de prendre d’assaut la place centrale de l’hôpital régional de Thiès, pour les besoins d’un sit-in. Lequel a été initié en vue d’exiger le versement de leurs cotisations sociales, l’harmonisation des primes de transport, l’érection d’un service d’urgence aux normes. Un mouvement d’humeur qui a été l’occasion pour le porte-parole du jour des blouses blanches, Babacar Faye, délégué du personnel au conseil d’administration de l’hôpital, par ailleurs chef du bureau administration du personnel de l’hôpital, et ses camarades, de fustiger « le non reversement de nos charges sociales qui datent de plusieurs années, la non harmonisation de la prime de transport qui devrait être indexée à 20 mille FCFA », en plus d’un « problème d’accueil réel à l’hôpital régional ». Ils dénonçaient aussi une « rupture des médicaments ».
Selon Babacar Faye, « depuis deux semaines, nous avons déposé tous ces griefs sur la table du directeur de l’hôpital mais sans réponse». Pire, se plaint-il, « pour avoir la plus petite seringue, il faut sortir de l’hôpital pour se la procurer au niveau d’autres officines ». Ces agents de santé se disant « opprimés » déplorent aussi le problème de « la motivation qui n’a pas été harmonisée » et exigent « l’érection d’un service d’accueil d’urgence aux normes à l’hôpital régional ». Ils reprochent à la direction de « n’avoir pas fait son travail, d’avoir failli à son devoir ». Un mouvement d’humeur qui n’a pas été du goût des syndicalistes qui ont essayé, à travers des affiches, d’inviter leurs camarades plaignants à « reprendre le travail ». Mais c’était compter sans la détermination des manifestants à aller jusqu’au bout de leur lutte.
Le directeur de l’hôpital évoque un « problème de trésorerie »
Les responsables syndicaux, avec à leur tête Pape Momar Ndiaye, souvent reprochés d’« être à la solde de la direction de l’hôpital aux ordres de laquelle ils se plient sans murmure ni hésitation », n’ont pas été suivis par les travailleurs qui pensent devoir dorénavant défendre eux-mêmes leurs propres intérêts. Le directeur de l’hôpital, Ababacar Mané, évoque, lui, un « problème de trésorerie ». Il a déploré ce « sit-in organisé sans l’aval des responsables syndicaux » et parle de « situation déplorable, inattendue », parce que, souligne-t-il, « on pouvait quand même comprendre qu’un mouvement d’humeur vienne des syndicats, mais malheureusement cela est le fait d’un personnel qu’on peut qualifier de contractuel de l’hôpital régional ». Relativisant les griefs soulevés et faisant état de « retards de paiement d’heures supplémentaires, de cotisations sociales », M. Ababacar Mané a préféré mettre en avant son bilan.
A l’en croire, « depuis quelques années, nous avons eu à relever fortement le plateau technique de l’hôpital, en bénéficiant d’un soutien du Ministère de la Santé, ce qui nous a d’ailleurs permis de fidéliser davantage les patients en faisant revenir la confiance, et à ce titre, d’engranger de bons résultats surtout dans le recrutement du personnel qualifié, pour pouvoir prendre en charge les attentes des populations ». Un satisfecit que ne semblent malheureusement pas partager nombre de patients et d’accompagnants, venus très tôt des quatre coins de la région et même d’ailleurs. Ils déplorent : « la très mauvaise gestion du centre hospitalier régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguene de Thiès, où c’est le ‘’désordre total’’, une ‘’négligence irrévérencieuse’’ à l’endroit des patients qui n’ont plus confiance à l’hôpital. C’est presque le sauve-qui-peut ici. Plus personne n’a envie d’y venir du fait de l’anarchie qui règne ».
Ababacar Mané évoque quant à lui un « contexte de début d’année où l’agent comptable peut souffrir d’un problème de trésorerie, qui explique d’ailleurs un peu ce mouvement d’humeur des personnels contractuels de l’hôpital ».Pour les institutions sociales notamment la Caisse de sécurité sociale et l’Ipres, il souligne : « nous avons pu, depuis 2012, malgré la situation difficile trouvée sur place, avoir un procès-verbal de conciliation, et nous versons régulièrement nos cotisations sociales. L’Ipres aussi reçoit régulièrement, de l’agent comptable, les engagements que nous avons pris avec elle ». Selon la direction de l’établissement, « il vaut mieux trouver des médicaments et des réactifs pour faire tourner l’hôpital et différer les paiements d’heures supplémentaires ». Hélas, se désole M. Mané, « c’est cette option qui n’a pas été partagée par le personnel de l’hôpital, mais c’est regrettable ». Dans tous les cas, assure M. Ababacar Mané, « dès que la situation de trésorerie de l’hôpital le permettra, ils (Ndlr, les agents contractuels) rentreront dans leurs droits ».