76 ENFANTS ACCUEILLIS AU SITE DE TRANSIT DONT 10 REMIS A LEURS PARENTS
Sédhiou, le retrait des talibés irrite des maitres coraniques

Le Comité départemental de la protection de l’enfant (CDPE) de Sédhiou a démarré les opérations de retrait des enfants de la rue et des talibés dont les conditions de vie sont menacées par la prévalence de la pandémie à coronavirus. Les maîtres coraniques haussent le ton, au motif que l’administration fait dans la force et sans concertation. Le préfet de Sédhiou rassure les avoir sensibilisés au préalable et indique que les opérations vont se poursuivre.
En juin 2016, le gouvernement du Sénégal avait lancé une vaste opération de retrait des enfants de la rue. Avec la prévalence de la pandémie à coronavirus, cette volonté s’est élargie, dit-on, aux écoles coraniques appelées «daraas» dont les conditions laissent à désirer.
A Sédhiou, la machine est en marche depuis la semaine dernière et fait déjà grincer des dents. Diabel Sall, un maître coranique à Madina Fass, dans la commune de Koussy, raconte qu’«ils sont venus de façon musclée, à bord de voitures pick-up de type 4X4 et ramassé les enfants qu’ils ont embarqués dans un minicar, sous la supervision des Forces de l’ordre. Selon les endroits, ils ont pris 4 puis deux (2) fois 18 enfants qu’ils ont embarqués.
Certes, ils nous ont informés, mais nous nous continuons de croire qu’ils sont contre nos «daraas». Habib Dramé, le coordonnateur régional des Associations des écoles coraniques de Sédhiou, déplore le manque de concertation. «On devrait appeler à une concertation, avec les maîtres coraniques, pour éviter des malentendus. Mais, venir les embarquer manu militari, alors qu’ils n’ont pas fait acte de violence ou quelque chose de ce genre, vraiment ce n’est pas la meilleure façon de faire».
Pour sa part, Aliou Cissé, un autre maître coranique habitant Taïba Diassor, dans la commune de Diaroumé, engage la responsabilité des autorités sur le sort des enfants retirés. «Les enfants qu’ils ont retirés ici sont bien portants et le reste relève de leur responsabilité, notamment la santé et la sécurité des enfants. Car ce sont des enfants qui ne connaissent qu’ici et tout d’un coup on les déporte ailleurs, en des sites que nous, leurs maîtres, ne maitrisons pas», se plaint-il.
Le préfet de Sédhiou, Ibrahima Fall, explique le bienfondé de ce retrait des enfants. «Ce sont des gens qui nous ont montré leur réticence depuis le début lors de nos tournées de sensibilisation et de recensement des talibés et des daraas. Ce programme n’est que la suite du dispositif qui a été mis en place dans le cadre de la lutte contre la pandémie à coronavirus». Ibrahima Fall rassure que ses services ont effectué des missions préalables de sensibilisation. «Nous avons effectué des tournées de sensibilisation dans tous les daraas.
Cette mission remettait même des kits alimentaires et sanitaires aux responsables des daraas pour les accompagner et les rassurer. Il y a des daraas qui présentent manifestement de très bonnes conditions (pour les enfants, ndlr), meilleures que chez leurs parents. Ceux là, nous les avons laissés. Mais, j’avoue qu’il y a des daraas qui, à première vue, ne rassurent guerre quant à laisser les enfants vivre dans des conditions qui compromettent leur santé», a dit le chef de l’exécutif départemental de Sédhiou. A rappeler que le Centre d’accueil et de transit aménagé à cet effet a déjà reçu 76 enfants dont 10 remis à leurs parents.