AFFAIRE DES TERRES DE NDIAEL ET SPOLIATION FONCIÈRE À PAKOUR
«Victimes de spoliation foncière dans tout le Sénégal, unissez-vous», a clamé Guy Marius Sagna, paraphrasant ainsi Karl Marx, pour appeler à une mobilisation générale du peuple sénégalais afin d’arrêter la «machine à spoliation foncière»

Le Mouvement Frapp France Dégage a co-organisé, hier, à son siège une conférence de presse avec le Collectif pour la Défense des Terres de Ndiael et celui des associations et groupements de la commune Pakour. Endossant le combat de ces organisations qui luttent contre la spoliation de leurs terres, Guy Marius Sagna a annoncé la tenue, dans les prochains jours, d’une grande manifestation sur la problématique foncière.
«Victimes de spoliation foncière dans tout le Sénégal, unissez-vous», a clamé Guy Marius Sagna, paraphrasant ainsi Karl Marx, pour appeler à une mobilisation générale du peuple sénégalais afin d’arrêter la «machine à spoliation foncière».
Recevant le Collectif pour la défense des terres de Ndiael et celui des associations et groupements de la commune de Pakour représentés respectivement par Ardo Sow et Salif Mané, le célèbre activiste a endossé, comme à son habitude, le combat de ces derniers pour la défense de leurs terres. Selon, le porte-parole du Collectif pour la défense des terres de Ndiael, la problématique de la question foncière est une maladie qui persiste au Sénégal.
Ardo Sow accuse le chef de l’Etat d’avoir signé en 2012 un décret cédant définitivement 20.000 hectares à l’entreprise étrangère «Sen-huile» qui a été à l’origine d’un conflit foncier à Fanaye. «Ce qui est inquiétant, c’est pendant cette même période qu’on a signé les décrets attribuant à Frank Timis des blocs de pétrole. Sans discuter avec les populations, les autorités ont déclassé une zone pour l’attribuer à cette entreprise», peste le représentant du Collectif pour la défense des terres de Ndiael devant la presse. Si les populations ne se dressent pas contre ces accaparements de terres, prévient-il, le citoyen sénégalais va devenir bientôt étranger dans son propre pays. «C’est aberrant que les terres sénégalaises deviennent une marchandise. 20.000 hectares d’un seul tenant sur les terres du Sénégal, c’est extraordinaire. On n’a jamais vu cela.
L’affaire Ndingler a retenu l’attention des Sénégalais pendant plusieurs mois. Et c’était sur 300 hectares attribués à un Sénégalais. Là, on parle de 20.000 hectares cédés à des étrangers pour faire du biocarburant. C’est incompréhensible. Il faut que cette mascarade s’arrête», tonne le porte-parole du Collectif. Cachant mal sa colère, Salif Mané alerte l’opinion sur l’affectation de 1000 hectares de terres dans la commune de Pakour sur le long du fleuve de Kayanga. Une décision qui date du 28 novembre 2016.
Selon Salif Mané, ces terres ont été affectées à un opérateur privé du nom de Mamadou Oumar Sall par le Conseil municipal. «Ce qui est dommageable, c’est qu’une bonne frange de la population n’a pas été informée de cette décision de la mairie. Ce qui porte à croire que la procédure d’affectation a été biaisée. Et cela constitue une violation flagrante du décret fixant les conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national compris dans les communautés rurales devenues communes», souligne-t-il avant de demander une désaffectation totale des terres dans les plus brefs délais et l’entame de négociations pour une nouvelle procédure d’affectation incluant toutes les parties prenantes. D’autant que, dit-il, toutes les signatures sont passées par lui. «L’affectation des terres se fait de façon opaque. Il n’y a pas d’Acte III de la décentralisation, mais d’Acte III de la spoliation foncière qui repose sur une gouvernance sombre, vicieuse et anti-démocratique», fulmine le leader de Frapp France Dégage.
Ainsi appelant ses hôtes à la résistance et à travailler sur une alternative, l’activiste a annoncé l’organisation d’une grande marche à Dakar, à Pakour et à Ndiael dans les prochains jours. Dans cette perspective, le Secrétaire Exécutif du mouvement Frapp France-Dégage appelle à une mobilisation pour imposer la question foncière au cœur des débats politiques et économiques. «Nous invitions les hommes politiques à mouiller le maillot contre la spoliation foncière comme ils le font pour des questions relatives à l’organisation d’élections et autres», martèle Guy Marius Sagna qui demande au Président Macky Sall de sortir un décret sur la répartition des terres en zone territoriale, forestière, pionnière et urbaine. Ce qui permettra de résoudre les spéculations foncières.
SPOLIATION FONCIÈRE À NDIAEL : Gora Seck au banc des accusés
Le patron du projet Sen-huile est dans le viseur des populations de Ndiael, localité située dans le département de Dagana. En effet, Gora Seck est accusé par le Collectif pour la défense des terres de Ndiael d’avoir hérité de leurs terres des responsables étrangers de Senhuile. Selon le porte-parole du Collectif qui s’exprimait hier lors du point de presse, Gora Seck, membre du Club des Investisseurs du Sénégal (Cis) a obtenu leurs terres à l’époque où il était le PCA de Sen-huile Sen éthanol. «Ils ont cédé l’ensemble de leurs actifs à Gora Seck, selon nos informations. Peut-être c’est lui qui a revendu les terres à Frank Timis», indiquent les membres du Collectif.