AHOUNE SANÉ, DÉFENSEUR DE LA JUSTICE SOCIALE
Nulle part dans les manuels scolaires en usage dans nos écoles, on ne parle de ce grand homme aux valeurs exceptionnelles. La seule référence faite de lui aujourd’hui reste le Lycée de Bignona qui porte son nom

Ahoune Sané est une figure emblématique de la culture diola. Le lycée de Bignona porte son nom.
Les héros nationaux constituent l’une des composantes les plus importantes de notre patrimoine historique national. Ainsi, dans toutes les contrées qui composent l’Etat-Nation, des hommes et des femmes ont sacrifié leur vie pour la défense de leurs peuples contre les tentatives de conquête et de domination dont ils étaient victimes pendant plusieurs siècles. Toutefois, certains, en fonction de l’intérêt accordé par l’historiographie nationale, restent peu présents dans la mémoire collective nationale. C’est le cas d’Ahoune Sané. Nulle part dans les manuels scolaires en usage dans nos écoles, on ne parle de ce grand homme aux valeurs exceptionnelles. La seule référence faite de lui aujourd’hui reste le Lycée de Bignona qui porte son nom.
Né vers les années 1850, à Kampoulène, un village du Fogny, ce fils de Koulaly Sané et de Djibanlisse Badji est mort en 1913. Figure emblématique de la culture diola, la naissance d’Ahoune Sané annonçait déjà le destin singulier de cet homme. Sa venue au monde coïncida, en effet, avec le «Foutamp» (cérémonie d’initiation en milieu diola qui mobilise toute la communauté et l’ensemble des villages du Fogny). C’est un évènement qui se tient tous les 25 ans et durait entre deux à trois mois au cours desquels les hommes et les futurs initiés se retiraient dans le bois sacré. Pendant que les rythmes et chants résonnaient à travers toute la contrée, une femme se tordait de douleur dans l’enclos réservé aux femmes arrivées à terme. C’était Djibanlisse Badji, l’une des épouses de Koulaly Sané. Depuis l’aube, elle luttait contre la mort pour donner la vie. Une vieille femme peu ordinaire l’assistait, car elle savait que son accouchement serait difficile.
Une pluie fine tomba, alors qu’on était en saison sèche. C’est à ce moment que le père de Koulaly, le vieux Ahi Sané, souffla dans l’oreille de son fils : «Cette pluie présage d’un évènement heureux». C’était la naissance d’Ahoune Sané, nom qui lui a été donné dans l’enclos d’accouchement par la vieille mère qui assistait sa maman. «Tu as donné naissance à un être peu ordinaire. C’est dans cet enclos qu’il recevra son nom. Il s’appellera Ahoune. Je dis bien Ahoune ! Car, il voit déjà ce que l’homme ordinaire ne peut voir», a certifié la vieille mère.
Tout un mystère avait entouré la naissance de l’homme. La philosophie d’Ahoune se résume à trois choses : la première «fais attention à ta langue et à ta tradition», la deuxième «notre force, c’est l’entente» et la troisième «la femme est un lien».
Ahoune Sané fut un homme de paix. Il n’avait pris les armes que pour assurer la sécurité dans le Fogny et s’opposer à la domination mandingue.
Grand défenseur de la langue et de la culture, Ahoune Sané aimait souvent dire que le Diola s’identifie par sa langue. D’où le sens de son combat pour la liberté du Fogny, le refus de l’esclavage et de l’injustice sous toutes ses formes.