AMNESTY INTERNATIONAL PORTE LE COMBAT CONTRE LA GENDARMERIE
Les accusations de torture portées par l’activiste Ardo Gningue à l’endroit de la gendarmerie risquent de prendre une tournure judiciaire

Les accusations de torture portées par l’activiste Ardo Gningue à l’endroit de la gendarmerie risquent de prendre une tournure judiciaire. De sources dignes de foi, des organisations de défense des droits de l’Homme à l’image d’Amnesty International ont décidé de porter le combat et d’appuyer le jeune Gningue à porter plainte contre ses bourreaux, notamment le Colonel Cheikh Sarr, devant les juridictions nationales pour torture. D’ailleurs, il est convoqué demain à la Section de recherche de la gendarmerie sise à Colobane.
Lors des affrontements qui ont éclaté le vendredi14aoûtdernier à Tobène entre des manifestants et les forces de l’ordre, près d’une trentaine de personnes dont des jeunes ont été arrêtées. Au cours de leur interrogatoire, ils auraient été torturés.
L’activiste Ardo Gningue cite nommément le Colonel Cheikh Sarr qu’il aurait identifié à travers la barrette de sa tenue comme un des tortionnaires. Il l’accuse de l’avoir torturé littéralement et introduit du chanvre indien dans ses poches. Muni d’un certificat médical, Ardo Gningue engage des poursuites contre l’officier de la gendarmerie. La torture étant interdite par les conventions internationales ratifiées par le Sénégal, il est évident que beaucoup d’organisations de la société civile vont rejoindre la procédure. Amnesty International section Sénégal est déjà sur le coup. Joint au téléphone, Seydi Gassama déclare : « Nous nous sommes entretenus avec Ardo Gningue. Nous avons eu des détails du certificat médical qu’il a produit. Nous avons encouragé Ardo à porter plainte contre les personnes qui lui ont fait subir ces actes de tortures. Amnesty International va lui apporter tout le soutien nécessaire sur le plan judiciaire pour qu’il puisse obtenir justice.»
Parce que, dit-il, en matière de torture physique, la seule manière d’amener les bourreaux à répondre de leurs actes devant la justice, c’est de produire des preuves des actes de torture. «On oublie même que la torture n’est pas que physique, elle est aussi psychologique. C’est extrêmement regrettable qu’en 2020, au Sénégal, l’on continue à dire que des gens ont été arrêtés et maltraités dans les lieux de privation de liberté. Ce, malgré le travail colossal de sensibilisation qui a été fait et toutes les lois que nous avons adoptées », martèle-t-il.
Toutefois, il convient de signaler qu’il n’y a pas grand espoir quant à la suite de cette enquête, comme l’a signalé l’intéressé lui-même à travers un post sur sa page Facebook. Mais, pour M. Gassama, l’Etat a l’obligation d’enquêter sur cette affaire et de poursuivre les responsables. « Le Procureur n’a autrement à faire que d’attraire les gendarmes devant le Tribunal. Parce que lorsqu’il y a des allégations, des actes sérieux devront être menés. Et si ces allégations sont avérées, des poursuites judicaires doivent être faites conformément aux obligations du Sénégal qui a ratifié la convention contre la torture. Le Procureur est obligé d’entendre ces gendarmes accusés d’avoir torturé une personne», fait-il savoir. Il est à signaler que l’activiste est attendu aujourd’hui à la Section de recherche de la gendarmerie de Colobane. Même si, signale Ardo Gningue, le motif de sa convocation ne lui a pas été notifié, certainement ce sera pour écouter sa version. Par ailleurs, la plupart des organisations avec lesquelles il luttait, notamment «Aar LiNu Bokk», sont sur le pied de guerre afin de l’accompagner.
LA GENDARMERIE REJETTE
Même si la gendarmerie réfute la thèse d’une torture dans un communiqué parvenu à L’AS, la maréchaussée a déclaré qu’une enquête administrative a néanmoins été ordonnée par le Haut commandement pour faire la lumière sur cette affaire et prendre les mesures appropriées le cas échéant.
Toutefois, précise la gendarmerie, l’action de son personnel s’inscrit dans le cadre de l’exécution des réquisitions délivrées par les autorités administratives compétentes pour le maintien de l’ordre. Mieux, à la suite de la lecture du communiqué de la gendarmerie, le résultat de l’enquête est connu d’avance. Car avance-t-elle, au cours de ces opérations menées à Tobène du 13 au 15 août 2020, aucun fait anormal n’a été rapporté.