Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
22 juin 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Societe
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP

AU ROYAUME DES SPÉCIALISTES DES FRACTURES OSSEUSES

Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner en un temps record, toutes les maladies liées au fonctionnement des os

Mbagnick Kharachi Diagne  |   Publication 28/08/2021

Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Cette localité du département de Louga, située à 10 kms de la ville de Mpal, continue de recevoir, tous les jours et jusqu’à des heures très avancées de la nuit, des centaines de patients qui viennent des quatre coins de notre pays et même de l’étranger, pour bénéficier de cette science mystérieuse.

La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. Difficile de mettre les pieds à Baralé-Ndiaye, sans tomber sous le charme de son paysage atypique, sans être ébloui par les  lumières vives de son panorama splendide. Ici, une partie de la strate arborée peut être comparée à une armée de gendarmes en faction, aux arêtes tranchantes qui s’effritent parfois en un bruit sec de cristal brisé. Autour de Baralé, le roc et la forêt sont d’un seul tenant. On note partout des fissures qui festonnent sur la rocaille, précises, bien échancrées et béantes. Dans les champs, la nature est verdoyante, luxuriante. En file indienne, des chenilles poilues sont en quête de végétation. Des cantharides et autres insectes floricoles sèment la pluie et le beau temps.

Parfois, le climat devient supportable et la tiédeur lourde du vent nous apporte des senteurs d’herbe humide. S’il change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec un silence assourdissant et hostile que nous retrouvons entre cette nature paisible et cet habitat sommaire.

Nos premiers interlocuteurs, notamment des jeunes à la fleur de l’âge, qui devisent tranquillement à l’ombre d’un arbre, nous demandent avec déférence d’intercéder en leur faveur et auprès du chef de l’État et du Gouvernement, en vue de permettre aux populations de ce village de bénéficier d’un projet d’aménagement, de ralentisseurs, appelés communément dos d’âne. « Nous enregistrons régulièrement des accidents mortels sur cette route nationale 2 qui traverse notre terroir, les véhicules utilitaires et de transport en commun continuent de rouler à une allure vertigineuse et de causer toutes sortes de collision, nos enfants sont fauchés mortellement par ces guimbardes, nous sommes traumatisés par cette situation », disent-ils.

Ces jeunes sont accueillants, détendus et un peu taquins. Tout en nous indiquant le domicile du chef de village, ils se mettent à rire à gorge déployée. Le plus petit a une plaie d’argent au tibia, qui le poigne et qui lui paraît mortel. Mais il n’en a cure. Il fait de grandes foulées pour nous montrer la voie à suivre. Nous devons encore braver la poussière et la chaleur pour progresser vers le domicile des spécialistes des fractures osseuses. Ici, nous avons la température d’un âtre, qui monte d’un cran et nous fait suer à grosses gouttes.

Il est 14 heures. Le temps qui nous est imparti pour musarder dans les rues, ruelles et artères de ce patelin, s’en va à vau-l’eau. Actuellement, dans ce village, du fait de cette pandémie du Coronavirus, le temps n’est pas sujet à caution, à controverse. Il n’est pas très clément et les populations ont tendance à mener une vie cloîtrée. L’étranger n’a qu’à s’adapter à cette chaleur accablante et le problème est résolu. C’est pourquoi, dès notre arrivée, on nous a conseillés de nous désaltérer à tout moment et de prendre du paracétamol pour bloquer l’évolution des céphalées et des migraines.

La science mystique du charognard

Baralé existe depuis 1860. Selon le chef de village, Ousmane Ndiaye, il a été fondé par Mandiaye Arame Thiendou, qui venait du Djolof. Baralé est un terme wolof qui signifie « abondance » ou « prospérité ». Le fondateur avait beaucoup de biens, notamment, un cheptel très important. Ses proches avaient l’habitude de dire : « Da-Fa-Baralé ». Ce qui pourrait se traduire par « il est nanti ». Ce grand éleveur s’était installé d’abord à Barale Tiendieng, puis il était allé à Gouye Ndiaye, situé à 900 mètres de l’actuel  village. Là, il fut attaqué par une panthère qu’il parvint à tuer sans difficulté. C’était tout juste avant la prière de « takussan » (fin d’après-midi).

C’est en épiant un charognard que Mandiaye Arame Thiendou aurait eu ce pouvoir de ressouder des os fracturés. Il dormait à l’ombre d’un baobab lorsqu’un petit charognard tomba par terre. Le grand charognard ne l’ayant pas trouvé dans le nid, se précipita pour lui donner à manger en bas. Au même moment, il se rendit compte que son petit s’était fracturé une patte. Tout en lui donnant la becquée, il formulait des prières intenses pour le guérir. Pendant quinze jours, Arame Thiendou s’arrangea pour assister discrètement à cette scène. Il était réputé grand marabout, à l’époque, et avait le don de décoder le langage ésotérique dans lequel le grand charognard faisait ses prières mystiques. Au bout de 15 jours, il se rendit compte que le petit pouvait ainsi voler. Mais ce fut son fils, Mar, qui exploita réellement cette science mystique que possédait ce charognard, en l’appliquant régulièrement au bétail. Daour, le frère de Mar, hérita de ce pouvoir et le transmit à ses descendants.

« Nous n’avons que nos prières »

À 15 heures, nous sommes déjà dans le domicile du chef de village. Ousmane Ndiaye, assisté de son fils Mamadou Ndiaye, nous explique qu’il n’est pas très difficile de faire disparaître une entorse « qui n’est qu’une simple blessure au muscle, du ligament ou du tendon ». Le remède : « nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois, dès que le malade rentre chez lui, nous commençons à faire des incantations mystiques sur ce bois qui est bien conservé quelque part dans notre concession, au bout de quinze jours, il reviendra nous dire qu’il ne ressent plus la moindre douleur ». Cependant, a-t-il souligné, « il arrive que le malade ne soit pas bien traité chez nous et on lui demande tout simplement de retourner voir les médecins. Il faut que les gens sachent que nous n’avons que nos prières. Nous n’avons pas ces équipements médicaux très sophistiqués qu’on ne trouve qu’à l’hôpital ».

Ces « spécialistes » formulent les mêmes prières pour soigner un muscle étiré ou un os cassé, ont-ils fait savoir. « Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Tout ce qu’on fait pour le guérir, on le fait sur ce bout de bois. S’il s’agit de fractures ouvertes, de fractures où l’on peut voir, à l’œil nu, l’os fracturé ou les fragments osseux, on ne fait aucun geste, on n’y touche pas. Là, on est obligé de sommer le malade d’aller de toute urgence à l’hôpital régional où il peut bénéficier d’un traitement chirurgical. Il ne faut plus que nos concitoyens entretiennent cette rumeur persistante, selon laquelle nous sommes prompts à soigner tous les types de fractures ».

« Si nous constatons une discontinuité des os, due à des batailles rangées, des rixes, des coups violents, à un accident d’une rare violence, de certains faux pas, aux manœuvres brusques, aux traumatismes, nous tentons de faire quelque chose pour soulager la souffrance du malade », fait savoir le chef de village. Ousmane Ndiaye est formel et catégorique lorsqu’il nous fait comprendre qu’il ne prend jamais le risque de prendre en charge les fractures costales, dues à une rupture des côtes, celles du crâne et de la colonne vertébrale. « Il est hors de question, pour nous, de nous substituer aux chirurgiens, aux véritables spécialistes des fractures, qui détiennent une science qui est très différente de notre savoir-faire. S’il y a quelques problèmes à la cheville, à la cuisse, à l’avant-bras, aux doigts, au fémur, au tibia, au péroné, à l’humérus, au radius, au cubitus, on peut réagir ».

Témoignages concordants

À Baralé, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Selon Madjiguène Ndiaye, membre de la famille, « même les enfants qui sont au lycée et qui sont les petits-fils d’Arame Thiendou, ont hérité de cette science mystérieuse qui leur permet de replacer et de ressouder les os ».

Un automobiliste en train de changer son pneu au bord de la route, ne s’est pas fait prier pour nous dire qu’il connaît ce village. « Ils nous ont aidé un jour à soigner deux de nos parents qui avaient des maux de tête et des douleurs atroces au bassin. Nous avons vu également de nombreux patients fracturés et qui ont été finalement bien traités dans ce terroir », témoigne-t-il.

Partout, dans ce village, les témoignages sont unanimes, concordants et nous assurent que les tradipraticiens de ce terroir réalisent des merveilles.  Penda Diop, originaire de Mpal, qui a pu rejoindre récemment le domicile conjugal dans ce village, n’hésite pas à nous faire savoir que cette médecine traditionnelle est une réalité dans cette partie du département de Louga. « Elle permet jusqu’à présent de soulager la souffrance de nombreux malades qui viennent d’horizons divers », assure-t-elle. De l’avis de M. Souley Fall, enseignant domicilié à ce village, « les populations de Baralé, malgré une demande sociale exponentielle, restent dignes, et nourrissent l’espoir de voir un jour leur village se développer. Cela, eu égard au passé glorieux de leur localité, à sa belle histoire et au rôle prépondérant qu’elle joue dans la mise en œuvre de la politique de l’État en santé publique. Dans la mesure où la  pratique  des  Ndiayène  de  Baralé  est  normée et  suit  des  trajectoires claires, nettes  et précise  dans  les  soins ».

À Baralé, nous confie Dame Ndiaye, ouvrier agricole, seuls les  hommes  et les  jeunes  gens  soignent  les  fractures. « C’est un cercle masculin, car  la  souffrance  exprimée  par  le  visage  du patient, pendant la  remise  en  place  des  os, fait  que  les  femmes  craquent  souvent. Cependant, à Golbi Ndiaye, les  femmes  s’exercent à  soigner », précise-t-il.

Interdiction de faire des massages

Plus explicite, le fils du chef de village, Mamadou Ndiaye, développe un langage plus simple. « Après le diagnostic, nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois ; attelle  de  bambou  sur  une  bande  de  tissu  pour éviter l’irritation de la  peau. Mais, pas n’importe lequel. Nous utilisons le « khat ». Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Surtout s’il habite très loin de Baralé. Tout le travail mystique porte sur ce bout de bois que nous gardons soigneusement dans une chambre, chez nous. Puis, le malade, arrivé chez lui, est tenu d’arroser deux fois par jour la partie qui fait mal avec de l’eau froide », renseigne-t-il. Le plus souvent, poursuit-il, il est formellement interdit au malade de faire des massages. Au bout de quinze jours, le problème est résolu. S’il s’agit d’une fracture de la jambe, le traitement peut s’effectuer dans un délai de trente jours. Tout dépend de la nature de la fracture et de l’âge du patient ». Les recommandations et les conseils donnés doivent, selon Mamadou Ndiaye, être scrupuleusement respectés par les patients qui ne doivent pas trop bouger. « Le traitement à l’hôpital, par le plâtre, peut prendre parfois 45 à 90 jours. Il nous arrive de recevoir des malades qui se sont déjà adressés à une structure sanitaire », affirme-t-il.

Aujourd’hui, les « spécialistes » des fractures osseuses continuent de faire la renommée de Baralé. Ce village a besoin de ralentisseurs, d’un projet d’extension du réseau électrique, d’un poste de santé, d’un centre social pour les femmes, d’un foyer pour les jeunes, de financements pour des activités génératrices de revenus.

Articles les plus lus

capture_decran_2025-06-18_a_09.08.32.png
IL FAUT AIDER LE SOLDAT BASSIROU KÉBÉ, DG DE LA SNHM
Les Américains disent que toute politique est locale. Le citoyen juge l’Etat sur la base de ses actions ...

latif_coulibaly_sans_detour_b.jpg
ABDOU LATIF COULIBALY RÉVÈLE LE COMPLOT CONTRE SON FRÈRE
L'ancien secrétaire général du gouvernement sous Macky Sall, Abdou Latif Coulibaly, a fait des révélations ...

mdiaxate.jpg
MOUSTAPHA DIAKHATE ET LES GOUGNAFIERS DE LA REPUBLIQUE
Confucius disait qu’il faut s’entendre sur les mots pour éviter la guerre. Donc entendons-nous bien ...

foncier_senegal.jpg
MACKY ACCABLÉ DANS L’AFFAIRE DU FONCIER PIKINE-GUÉDIAWAYE
Après l’ex-ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, le dossier explosif du foncier du tribunal ...

whatsapp-image-2024-10-01-at-10.38.35.jpeg
LE SÉNÉGAL ACTIVE UN DISPOSITIF DE SÉCURITÉ POUR SES RESSORTISSANTS EN IRAN ET EN ISRAËL
Face à l’escalade des tensions entre l’Iran et Israël depuis vendredi dernier, les autorités sénégalaises ...

Vos articles préférés de la semaine

capture_decran_2025-06-15_a_13.56.37.png
LE FOOTBALL M’A DONNÉ DES FRÈRES ET DES SOEURS AUX QUATRE COINS DU MONDE
Du coiffeur de Salah au professeur d’anglais , de Luis Díaz, des tribunes de Munich aux rues de Paris, ...

capture_decran_2021-03-24_a_00.50.21.png
LE SILENCE ÉLOQUENT DES UNIVERSITAIRES PÉTITIONNAIRES
Dans son livre de transmission Les Souvenirs viennent à ma rencontre, paru chez Pluriel en 2019, le ...

capture_decran_2025-04-15_a_05.14.23_0_0.png
LE THÉÂTRE DES GOUGNAFIERS D’EN HAUT
Il fallait oser. Oser dire ce que tant de Sénégalais, derrière leurs rideaux ou sur leurs groupes ...

capture_decran_2025-06-14_a_16.08.38.png
LE FMI ATTEND LES CHIFFRES DE SONKO
(SenePlus) - Le Fonds monétaire international (FMI) maintient sa position ferme concernant le Sénégal ...

guerre_iran_israel.jpg
S'ACHEMINE-T-ON VERS UNE GUERRE MONDIALE ?
Le monde est-il en train de s'enliser dans une crise sans précédent avec le conflit entre l'Iran et ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous