AU SENEGAL, 24% DES FEMMES AGEES DE 15 A 49 ANS SONT EXCISEES
Désireuse de mettre fin à cette pratique dangereuse, l’Ong Amref a organisé hier un panel de haut niveau sur la question afin de trouver des solutions durables

L'Ong Amref, qui s’est assignée pour mission de lutter efficacement contre les mutilations génitales féminines, a organisé hier un panel de haut niveau sur ce fléau. En attendant de parvenir à ses fins, l’Ong révèle que 24% des femmes âgées de 15 à 49 ans sont excisées au Sénégal.
Ablation totale ou partielle des organes génitaux externes féminins, les mutilations génitales féminines (Mgf) constituent un problème de santé publique. Désireuse de mettre fin à cette pratique dangereuse, l’Ong Amref a organisé hier un panel de haut niveau sur la question afin de trouver des solutions durables. C’est autour du thème : «Leadership des jeunes, construisons le futur de la prévention des mutilations génitales féminines» que les panélistes ont échangé. Chef de Division de la santé de la mère et de l'enfant, Dr Demba Guirassy indique que la prévalence est disparate dans les régions.
A l’en croire, 80% des excisions se font très jeune. A Diourbel, le taux d’excision est trop très faible (-1%) alors qu’il s’élève à 61% à Matam. «Cette disparité s'explique, parce que l'excision a des raisons sociales, culturelles. Au Sénégal, 24% des femmes âgées entre 15-49 ans et 14% de filles de 0 à 4 ans sont excisées. 80% des femmes ont été excisées avant l'âge de 5ans», renseigne Dr Guirassy qui estime que la pratique est beaucoup plus présente dans les régions du Sud et du Nord. Pour ce qui est de la prise en charge, souligne Dr Guissary, elle doit être multisectorielle. «La prise en charge multisectorielle passe par l'implication de plusieurs secteurs (famille, santé, jeunesse...). Il s’avère aussi que la prise en charge des conséquences des Mgf est une priorité dans nos pays qui pourra passer par diverses stratégies afin de juguler ce fléau», dit-il.
Par ailleurs, il a été prouvé que l’excision entraine des conséquences dramatiques chez les filles. «Il y a les complications directes notamment l'hémorragie. Au moment de l'acte, la personne saigne jusqu'à mourir par état de choc. Ensuite il y a des complications urologiques et gynécologiques. La voie urinaire peut être fermée, donc il y a obstruction de cette voie urinaire avec comme conséquence des troubles urinaires qui ont atteindre l'appareil urinaire», renseigne Dr Demba Guirassy.
Sur le plan gynécologique, poursuit le chef de Division de la sante de la mère et de l’enfant, la petite fille excisée peut ne pas avoir ses règles, parce qu'il y a une fermeture du vagin. Ce qui nécessite des interventions. «Il y a les complications obstétricales à l'accouchement», souligne-t-il.
Optimiste quant à la réussite du combat contre les Mgf, le directeur régional d'Amref, Dr Bara Ndiaye, affirme que des progrès considérables ont été apportés par toute les organisations qui ont mené des interventions sur le terrain. «Mais d'après les résultats des dernières enquêtes dans les régions de Sedhiou, Ziguinchor, Tamabacounda, Kédougou et Matam, la prévalence est très élevée par rapport à la moyenne nationale. Notre action est encore plus urgente. Il faut construire un partenariat, parce que seul on ne peut rien faire. On est convaincu que c’est dans le partenariat, la multisectorialité et la combinaison de plusieurs forces que l'on pourra réussir», déclare Dr Bara Ndiaye.