AVEUX D’ACCUSES SUR L’INHUMATION DE BARA SOW ET D’ABABACAR DIAGNE DANS UNE FOSSE COMMUNE
Le deuxième jour du procès des accusés dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam a enregistré hier les premiers aveux des Thiantacounes ayant participé à l’inhumation de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, dans une fosse commune

Le deuxième jour du procès des accusés dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam a enregistré hier les premiers aveux des Thiantacounes ayant participé à l’inhumation de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, dans une fosse commune.
Les accusés Serigne Khadim Seck, Samba Ngom, Mame Balla Diouf, Demba Kébé, Mamadou Guèye, Aziz Mbacké Ndour dit Serigne Saliou Ndour, Alou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop et Mohamed Sène ont été auditionnés devant la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour hier mercredi, deuxième jour de procès des Thiantacounes. Les conseils de la partie civile et de la défense n’ont pas manqué de se lancer des attaques lors de l’interrogatoire des accusés.
La partie civile a dénoncé les méthodes utilisées par la défense pour disculper Cheikh Béthio Thioune, devant être jugé par contumace. Le président a tenu à remettre de l’ordre pour toutes les remarques faites par la défense et la partie civile. Me Khassimou Touré, conseil de la partie civile s’est dit rassuré du déroulement du procès. Il se dit confiant de la manière dont le président gère les débats et les interventions des différentes parties.
Mame Balla Diouf, un maçon-coffreur, accusé, soutient avoir vu une violente bagarre à partir du chantier où il se trouvait. Il avoue jouer à l’apaisement, à la barre, et nie avoir pris part à la bagarre avec un gourdin à la main, contrairement à ce qui est consigné dans l’enquête de la Gendarmerie. Selon Mame Balla, Bara Sow n’était pas mort à son arrivée sur les lieux de la bagarre et ce sont ses compagnons qui l’ont sorti de la maison du Cheikh. Il est formel sur les coups de feu entendus. «A la fin de la bagarre, deux corps gisaient au sol, le long du mur déplacés par nous-mêmes et par la suite transportés à bord d’une charrette pour l’ensevelissement». Pour lui, sur la charrette se trouvaient des pelles. Moussa Dièye, son propriétaire a conduit les victimes vers les lieux où ils ont été mis sous terre. Il n’a informé ni le Chamberland, Cheikh Faye, ni aussi le guide des Thiantacounes.
Aly Diallo, un ouvrier accusé, marqué par la détention et la mort de son père, revient sur les faits, relatant la venue du groupe de Barra Sow dans la maison du guide des Thiantacounes. Il a participé à la bagarre par un jet de pierre. Selon lui, un corps était au sol. Il nie avoir entendu des coups de feu. «J’ai participé au transport des corps vers le lieu d’inhumation, à bord d’une charrette. Je fais partie des commandos», a-t-il voué.
L’accusé Serigne Khadim Seck, poursuivi pour association de malfaiteurs, recel de malfaiteurs, homicides aggravés et détention d’arme sans autorisation administrative, a subi un interrogatoire sur les coups de feu tirés le 22 avril 2012 et l’arme ayant été utilisée pour atteindre mortellement Ababacar Diagne. Il a soutenu avoir tiré quatre coups de feu pour disperser le camp de Barra Sow et compagnie et les Thiantacounes. A l’en croire, il a tiré trois coups de feu en l’air, niant avoir tiré sur une personne, tout en reconnaissant un coup parti au moment du redressement du canon du fusil de calibre 12 utilisé, après une recharge.
Sur les faits du drame, Serigne Saliou Ndour, dans la cour de Cheikh Béthio depuis l’âge de 8 ans, dit être à Médinatoul Salam au moment des faits, mais ni avoir pris part à la bagarre. A son avis, l’éducation reçue du Cheikh l’a forgé et il exécute tout ce qu’il lui demande de faire. Samba Ngom, un Thiantacoune accusé révèle qu’au moment des faits, il était à Mbour pour acheter des médicaments. Il a reconnu que Barra Sow était interdit de se présenter à Médinatoul Salam par le Cheikh. Mamadou Anne dit Pape, le conducteur du pick-up ayant suivi la voiture Hummer de Cheikh Béthio sortie le jour des faits, dégage en touche le supposé ordre de son guide demandant de violenter Barra Sow. Cette déclaration, selon le tribunal, est en contradiction avec ce qui mentionné dans l’enquête de la Gendarmerie.
Mame Balla Diallo, membre du groupe de «commandos» des talibés habitant à Médinatoul Salam, engagés à travailler pour le cheikh gratuitement, a réfuté les allégations selon lesquelles les commandos assurent l’ordre dans le village et sèment la terreur. Demba Kébé, cité comme étant celui ayant donné l’ordre de charger Barra Sow et ses compagnons venus faire allégeance au Cheikh, soutient avoir secouru une femme enceinte blessée armée d’un couteau au sol. Des traces de sang de cette dernière sont restées sur ses habits.
Les scellés présentés ont suscité des sensations et émotions fortes: la barre de fer de Demba Kébé, son habit tacheté de sang, un gourdin, un pistolet, deux cartouches et deux chargeurs trouvés chez Samba Ngom, le boubou du défunt Barra Sow tacheté de sang, les habits de feu Ababacar Diagne de la fosse commune, les prélèvements de sang sur les véhicules pour expertise.