BENNES TASSEUSES, L’AUTRE NOM DU PRIX DE LA COLA !
On peut tout reprocher à nos cousins « toubabs », sauf de méconnaître nos us et coutumes. ce n’est pas pour rien qu’ils ont envoyé tant d’ethnologues, anthropologues, sociologues et autres curés étudier les mœurs des peuplades que nous sommes.

On peut tout reprocher à nos cousins « toubabs », sauf de méconnaître nos us et coutumes. ce n’est pas pour rien qu’ils ont envoyé tant d’ethnologues, anthropologues, sociologues et autres curés étudier les mœurs des peuplades que nous sommes. ils savent donc que rien ne vaut par exemple, chez nous au Sénégal, le prix de la cola — ou le « nouyo mouride » ! — pour ouvrir des portes ou faire progresser des dossiers. bien sûr, cette salutation peut prendre différentes variantes mais honni soit qui mal y pense et ne sortez surtout pas les grands mots comme « corruption ».
il ne s’agit surtout pas de cela mais de se conformer à nos excellentes coutumes. Ainsi, les Français de suez, numéro un mondial de l’eau, l’ont bien compris en offrant le « prix de la cola » à l’ancien ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Mansour Faye. oh, rien de bien compromettant juste cinq bennes tasseuses pour sa bonne ville de Saint-Louis dont il est le maire. Autant dire pour ses bonnes œuvres. Avec des accents lyriques, le site d’infos local « ndarinfo » a d’ailleurs relaté l’émouvante cérémonie de réception de ces « cas d’eau », comme l’écrit le canard enchaîné ». voici ce qu’écrit à ce propos l’excellent confrère : « deux bennes tasseuses offertes par suez environnement ont été réceptionnées, mercredi à la place Abdoulaye WADE. Trois autres mises à la disposition de la commune de Saint-Louis par cette entreprise française spécialisée dans la valorisation des déchets et l’aménagement durable, sont en mer et devront renforcer considérablement le système de collecte et d’évacuation des ordures à Saint-Louis. » Pudique, le site n’indique pas que suez est aussi le numéro deux mondial de l’eau. Ou alors c’est l’entreprise française qui, par modestie, a demandé de ne pas mentionner ce détail. C’était le mercredi 09 mars 2016.
Toujours est-il que, quelques mois plus tard, le Gouvernement, par l’intermédiaire du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, lançait un appel d’offres international pour l’attribution de la concession de gestion de l’eau potable dans les grands centres urbains de notre pays. A l’issue d’un processus dont les détails ont été largement révélés par la presse nationale, la commission de dépouillement, mise sur pied par un certain… Mansour Faye attribuait ce marché sur 15 ans et d’un montant de 85 milliards par an à… suez ! ce bien que cette multinationale héritière de la « lyonnaise des eaux » ait fait une offre financière inférieure à celle de la Sde, fermier depuis 22 ans avec d’excellentes performances citées en exemple partout sur le continent. Interpelés sur l’acrobatie qui avait permis d’attribuer la victoire au cheval arrivé deuxième en lieu et place du pur-sang ayant franchi en premier et loin devant la ligne d’arrivée, les services du ministre Mansour Faye avaient préféré noyer le débat dans les eaux du fleuve Sénégal à son embouchure à Saint-Louis.
Et bien que l’attribution « provisoire » ait été cassée par l’Autorité de régulation des Marchés publics (Armp) sur saisine de la Sde, le distingué ministre-maire et beauf du Président a encore réuni à la hâte sa commission maison pour « réattribuer » ce marché du siècle de la flotte dans nos grandes villes à… suez. Une multinationale qui connaît heureusement les bonnes manières et, surtout, notre excellente coutume du « prix de la cola » plus précisément dans sa version actualisée de… bennes tasseuses !