BROUILLE TOTALE ENTRE FERRAILLEUR ET L'ETAT
Les ferrailleurs de la région de Ziguinchor s’opposent au gel des exportations de la fonte par l’Etat. Cette décision, à leurs yeux, va mettre à terre le secteur car ne profitant qu’à quelques entreprises nationales qui font de la sous-traitance.

Les ferrailleurs de la région de Ziguinchor s’opposent au gel des exportations de la fonte par l’Etat. Cette décision, à leurs yeux, va mettre à terre le secteur car ne profitant qu’à quelques entreprises nationales qui font de la sous-traitance.
La décision des autorités de geler les exportations de la fonte n’est pas du goût des ferrailleurs de Ziguinchor qui y voient une volonté de faire la part belle à des entreprises nationales qui n’en ont pas le potentiel d’exploitation. Pour eux, cette mesure ne fait que favoriser la sous-traitance des entreprises sur le dos du pauvre ferrailleur.
« Le président de la République a pour crédo l’emploi des jeunes alors que nous ferrailleurs du Sénégal avons voulu créer des emplois sans attendre que l’Etat nous en donne. Nous sommes 14 associations de ferrailleurs partout au Sénégal. Il y a des entités dans les départements et les arrondissements les plus reculés. Récemment, nous avons fait l’objet d’une interdiction d’exportation des métaux non ferreux, c’est-à-dire le cuivre, l’aluminium, le bronze, l’inox, etc. », soutient le secrétaire général de l’Association des ferrailleurs de la région de Ziguinchor, face à la presse. Ibrahima Coly souligne que « de façon unilatérale », les autorités ont gelé les exportations, « privant ainsi nos principaux bailleurs, les indiens, d’exportations ».
Il ajoute : « Quand les métaux sont immobilisés au Sénégal, cela nous porte préjudice, empêche la quasi-totalité des ferrailleurs de faire leur travail. Aujourd’hui, deux industries veulent avoir le monopole de la ferraille en interdisant même l’exportation de la fonte alors qu’ils n’ont pas le matériel de transformation de la fonte. Ce sont les indiens qui viennent pour l’acheter parce qu’ils ont de grandes sidérurgies. Quand on livre la ferraille aux différentes industries, elles se rabattent sur les Indiens pour leur vendre la fonte. Alors que, nous ferrailleurs sénégalais, nous pouvons directement les leur vendre, ce qu’ils veulent nous interdire en publiant le décret présidentiel sur l’exportation de la fonte. Ce qui fait que depuis 2012, il nous vole. »
Un site de stockage et des financements pour les ferrailleurs
L’autre doléance qui tient à cœur les ferrailleurs de Ziguinchor a trait à l’ouverture d’un troisième site de stockage pour faciliter la livraison de la matière sollicitée par les usines. « Ce troisième site permettrait aux ferrailleurs de s’autofinancer. Nous sommes les fournisseurs de ces deux usines mais nous pouvons être des fournisseurs pour nous-mêmes. Si on a un troisième site, toute la ferraille qui vient partout au Sénégal pourrait être stockée dans un lieu bien déterminé. De ce fait, quand les usines auront besoin d’un tonnage de fer, on les livrera. Il y a des banques qui sont là, qui peuvent nous financer », insiste Ibrahima Coly.
Dans ce sens, les ferrailleurs de Ziguinchor fustigent leur « exclusion » de la liste des attributaires des financements de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des Femmes et des jeunes (Der/Fj). « Pour nous, elle est inexistante parce qu’aucun ferrailleur ne bénéficie d’un financement de cette institution. On a beau essayer ici à Ziguinchor, mais il n’y a pas d’interlocuteur », conclut-il.