CELA PEUT FAIRE SOURIRE CERTAINS, MAIS LA SAR SE PORTE BIEN
Dans cet entretien recueilli en marge du lancement de l’opération de reboisement dans la commune de Pire, le maire Serigne Mboup s’est prononcé sur la situation de la Société Africaine de Raffinage (Sar) dont il est le Directeur général

Dans cet entretien recueilli en marge du lancement de l’opération de reboisement dans la commune de Pire, le maire Serigne Mboup s’est prononcé sur la situation de la Société Africaine de Raffinage (Sar) dont il est le Directeur général. Abordant le livre de Thierno Alassane Sall, il estime que son auteur est animé par la rancune et l’aigreur.
Vous êtes le Directeur Général de la Sar. Comment se porte réellement la Sar ?
La Société Africaine de Raffinage (SAR) se porte bien. Cela fait certainement sourire beaucoup de personnes, mais c’est la stricte réalité. Il s’agit d’une société qui a une mission de service public très stratégique, dans un environnement international très particulier, qui est le monde de la haute finance, des marchés financiers et du négoce international. Les règles y sont définies, pré établies et nous n’avons d’autres solutions que de nous y confirmer. La Sar le fait avec beaucoup de réussite depuis 1963, avec parfois des moments plus ou moins difficiles, parce que vous avez un outil qui a de l’âge, qui a besoin d’être maintenu. Il y a des enjeux financiers qui se chiffrent toujours à plusieurs centaines de milliards de Fcfa. Il s’y ajoute des partenaires financiers qui préfinancent l’importation. Et quand, il y a un déséquilibre quelque part comme le retard de paiement, cela remet évidemment tout en cause. C’est ce qui s’est passé depuis 2009. Mais ce qui est important aujourd’hui, c’est que le président de la République qui est un acteur du secteur pétrolier, pour avoir été à Pétrosen, ministre de l’Energie, administrateur de la Sar à l’époque, Premier ministre, aujourd’hui président de la République au moment où le Sénégal a fait d’importantes découvertes de pétrole et de gaz, a décidé de maintenir l’outil de raffinage de la Sar. Il nous a instruits, en nous donnant les moyens à travers son gouvernement, de lancer un important programme de modernisation et d’extension des capacités de la raffinerie. Ce programme a été lancé depuis le dernier trimestre 2019, avec l’ambition d’augmenter la capacité, de moderniser les unités, mais aussi d’être en mesure dès 2022/2023 de traiter le brut produit à Sangomar. Ce projet se déroule bien, maintenant dans la gestion quotidienne, il arrive que pour plusieurs raisons, qu’un navire vienne, qu’il ne décharge pas à temps comme ce fut le cas il y a quelques jours. Toutes les garanties sont prises pour que l’ambitieux projet soit une réalité, y compris le dispositif qui permettra à la Sar de décharger les bateaux en haute mer et non plus au port, épargnant les populations de Thiaroye, de Mbao et toute la zone traversée, d’un certain nombre de désagréments, au-delà des problèmes de sécurité, d’environnement que ce pipeline pose toujours.
Donc, il n’y a aucun risque de pénurie dans le pays
Au moment où je vous parle, nous avons redémarré les installations et l’avenir est beaucoup plus serein, puisque des mesures structurelles ont été prises au plus haut niveau. Je peux vous rassurer que le service public de la fourniture d’hydrocarbures, qui est la mission essentielle de la Sar a toujours été là, et malgré les annonces répétitives par la presse depuis 5 mois, jamais vous n’avez constaté une quelconque pénurie et plus que jamais, nous sommes dans les dispositions d’assurer une continuité régulière et sécurisée de la fourniture de produits pétroliers.
L’ancien ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall, vient de publier un livre qui liste beaucoup de manquements dans la gestion des contrats pétroliers. Quelle est votre appréciation ?
Ma première constatation, c’est la confirmation d’une méconnaissance par l’auteur de ce livre de l’exploration pétrolière, du code pétrolier, de ses mécanismes et de l’interprétation que l’on peut faire des propositions techniques. Donc, le livre laisse apparaître une méconnaissance totale du code pétrolier et de l’évaluation des offres qui sont faites de tous les paramètres.
Pourtant, il contient des points précis qui indexent une mal gouvernance.
Tout cela relève de la méconnaissance. L’exemple le plus patent, c’est de dire que de zéro à x baril, Total a proposé tant et Cosmos tant. Extraire de telles choses n’a aucun sens en réalité. Parfois, on est dans des fourchettes de production et la compagnie donne des parts très importantes, mais elle sait, de par le potentiel, qu’on n’atteindra jamais ces fourchettes là, parce que ce n’est pas le pallier. Dire aux Sénégalais que Frank Timis a son bloc et qu’il n’a rien fait n’est pas conforme à la réalité. Timis a fait des choses qui ont montré le potentiel, qui a incité Kosmos à venir rejoindre. Et quand vous êtes actionnaire d’une société, il vous est loisible de vendre vos parts et dans ce cas, vous négociez avec l’acheteur, le prix qui vous convient. Ce qui n’a rien à voir avec les parts des autres actionnaires. Dire aussi que ce que Kosmos donne à Timis relève de l’argent du contribuable, c’est montrer une méconnaissance des règles de fonctionnement des choses ou ne pas être de bonne foi. Quelles que soit les conditions que le cédant accepte de donner, c’est sur ses parts qu’il les donne. Au-delà de tous ces aspects, il y a aussi l’élégance républicaine. Quand on a été dans un gouvernement, en n’ayant aucun attribut particulier outre que la confiance du Président de la République, l’élégance républicaine interdit de passer au laser tous ses collaborateurs. L’élégance tout court et la civilité auraient permis à Thierno Alassane Sall de ne pas attaquer de front. Quand on dit des choses de cette nature, il y a forcément de la rancune et de l’aigreur. Aujourd’hui, nous avons plusieurs dizaines voire des centaines d’ex-ministres qui ont géré des secteurs stratégiques et si chacun se mettait à dire tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit, il y aurait forcément des difficultés.