CHIFFRES ET STATISTIQUES DE L’HORREUR
603 cas de viol et d'attentat a la pudeur, 60% de violences notes dans les ménages et plus de 60% imputables aux hommes…

Les chiffres sur les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal font froid dans le dos. En 2015, une étude portait à 60% le taux de prévalence des violences à l’égard des femmes dans les ménages sénégalais, avec des variations au-dessus de 50% dans douze régions. Diourbel arrive en tête avec 72%, tandis que Dakar en est à 52,5%. Tout récemment, l’enquête nationale annuelle sur les activités des juridictions pour l'année judiciaire 2017-2018 a dévoilé 603 cas de viol et d'attentat à la pudeur avec violence. Et plus de 60% de ces violences sont imputables aux hommes. C’est en substance ce qui ressort de la première plénière de la première session extraordinaire de l’année 2019 du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) dont la présidente, Mme Aminata Touré, a lancé les travaux hier mardi, avec l’audition de Mme Ndèye Saly Diop Dieng, ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’Enfance.
MIMI TOURE PRESIDE LA PREMIERE SESSION EXTRAORDINAIRE DU CESE : Exposé sur le sort «cruel» des femmes et des filles
603cas de viol et d'attentat à la pudeur avec violence, révélés par l’enquête nationale annuelle sur les activités des juridictions pour l'année judiciaire 2017-2018; 60% de taux de prévalence des violences faites aux femmes dans les ménages sénégalais, selon l'étude du Laboratoire Genre et Sociétés (Gestes) de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, menée en 2015, la coupe est… pleine. Suffisant pour que le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) procède à l’audition, hier mardi, de Mme Ndèye Saly Diop Dieng, ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’Enfance. Donc, pour sa première session extraordinaire de l’année 2019, qui se tient du mardi 30 juillet au jeudi 08 août, sur convocation du président de la République, Macky Sall, le CESE a choisi, et «avec raison», le département la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’Enfance pour dérouler la première expérience de Mme Aminata Touré (Mimi), nouvellement portée à la tête de cette Institution, en remplacement de Mme Aminata Tall. Ainsi, pour cette première séance plénière, les conseillers et le ministre de la Femme et de la Famille ont échangé sur le thème: «Quelles stratégies pour la prévention des violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal, la protection et la prise en charge des victimes ?».
Mme Aminata Touré qui a procédé au lancement des activités du CESE, a relevé que «ce sujet constitue sans nul doute une préoccupation majeure, compte tenu des dernières actualités. En effet, les semaines passées ont été marquées par la survenue de nombreux faits de violences et d’agressions physiques graves au préjudice de femmes et de filles. Ces faits d’actualité ne sont pas isolés, hélas, ils rejoignent un tableau général assez préoccupant. Ainsi, en 2015, l'étude du laboratoire Genre et Sociétés (Gestes) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis portait à 60 % le taux de prévalence des violences à l’égard des femmes dans les ménages sénégalais, avec des variations au-dessus de 50% dans douze régions. La région de Diourbel enregistre le taux le plus élevé avec 72%, tandis que la région de Dakar en est à 52,5%». Mieux, poursuivant son propos, Mme Mimi Touré déplorera que, s’agissant des auteurs de ces violences, «plus de 60% sont imputables aux hommes et sont dirigées particulièrement contre les femmes âgées de 25 à 40 ans. Quant aux femmes du 3ème âge, elles sont plus touchées par les violences psychologiques».
D’ailleurs, «plus récemment, l’enquête nationale annuelle sur les activités des juridictions pour l'année judiciaire 2017-2018, présentée le 15 juillet 2019, révèle 603 cas de viol et d'attentat à la pudeur avec violence. Aussi 3.251 procès-verbaux ont-ils été acheminés vers les Parquets près les Tribunaux de Grande Instance (TGI), pour des infractions de coups et blessures volontaires, d’homicides ou blessures involontaires, de mise en danger de la vie d'autrui. Pour ces catégories d’infractions, les femmes en constituent la majorité des victimes», regrette la présidente du CESE. C’est pourquoi Mme Mimi Touré, en appelle à «dépasser également certaines de nos habitude culturelle où on préfère l’impunité. Il est temps que cette question soit traitée de manière publique pour préserver les filles à l’école. Mais également nous constatons beaucoup de cas de violences et grossesses sur mineurs, ce sont des questions importantes parce qu’il faut faire le lien avec le développement du pays»
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES : Ndèye Saly Diop Dieng annonce la tenue d’un Conseil interministériel
Le ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’Enfance qui a ouvert le bal de la session extraordinaire de l’année 2019 du CESE, parce qu’étant à la tête de ce département ministériel concerné directement par les nombreux cas de violences et d’agressions physiques et sexuelles graves, morales et psychologiques au préjudice de femmes et de filles, n’est pas allée par le dos de la cuillère pour répondre aux questions et préoccupations des conseillers. Mieux, elle annonce la tenue prochainement d’un Conseil interministériel pour débattre des questions relatives aux violences faites aux femmes. En attendant, Mme Ndèye Saly Diop Dieng est revenu sur toute une liste de femmes victimes de violences (macabres). «En mars 1992, un mari a battu à mort sa femme pour la préparation du déjeuner, en plein Ramadan. Seynabou Seck, âgée de 6 ans, enlevée en 2006 sur le chemin de l’école, a été retrouvée égorgée (un corps sans vie) à Keur Ndiaye Lo. Ndèye Séda Diouf, jeune écolière venue passer ses vacances à Guédiawaye a été sauvagement violée avant d’être égorgée. Fama Niane, en 2009, a été retrouvée le corps décapité et entassé dans un sac plastique à la Corniche Ouest (Dakar). Didier Coly âgée de 14 ans, en 2014, elle a été retrouvée nue, bâillonnée et tuée. Fatoumata Matar Ndiaye (militante de l’APR, ndlr), votre illustre collègue, est tuée à son domicile (à Pikine), le 19 novembre 2016; Mariama Sagna (militante de Pastef, ndlr) étranglée à mort à son domicile à Keur Massar, le 8 octobre 2018. Récemment, Coumba Yade, 16 ans, a été retrouvée morte le 13 mai 2019 (après avoir été violé, dans la chambre de son présumé meurtrier à Hersent à Thiès, ndlr) et Bineta Camara, 23 ans, victime de tentative de viol suivie de meurtre, le 18 mai 2019 à Tambacounda».
Toutefois, Mme Ndèye Saly Diop Dieng s’est réjoui du choix du thème, pour son département: «Quelles stratégies pour la prévention des violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal, la protection et la prise en charge des victimes ?». Il a permis de partager des expériences, de bonnes pratiques et de nouvelles orientations de l’Etat pour la prévention des violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal, la protection et la prise en charge des victimes. Mme Ndèye Saly Diop Deng avait à ses côtés Samba Sy, ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions.
En tout, 9 thèmes seront soumis aux débats lors de cette session, de même que l’audition de différents ministres, en plénières. Aussi, plusieurs projets d’avis seront étudiés et adoptés durant ladite session, y compris la modification du Règlement intérieur du CESE pour coller aux nouvelles orientations de l’Institution constitutionnelle chargée de conseiller le président de la République, le gouvernement et les pouvoirs publics dans des domaines d’intervention variés, embrassant quasiment tous les segments de l’action de l’Etat et de la vie de la Nation.