COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE
Le constat est triste ! «La hausse du nombre de personnes dans le monde qui souffrent de la faim n’a jamais été aussi élevée, alors même que la production alimentaire mondiale a presque quadruplé entre 1961 et 2020 et qu'elle a augmenté de 50 %

«Transformer nos systèmes alimentaires pour la santé de la population, de l’environnement et de l’économie.» Tel est l’intitulé de la tribune signée par le vice-président pour le Développement durable de la Banque mondiale, Juergen Voegelen qui propose des pistes de solutions pour sortir de l’impasse et faire face aux défaillances du système alimentaire mondial.
Le constat est triste ! «La hausse du nombre de personnes dans le monde qui souffrent de la faim n’a jamais été aussi élevée, alors même que la production alimentaire mondiale a presque quadruplé entre 1961 et 2020 et qu'elle a augmenté de 50 % ces deux dernières décennies ». A en croire Juergen Voegelen de la Banque mondiale, la situation à laquelle les Etats sont confrontés aujourd’hui exige plus que jamais une transformation de leurs systèmes alimentaires, afin de les rendre plus durables et capables de nourrir une population mondiale qui ne cesse de croître. Selon Monsieur Voegelen, un système alimentaire performant contribuera à développer le capital humain, à sortir les populations de la pauvreté et à renforcer la résilience climatique. Or, souligne-t-il, le système alimentaire mondial entraîne actuellement des coûts sociaux, économiques et environnementaux cachés estimés à 12 000 milliards de dollars par an, en générant notamment près d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il pousse également les consommateurs à se tourner vers des aliments nocifs pour la santé du fait du coût trop élevé d’une nourriture saine
Le vice-président pour le Développement durable de la Banque Mondiale indique que la poursuite du statu quo n'est pas tenable et appelle à repenser entièrement la manière dont l’agriculture et les systèmes alimentaires sont traités pour véritablement transformer les modes de production, de transport et de consommation. L’un des principaux chantiers de cette transformation concerne les modalités du soutien à l’agriculture et à l’alimentation, a-t-il ajouté avant de préciser que les pays y consacrent chaque année plus de 700 milliards de dollars. Ce soutien public, souligne-t-il, certes nécessaire, est en grande partie mal ciblé, encourage souvent des pratiques de production non durables et ne profite que trop peu aux agriculteurs, qui perçoivent seulement 35 cents pour chaque dollar d’aide.
LES SUBVENTIONS AGRICOLES POURRAIENT ETRE REORIENTEES POUR METTRE EN ŒUVRE DES POLITIQUES RESPECTUEUSES
Prenant essentiellement la forme de mesures de soutien des prix, de subventions aux intrants agricoles et de versements directs aux producteurs, Monsieur Voegelen estime que ces aides pourraient être réorientées pour mettre en œuvre des politiques respectueuses de l’environnement et inciter les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles adaptées aux enjeux du changement climatique. Selon lui, les pouvoirs publics pourraient aussi rediriger leurs financements vers le soutien au secteur privé en atténuant les risques liés aux investissements qui intègrent des critères environnementaux et sociaux plus exigeants. Ou encore, souligne-t-il, promouvoir le recours à de nouvelles technologies prometteuses, comme l’utilisation d’additifs alimentaires pour le bétail qui réduisent les gaz à effet de serre, ou des modes de production du riz moins émetteurs de méthane.
Juergen Voegelen soutient également qu’une meilleure utilisation des données et des technologies numériques peut permettre de relier les 570 millions d’exploitations agricoles dans le monde aux 8 milliards de consommateurs.
A l’en croire, le développement d’une agriculture connectée permettra aussi d’améliorer les rendements, limiter les déchets, faire baisser les coûts et diminuer la pollution, soit autant d'éléments qui contribueront grandement à réduire les inégalités et la faim dans le monde. Par conséquent, déclare-t-il, les solutions existent, même s’il n’y a pas de recette universelle. «Chaque pays doit faire face à ses difficultés spécifiques et définir les choix et les stratégies qui lui permettront d'atteindre les résultats recherchés».
En définitive, il appelle à transformer les systèmes alimentaires au service du développement implique d’analyser la situation au prisme du contexte local et d'étayer le processus d’élaboration des politiques sur des concertations multipartites et inclusives.