CONSTERNATION ET TRISTESSE A LA MORGUE D’ARISTIDE LE DANTEC
Hier, jeudi 11 avril, la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec a été très petite pour contenir l’immense foule qui est venue rendre un dernier hommage à Momar Seyni Ndiaye.

Hier, jeudi 11 avril, la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec a été très petite pour contenir l’immense foule qui est venue rendre un dernier hommage à Momar Seyni Ndiaye. Décédé avant-hier, mercredi 10 avril à Dakar, la levée du corps du journaliste et analyste politique est suivie de la prière mortuaire avant son inhumation au cimetière musulman de Yoff. Consternation et tristesse se lisaient sur tous les visages.
L a morgue de l’hôpital Aristide le Dantec a accueilli hier, jeudi 11 avril, une immense foule venue accompagner à sa dernière demeure, le journaliste-formateur et analyste politique Momar Seyni Ndiaye, décédé la veille, mercredi 10 avril à Dakar des suites d’un malaise. La cérémonie de levée du corps a enregistré la présence de nombreuses personnalités.
A 10h, le lieu était déjà plein comme un œuf. Journalistes, autorités politique et administrative, amis, parents, proches et voisins étaient là pour rendre hommage au disparu. Tout a été fait dans la sobriété, à l’image de la vie du défunt qui, discret et disponible, a partagé tout son savoir avec le monde de la presse en particulier, et ses concitoyens en général. Consternation et tristesse se lisaient sur les visages. C’était la désolation totale. Si certains portent des lunettes de soleil (noires fumées) pour dissimuler leur chagrin, d’autres se fondent en larmes. Momar Diongue, journaliste-formateur n’a pu retenir ses larmes. «Momar a les bénédictions de ses parents, de sa femme, de ses enfants et de toute sa famille entière», a témoigné son grand-frère, Pape Ndiaye. Dans la foulée, il a magnifié l’esprit de solidarité de son petit-frère qui a partagé tout ce qu’il a, durant sa vie. Car, dit-il «Momar a partagé son savoir avec le monde de la presse, avec le monde des intellectuels, avec le monde de la politique, avec le monde des universitaires».
Et de poursuivre: «il a partagé son patrimoine avec sa propre famille. A chaque fin du moi, il fait le tour de la famille pour donner à chacun une enveloppe». «Momar était un fervent croyant. D’ailleurs, il est allé très tôt à la Mecque, aux lieux saint de l’Islam pour accomplir un des piliers de l’Islam (le pèlerinage, ndlr)», a attesté Pape. Avant de remercier dans la foulée, l’épouse du défunt, la communauté de la presse ainsi que les autorités politiques. Souleymane Fall, ami d’enfance du défunt dira: «Momar, on s’est connu à bas âges. C’est entre les années 1964 et 1965», se souvient-il. «Son amour pour le journalisme, c’est dans le sang. Il a formé son premier son journal, «Colobane Morning», alors qu’il était encore à l’école primaire. Quand nous jouions au football, il reportait. Quand deux personnes se battaient, il se disait qu’il est la Cours suprême. Il est un homme de cœur, qui a les bénédictions de ses parents. Il est un homme libre. Son franc parlé n’est pas une chose qu’il a créée, mais plutôt fait partie de son sang», a dit-il Souleymane. C’est à 10h 48mn que le corbillard de la ville de Dakar est sortie de la morgue de l’hôpital Le Dantec, avec le la dépouille de Momar Seyni Ndiaye à l’intérieur. Il a été enterré cimetière musulman de Yoff où la prière mortuaire a été effectuée et où il reposera désormais pour l’éternité. Que la terre de Yoff lui soit légère.
TEMOIGNAGES… TEMOIGNAGES…
ABDOULAYE NDIAGA SYLLA, JOURNALISTE ET DIRECTEUR GENERAL DE L’ISSIC : «Momar réunissait toutes les qualités d’un journaliste de terrain»
«Il était un journaliste chevronné, très compétent et très disponible, qui a beaucoup apporté à la presse sénégalaise, du point de vue de la position qu’il prenait toujours dans le cadre de la défense de la liberté de la presse. Il est également attesté qu’il était, du point de vue de la couverture des évènements, quelqu’un de multidimensionnel. Il pouvait parler du sport, comme de l’économie ou de la politique. C’était quelqu’un de très disponible qui réunissait toutes les qualités d’un journaliste de terrain. Il a marqué la presse sénégalaise et son décès est quelque chose de très dure pour sa corporation. Il a toujours été aux avants postes dans les combats menés par le Synpics. Et il était également d’une disponibilité très remarquable quand il s’agissait de pousser les jeunes confrères à travailler comme il faut, en respectant les principes de l’éthique et de la déontologie.»
MOMAR DIONGUE, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE : «Quelqu’un qui a toujours voulu vivre à la sueur de son front»
«C’est une grande figure de la presse qui vient de partir. Quelqu’un qui a toujours porté en bandoulière le professionnalisme, sa déontologie, surtout sa probité intellectuelle. C’est quelqu’un qui a toujours voulu vivre à la sueur de son front. La meilleure preuve est, bien qu’il soit partie à la retraite, il n’a cessé de mener ses activités en enseignant dans les écoles, en faisant également des travaux de consultance; tout cela pour gagner honnêtement sa vie. Ce qui est maintenant une qualité rare. C’est ce que je retiens de lui. Et aussi son courage parce qu’il n’est pas évident de se savoir malade, mais de continuer toujours à se rendre disponible et continuer à mener ses activités. Ça, il faut s’armer de courage et avoir une bonne fois pour pouvoir le faire. Il est généreux dans tout ce qui est aspect matériel, mais généreux aussi dans ce qui est immatériel c’est-à-dire la transmission de son savoir. Il n’a jamais cessé de partager ses idées et ses connaissances avec les étudiants qu’il a eu à enseigner. Sa propension a toujours faire en sorte qu’à travers les amitiés qu’il a eu à tisser, d’autres amitiés se nouent et se tissent et se développent. Moi, il y a beaucoup de personnes que je ne connaissais pas et que j’ai eu la chance de connaître par le biais de Momar Seyni qui, dès que vraiment vous rentrez en contact avec lui, vous vous appréciez mutuellement. Et… il ne ménage aucun effort pour que cette amitié-là puisse se développer avec d’autres de son cercle. C’est quelqu’un qui rassemblait les amis autour de lui.»
SERIGNE MBAYE THIAM, MINISTRE DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT : «J’ai pu observer la hauteur, le caractère équidistant et la profondeur ses analyses»
«Je suis venu pour témoigner de l’estime, de la haute considération que j’avais pour l’homme, qui était aussi devenu un homme public parce qu’intervenant dans les médias publics. J’ai pu observer la hauteur, le caractère équidistant et la profondeur de ses analyses. Je ne l’ai pas connu personnellement, ni au plan professionnel, ni au plan privée, mais mon déplacement indique l’estime que j’avais pour lui dans l’exercice de ses missions au service de la société mais aussi des gouvernants. Parce qu’avoir des points de vue sur la façon dont nous conduisons les affaires qu’ils nous ont confié est toujours utiles pour un homme public qui est au service du peuple de son pays.»
ABDOU LATIF COULIBALY, JOURNALISTE ET ANCIEN MINISTRE DE LA CULTURE «Ses couvertures dans Le Soleil et ses rayonnements dans le basket sénégalais»
«C’est une grosse perte! C’est un homme d’une exceptionnelle valeur professionnelle qu’on perd de manière si brutale. Car je l’ai vu pas plus tard que dimanche dernier et aujourd’hui (hier jeudi, ndlr), on assiste à sa levée de corps. Nous avons été surpris par sa mort, mais malheureusement ça en est ainsi. On s’incline devant la volonté divine. Mais moi, personnellement, j’ai eu des relations assez exceptionnelles avec lui dans ma carrière professionnelle. Il était journaliste-reporter sportif. Je me rappelle de ses couvertures dans Le Soleil et de ses rayonnements dans le basket sénégalais. Nous avons été présentés par mon défunt cousin Cheikh Gueye.»