CRI DU CŒUR DES JEUNES AVOCATS SENEGALAIS
Précarité économique, fiscalité lourde, pénuries de formations continues post-capa...L’accès à la profession d'avocat est très sélectif au Sénégal. Et réussir le concours du barreau est perçu comme une réussite professionnelle et sociale

Le 20 juin dernier, les membres de l’Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS) ont élu un nouveau président en la personne de Me Mouhamadou Bassirou Baldé. Celui-ci s'engage à œuvrer activement pour l'épanouissement professionnel et le bien-être de la jeune génération d'avocats qui, malgré l’image dégagée, font face à des difficultés profondes.
L’accès à la profession d'avocat est très sélectif au Sénégal. Et réussir le concours du barreau est perçu comme une réussite professionnelle et sociale. Mieux, d’aucuns considèrent que les avocats vivent dans le luxe. Mais derrière cette apparence, force est de constater que certaines robes noires, particulièrement les jeunes, sont loin d’être nanties et épanouies.
Le nouveau président de l’AJAS estime en effet que contrairement à l’image perçue de l’extérieur, le jeune avocat fait face à des difficultés multiples et profondes, souvent invisibles au grand public. Il s’agit d’abord, selon Me Mouhamadou Bassirou Baldé, de la précarité économique dans laquelle beaucoup d’avocats évoluent, et de l’absence d’un accompagnement institutionnel à l’installation. «De nombreux cabinets fonctionnent sans aide publique, alors que les charges professionnelles sont particulièrement lourdes. Le manque de dispositifs fiscaux incitatifs aggrave encore cette précarité et ne facilite pas l’installation des jeunes confrères», a pesté Me Baldé dans une note parvenue à L’AS Quotidien. Ensuite, le Président de l’AJAS pointe du doigt l’accès restreint aux opportunités professionnelles qui constitue un obstacle majeur.
A l’en croire, la concurrence croissante sur un marché du droit saturé, l’absence de spécialisation valorisée et l’inégalité d’accès à certains contentieux à haute valeur ajoutée marginalisent les jeunes confrères. À cela s’ajoutent, regrette-t-il, des conditions matérielles d’exercice difficiles, ainsi qu’un accès limité à des ressources documentaires et technologiques à jour. Enfin, Me Baldé déplore la pénurie de formations continues post-CAPA (Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat) qui représente un déficit structurel. Selon lui, une fois le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat obtenu, très peu de programmes structurés accompagnent les jeunes confrères dans la consolidation de leurs compétences pratiques, notamment en gestion de cabinet, fiscalité ou en gestion et fidélisation de la clientèle.
PRIORITES DE L’AJAS
Par ailleurs, Me Mouhamadou Bassirou Baldé a décliné les priorités de la nouvelle équipe dirigeante de l’Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS). Il estime que leur ambition est de faire de l’AJAS une association dynamique, solidaire, formatrice et influente, pleinement ancrée dans les réalités du jeune avocat sénégalais.
Leurs priorités, dit-il, s’articuleront autour de plusieurs axes stratégiques : «le renforcement des capacités professionnelles des jeunes avocats à travers des formations techniques et pratiques adaptées; l’amélioration des conditions d’exercice, notamment en militant pour la mise en place de dispositifs de soutien à l’installation et à la protection sociale des jeunes avocats; le développement de partenariats institutionnels et internationaux, afin d’ouvrir davantage de perspectives professionnelles à leurs membres; et la diversification des services rendus à la communauté juridique, pour faire de l’AJAS un acteur incontournable du Barreau et de la société civile».
Le nouveau bureau de l’AJAS, installé pour deux ans, dit également vouloir inscrire son action dans la durée, en construisant des solutions pérennes aux difficultés structurelles que rencontrent les jeunes avocats, avec pour seule boussole : l’intérêt général de la profession. Auparavant, le nouveau président de l’AJAS, Mouhamadou Bassirou Baldé avait exprimé sa profonde gratitude envers ses pairs pour la confiance placée en lui. Il dit également mesurer pleinement la solennité et la responsabilité attachées à cette fonction