DES ACTIONS PÉRENNES À LA PLACE DE MESURES RÉACTIVES
L’opération de désengorgement de la capitale, énième du genre, entamée par les autorités la nuit de mardi à mercredi, intervient au lendemain de la sortie du président de la République nouvellement réélu, Macky Sall, dans ce sens.

L ’opération de désengorgement de la capitale, énième du genre, entamée par les autorités la nuit de mardi à mercredi, intervient au lendemain de la sortie du président de la République nouvellement réélu, Macky Sall, dans ce sens. Dans son discours, à l’occasion de sa prestation de serment, le 02 avril dernier, le président Macky Sall avait annoncé qu’«il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques des zones inondables comme le technopole de Dakar !».
En application de cette injonction du chef de l’Etat, le nouveau ministre de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique a intérêt à passer à l’action et plus vite rendre Dakar propre, après plusieurs sommations. Toutefois, des mesures similaires initiées par le passé ayant donné des résultats connus de tous, se pose alors l’équation du suivi. Car des initiatives de ce genre, il y’en a eu plusieurs, avec à chaque fois des slogans chocs de l’autorité annonçant la fin de la récréation pour en finir avec l’indiscipline, l’incivisme, le non-respect des lois et règlements. «Plus jamais ça !», «Tolérance zéro», «Zéro accident» de la route, «Zéro impunité», «Force restera à la loi», etc. sont autant de slogans creux servis au Sénégalais par l’autorité pour donner plus de force aux nombreuses décisions et mesures prises, mais qui ont toutes péché, faute de suivi. Conséquence, l’anarchie et le désordre, avec des branchements électriques clandestins continuent toujours dans les marchés et autres établissements marchands souvent dévastés par des incendies.
Les cars rapides, «ndiaga ndiaye», minicars, minibus et bus peuvent continuer à fouler au pied le Code de la route et à recourir à la surcharge au vu et au su de tous, y compris certains agents de circulation. Tant que cela ne résulte pas sur un ou des accidents graves, avec à la clé plusieurs pertes en vies humaines, c’est normal. Des motos-taxis et autres conducteurs de deux roues peuvent continuer à rouler sans casques de protection (sous prétexte que c’est «encombrant»). Des camions ou autres véhicules en panne peuvent stationner sur les routes ou le bas-côté des routes nationales mal ou non éclairées, sans aucune insigne de signalisation; tant qu’aucun véhicule de transport en commun ou particulier ne les percute brutalement la nuit, entrainant la mort de paisibles voyageurs; ce n’est pas grave.
Les municipalités peuvent transformer les trottoirs situés dans leurs territoires administratifs en parkings payant, si ceux-ci ne sont pas occupés par des marchands dit ambulants (mais en réalité sédentaires), obligeant parfois piétons et automobilistes à se partager les chaussées. Des habitants ont toute la latitude d’engager des constructions sans aucun respect des normes, obstruer toutes les issues des quartiers et également barrer des voies principales ou ruelles pour des cérémonies religieuses, «sabar», «simb» ou autres manifestations, procéder à des tapages nocturnes, sans aucune autorisation; c’est compréhensible. Aussi n’allez pas rappeler à des populations, en dehors des autorités, leur responsabilité de revoir leurs comportements, attitudes et relations et rapports de tous les jours avec l’entourage et les biens publics pour la salubrité publique et un meilleur cadre de vie pour tous. Alors, plus que des mesures réactives, place à des actions pérennes pour changer ce «visage hideux» du Sénégal.