DES PÊCHEURS DE JOAL KIDNAPPENT ET SÉQUESTRENT DEUX MILITAIRES BISSAU-GUINÉENS
Un incident diplomatique frôlé

Plusieurs arrestations ont été opérées hier par la compagnie de gendarmerie de Mbour parmi les membres de la communauté des pêcheurs de Joal-Fadiouth. Les pêcheurs arrêtés sont suspectés de faire partie de la bande qui avait procédé la veille au kidnapping de deux gardes côtes Bissau-Guinéens alors que ces derniers opéraient dans leur propre pays.
Selon des sources autorisées, c’est mardi dernier que des pêcheurs partis de Joal ont vu leur embarcation interceptée par des militaires de nos voisins du Sud. Il s’en est suivi alors une vive altercation au cours de laquelle nos compatriotes, piqués par on ne sait quelle mouche, ont eu le toupet de kidnapper deux parmi les gardes côtes bissau-guinéens. Ne se contentant pas de cette forfaiture, ils sont carrément rentrés au bercail avec leurs « otages » sans se soucier des conséquences graves de leur acte irresponsable dans les relations entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.
Les autorités de ce dernier pays, informées de l’enlèvement de deux membres de leurs forces de défense, ont vite saisi leurs homologues sénégalaises. C’est ainsi que la Gendarmerie nationale, par le biais de la compagnie de Mbour, est entrée en action en effectuant une descente musclée à Joal pour procéder à la libération manu militari des deux garde-côtes bissau guinéens. Les hommes en bleu ne se sont pas limités pas à cette action salutaire, car ils ont aussi procédé à une vague d’arrestations au sein des pêcheurs de la cité de Maman Nguédj (génie tutélaire de la ville).
Mieux, le dossier de cette bourde de nos pêcheurs, qui pouvait nous valoir un incident diplomatique avec nos voisins lusophones, a été transmis au Parquet du tribunal de grande instance de Mbour pour que toutes les conséquences pénales de cet acte gravissime de nos compatriotes soient tirées.
En attendant, le sujet occupe l’essentiel des conversations à Joal –Fadiouth, particulièrement au quai de pêche, où certains pêcheurs rencontrés se demandent encore comment leurs jeunes collègues ont pu en arriver à ce stade de défiance. Il est vrai que nos pêcheurs, dont ceux de Joal, sont souvent accusés à tort ou à raison de faire entorse par leurs pratiques de pêche aux règlements en vigueur dans certains pays voisins dont la Guinée Bissau, ce qui a, à plusieurs reprises, valu à nos compatriotes des mesures répressives allant de l’arraisonnement de leurs embarcations à leur emprisonnement en passant par des amendes à leur encontre.
D’ailleurs, à plusieurs reprises certains de nos pêcheurs ont - été blessés par balles voire tués par les mêmes balles de ces gardes côtes des pays voisins. Cela dit, la scène de kidnapping digne d’un polar dont on vient d’assister au dénouement provisoire est rarissime même s’il y a eu effectivement au moins un antécédent du même genre, des pêcheurs sénégalais ayant eu par le passé à enlever au moins un garde-côte bissau-guinéen.