ET SI LES RELIGIEUX AVAIENT «TRAHI» MACKY SALL ?
Ils ont choisi de le laisser seul face à la meute hurlante des activistes exigeant la réouverture des mosquées

Des activistes et des maîtres chanteurs ont mis la pression sur le président de la République qui a fini par rouvrir les lieux de culte le 12 mai dernier, au lendemain de son adresse à la Nation de la veille. En fait, si le chef de l’État a décidé finalement d’autoriser la réouverture sous certaines conditions des lieux de culte, alors pourtant qu’il a tout fait pour ne pas en arriver là, c’est parce qu’il n’a pas bénéficié du soutien des chefs religieux dans sa volonté de garder les mosquées et les chapelles fermées. Pour contenir la propagation du coronavirus. Aucun d’eux ne s’est exprimé ouvertement pour le soutenir face aux bruyants activistes et à une minorité de guides religieux qui réclamaient à cor et à cris cette réouverture. Alors que jamais ils n’ont été autant aidés par l’Etat que sous le magistère du président Macky Sall, les chefs religieux l’ont laissé désespérément seul mener le combat contre les francs-tireurs partisans de la réouverture des lieux de culte. Et s’ils avaient « trahi » Macky qui a pourtant beaucoup fait pour eux dans le cadre de la modernisation des cités religieuses mais pas seulement ?
Lors de son adresse à la Nation du 23 mars 2020, le président de la République avait, entre autres mesures, décrété la fermeture des lieux de culte pour éviter tout rassemblement pouvant favoriser la propagation du Covid-19. Une décision que beaucoup de foyers religieux ont suivie. Mais, cela n’a duré que le temps d’une rose. Car, quelques jours plus tard, des voix ont commencé à se lever pour réclamer la réouverture des lieux de culte, mosquées notamment. Sur les réseaux sociaux, dans les télévisions, radios et autres canaux de communication, le président Macky Sall était prié, voire sommé, de rouvrir les lieux de culte. Au même moment d’autres foyers religieux, Touba, Léona Niassène, Médina Gounass et même Yoff Layènes au début, ont défié la toute-puissance de l’état. Sans compter les activistes de la Ligue des Imams et Oulémas qui donnaient de la voix pour exiger la réouverture des mosquées.
A Léona Niassène, le Khalife s’était même dit prêt à aller en prison dès ce vendredi car déterminé à prier dans sa mosquée. Dans une vidéo, le brave homme a dit avoir déjà préparé sa couverture et ses draps pour le cas-où. La clameur montant et la pression se faisant plus intense, Macky Sall, ne pouvant compter ni sur l’opinion ni sur les chefs religieux qu’il a tant choyés, et ne sachant sans doute sur quel pied danser, a fini par capituler. «… Il sera également procédé à la réouverture des lieux de culte. Le ministre de l’Intérieur, en rapport avec le ministre de la Santé et de l’Action sociale, engagera les consultations nécessaires à cet effet avec les guides spirituels et les associations religieuses, pour convenir des conditions et modalités…», déclarait le président de la République le 11 Mai dernier dans son discours, abdiquant ainsi face à certains religieux et activistes.
Grande Mosquée de Dakar, Zâwiya Seydi El Hadj Malick Sy de Dakar, mosquée Omarienne et l’Église maintiennent leur fermeture !
Preuve que les exigences de réouverture émanaient de minorités agissantes, comme disent les trotskystes, malgré la capitulation du président de la République, l’écrasante majorité des mosquées du pays restent fermées. Et n’entendent pas rouvrir leurs portes. Une parenthèse pour parler de l’Eglise qui, elle, n’a jamais demandé la réouverture de ses chapelles. Et a, le soir même du discours présidentiel, fait savoir qu’elle maintiendrait les portes de ses chapelles closes.
Par la voix de Monseigneur benjamin Ndiaye, Archevêque Métropolitain de Dakar, l’Eglise catholique a décidé de maintenir « toutes les dispositions déjà prises dans ses communiqués précédents, notamment celui en date du 06 mai 2020, dans lequel elle disait maintenir « la suspension des Messes de caractère public ». Une mesure qui, selon elle, concerne aussi le grand rendez-vous du Pèlerinage National à Popenguine qui devrait se dérouler le weekend de la Pentecôte, du 30 mai au 01 Juin 2020. Chez les musulmans aussi, les partisans de la réouverture sont largement majoritaires. C’est ainsi que la Zawiya El hadj Malick Sy de Dakar et la Grande Mosquée de la capitale ont tout bonnement décidé de garder leurs portes fermées aux fidèles.
Dans un communiqué reçu par notre rédaction, le chargé de la communication de ladite Zâwiya, Pape Khalifa Ndiaye, informe qu’en raison de la situation sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, et de la hausse des cas de transmission communautaire à Dakar, l»Imam Râtib de la Zâwiya Seydi El hadj Malick Sy, El hadj Ousmane Diop, maintient la fermeture de la Zâwiya aux fidèles jusqu’à nouvel ordre. Et d’ajouter que « l’Imam Râtib invite les fidèles au respect des mesures barrières et des prières recommandées par le Khalife Général des Tidianes pour l’éradication de cette maladie au Sénégal et dans le monde entier. » La grande mosquée de Dakar va elle aussi rester fermée. Dans un communiqué, le Grand Imam de Dakar informe tous les musulmans qu’il a pris bonne note des mesures d’allégement prises par le chef de l’Etat dans le cadre de la riposte contre le Covid-19. Cependant, en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmente de jour en jour, le Grand Imam de Dakar, El hadj Alioune Moussa Samba « rappelle à tous les musulmans que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue.
Les raisons évoquées pour la fermeture des mosquées restent aujourd’hui plus valables que jamais. Il est de notre responsabilité de veiller à la sécurité sanitaire des fidèles. Il advient que nous n’avons pas les moyens de faire respecter les gestes barrières pour éviter une éventuelle contamination dans la Grande Mosquée de Dakar ». Le Grand Imam Dakar rappelle que les fidèles doivent prier dans le calme, la sérénité, la tranquillité du cœur et de l’esprit ; donc sans stress. Enfin « le grand Imam El hadji Alioune Moussa Samba, en accord avec le Grand Serigne de Dakar El hadj Abdoulaye Makhtar Diop, Chef Supérieur de la Collectivité Lébou et les dignitaires invitent les chefs des douze Pinthies et les Imams de la Collectivités Lébou à la prudence et de rester très vigilants en veillant à la fermeture des lieux de culte ». En sus de la Zâwiya Elhadji Malick Sy et de la Grande Mosquée de Dakar, la Mosquée Omarienne aussi a décidé de maintenir la fermeture.
Les religieux lâchent Macky au moment où il a le plus besoin d’eux…
Au vu de tout ce que Macky Sall a fait pour eux non seulement dans le cadre de la modernisation de leurs cités mais aussi en termes de soutiens financiers, d’aides dans l’organisation de leurs événements religieux, de délivrance de passeports diplomatiques, titres de voyage, d’évacuations sanitaires et autres, les chefs religieux musulmans devaient sans hésiter être les premiers à soutenir le président de la République dans sa guerre contre le coronavirus. Or, une victoire sur cette guerre passe notamment par l’interdiction des rassemblements dont ceux des fidèles dans les lieux de culte. Lorsque donc des activistes et des marabouts francs-tireurs réclamaient avec insistance la réouverture des mosquées, si les khalifes des grandes familles s’étaient prononcés ouvertement contre cette réouverture au nom d’impératifs sanitaires, les oukases de la minorité agissante n’auraient pas prospéré. hélas, ils ont choisi de garder le silence au moment où le président de la République était lynché de toutes parts. Et pourtant, ils étaient sur les mêmes positions que le Président comme le montre leur refus de rouvrir les mosquées malgré le feu vert présidentiel ! Il aurait juste suffi qu’ils fassent faire des déclarations par leur porte-parole pour que le Président fût conforté dans sa volonté justifiée et légitime de garder les lieux de culte fermés jusqu’à la victoire sur le coronavirus. En se taisant, ils ont fait le jeu des agitateurs et des maîtres chanteurs !