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FATOU SOW, DÉFRICHEUSE DU FÉMINISME AFRICAIN

A 79 ans, la sociologue sénégalaise n’a rien perdu de la fougue qui l’a toujours animée et dénonce plus que jamais les conservatismes culturels et les fondamentalismes religieux qui menacent les droits des femmes

Le Monde  |   Séverine Kodjo­grandvaux  |   Publication 30/11/2019

Fatou Sow est l’une de ces fem­mes de tête dont l’élégance al­tière et la grandeur de carac­tère compensent une taille qu’elle dit volontiers « petite ». La voix douce et le visage serein dissi­mulent mal une détermination que l’on devine sans faille. Et l’on peut imaginer sans peine que cette Séné­galaise de 79 ans n’a guère manqué de courage sa vie durant : elle a dû être animée d’une volonté de fer pour parvenir à s’imposer comme une sociologue féministe dans le mi­lieu très masculin de la recherche. Fatou Sow est une pionnière.

Née en 1940 à Dakar dans une fa­mille de lettrés originaire de Saint­-Louis, elle est l’une des 2 femmes parmi 300 étudiants à entrer à l’uni­versité lorsque son pays devient in­dépendant, en 1960. Elle sera, se sou­ vient­elle, « la seule femme membre du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique [Codesria] dès sa création en 1973» – elle y créera d’ailleurs le premier institut sur le genre, en 1994. « Elle a mené un combat d’envergure, salue, admiratif, l’historien Mama­dou Diouf, directeur de l’Institut d’études africaines de l’université Co­lumbia, à New York, et ancien direc­ teur du Conseil. Elle a produit une ar­chitecture conceptuelle africaine dans une problématique globale, et elle a été la première à rassembler les ap­proches anglophone et francophone pour une étude féministe africaine. »

De la ruse, il en a fallu à Fatou Sow pour s’imposer. Après des études en France et aux Etats­-Unis, où elle a dé­ couvert les women studies, celle qui a fait sa carrière au CNRS et à l’Institut fondamental d’Afrique noire, à l’uni­versité Cheikh­ Anta ­Diop de Dakar, a non seulement introduit les études féministes au Sénégal, mais elle a eu aussi, précise Mamadou Diouf, « une extraordinaire influence ces vingt der­nières années sur les sciences sociales en Afrique ». Fatou Sow se souvient «En 1988, j’ai proposé à l’université un cours d’“études des femmes” car je sa­ vais que, si je l’appelais “féministe”, il serait rejeté. Peu avant, Awa Thiam, qui avait publié son livre La Parole aux Négresses, en 1979, avait proposé un enseignement d’“anthropologie des sexes” », dont l’intitulé avait choqué. Bien évidemment, il avait été refusé.»

Comme Awa Thiam, elle a ouvert tout un champ de recherches qui ne sera reconnu qu’au milieu des an­ nées 2000, avec la création du Labo­ratoire de recherche sur le genre et la science, dirigé par son homonyme Fatou Sow Sarr. «Ce qui m’a toujours importé, explique-­t-­elle, c’était de me­ner une critique féministe des sciences sociales en Afrique. Nous, les chercheu­ ses africaines, avons très tôt remis en question l’universalisme prétendu des féministes françaises ou américaines, avec lesquelles nous avons rompu, car elles étaient coloniales : elles étaient le produit de leur histoire, qu’elles n’avaient pas déconstruite. Elles par­laient du patriarcat, mais elles n’ont ja­ mais considéré la colonisation comme un vecteur d’inégalités. Or, la colonisa­tion a eu des répercussions terrible­ ment négatives sur les droits des fem­mes et leur statut. Vouloir décoloniser le féminisme n’est pas nouveau!»

Une idée que reprend l’historienne et politologue Françoise Vergès, auteure de l’ouvrage Un féminisme décolonial (La Fabrique, 208 pages 12 euros). « Fatou Sow est extrême­ment importante pour le féminisme africain et la recherche féministe en général, car elle a questionné l’univer­salisme abstrait du féminisme occi­dental. Elle a écrit sur les femmes mu­sulmanes en Afrique de l’Ouest d’un point de vue féministe du Sud global. Elle est absolument à redécouvrir, surtout dans cette période de rivalité universitaire, où chacun et chacune veut être la première à... Elle est repré­ sentative de toute une génération fé­ministe postindépendance qui aborde les questions du développe­ment, des femmes, du genre, des sexualités, de la religion, mais dont les approches semblent “dépassées”. Cependant, ces féministes ont tou­ jours à nous apprendre. »

Paradoxalement, la chercheuse sé­négalaise est relativement critique vis­à­vis du féminisme décolonial, apparu il y a peu dans le paysage français. « Ce féminisme­ là nous a seulement permis de nous poser comme femmes racisées – terme que je déteste ! Or, en Afrique, moi, je ne relève pas d’une minorité visible. L’afroféminisme ou le “black femi­nism” ne sont valables que pour l’Oc­cident, pas pour l’Afrique. En fait, ce discours féministe décolonial actuel a du pouvoir parce qu’il vient d’Occi­dent. On l’écoute davantage qu’on ne prête attention à ce que disent et pen­ sent les féministes africaines. »

Autre point de désaccord : la ques­tion du voile. Alors que la militante Rokhaya Diallo défend la possibilité d’un féminisme voilé, Fatou Sow, musulmane et coordinatrice du ré­seau « Femmes sous lois musulma­ nes pour l’Afrique de l’Ouest», ne mâche pas ses mots. «Il n’y a pas de choix à porter le voile. C’est faux ! Le voile, c’est l’enfermement des femmes. Certaines féministes décoloniales en France en font aujourd’hui un sym­bole de résistance et de résilience des femmes, mais, en Egypte, dans les an­nées 1920­1930, les femmes qui lut­ taient pour leur autonomie se sont battues contre le voile. La question est de savoir si j’ai besoin d’une identité musulmane et, si tant est que je la prenne, est-­ce que c’est le voile qui va faire mon identité musulmane ? »

Première personnalité d’Afrique in­vitée à donner la conférence an­nuelle de l’Institut historique alle­mand (Paris), Fatou Sow refuse d’évoquer la question du genre et des fondamentalismes en Afrique. Une évidence pour Mama­dou Diouf, qui lui reconnaît « le cou­rage de dire ce que beaucoup n’osent aborder ». « Fatou Sow n’a pas peur de partir à l’assaut des citadelles reli­gieuses et des citadelles patriarcales fondées sur les traditions africaines. »

La laïcité, une condition sine qua non

La sociologue constate, en effet, que les Africaines doivent faire face à diffé­rents fondamentalismes religieux (is­lamique ou chrétiens, notamment ca­tholique et protestant) mais aussi cul­turels, qui entendent gérer et les corps et les âmes des femmes. «La manière de pratiquer l’islam en Afrique a changé. On assiste à une réarabisation de l’islam et à une réreligionisation, si je puis m’exprimer ainsi, de la culture sous l’influence des monarchies arabes et de leurs pétrodollars », dénonce celle pour qui la laïcité est une condi­tion sine qua non du droit des fem­mes. Fatou Sow s’inscrit en faux contre le féminisme islamique qui, se­lon elle, «va chercher dans un texte vieux de quatorze siècles des manières de libérer les femmes aujourd’hui».

«En fait, le féminisme islamique a été créé par des femmes qui vivent dans un système où l’islam est une religion d’Etat et où, si elles veulent se battre, el­les ne peuvent le faire qu’à l’intérieur du Coran, comme en Iran ou en Arabie saoudite. C’est une stratégie. »

Fatou Sow se démarque également de certaines sociologues africaines qui, comme la Nigériane Oyeronke Oyewumi, récusent la différence homme/femme, qui serait occiden­tale et ne correspondrait pas aux ca­tégories sociales opérantes en Afri­que. Elle ne croit pas non plus, comme la juriste sénégalaise Fatou Kiné Camara ou l’écrivaine et cher­cheuse Catherine Acholonu, que la maternité et le matriarcat peuvent être les bases d’un pouvoir féminin africain. « Le matriarcat n’est pas le pouvoir aux femmes. Ce système dit juste qu’à travers notre fonction uté­rine nous transmettons le pouvoir et les biens aux hommes, insiste-t­-elle. On entend souvent dire en Afrique que le féminisme est une importation occi­dentale et ne vient pas de nos tradi­tions africaines. Mais je n’en veux pas, de ces valeurs traditionnelles, si elles me réduisent à ma fonction utérine ! Je veux des valeurs africaines que l’on re­pense pour que nous ayons un projet de société qui nous inclut afin que nous puissions participer au politique, mais en le transformant. Il ne s’agit pas d’être une femme politique comme un homme politique. » 

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