HAUSSE DE 25 FCFA SUR LE PRIX DU PAIN, LES CONSOMMATEURS, MECONTENTS, DEVERSENT LEUR COLERE SUR LE GOUVERNEMENT
Si les boulangers affichent le sourire avec la hausse de 25 francs sur le pain autorisée par l’Etat, le consommateur, lui, se demande où il pourrait encore trouver le diable pour lui tirer la queue.

L’augmentation du prix du pain est apparemment le sujet le plus commenté ces jours-ci par compatriotes qui estiment qu’elle n’avait pas sa raison d’être. Et surtout en cette période où les factures d’eau et d’électricité s’envolent tout en leur donnant le tournis. Un malheur ne venant jamais seul, les prix des denrées de première nécessité comme le pain prennent également l’ascenseur. Résultat : beaucoup de consommateurs et de commerçants manifestent leur mécontentement et leur déception contre le régime de Macky Sall.
Si les boulangers affichent le sourire avec la hausse de 25 francs sur le pain autorisée par l’Etat, le consommateur, lui, se demande où il pourrait encore trouver le diable pour lui tirer la queue. Surtout les familles nombreuses qui devront se sacrifier plus encore pour pouvoir se payer leurs baguettes de pain nécessaires au petit déjeuner. Voire acheter plus cher le « pain-ndambé », le « pain-omelette » et le « pain-thon » qui leur tiennent lieu de dîner ! C’est dans la journée de mardi que ce père de famille a appris devant l’étagère du boulanger la hausse du prix du pain. Il a ainsi dû retourner à la maison prendre une pièce supplémentaire de 100 francs avant de prendre ses quatre miches de pains habituelles pour sa famille. « Ça ne sera pas facile. Certains pourront trouver insignifiante cette hausse, mais les familles nombreuses vont ressentir le coup », lance dépité notre interlocuteur. Juste en face de cette boulangerie, tenant un restaurant de fortune à la devanture de sa maison, la dame Aida Ndiaye dit être très surprise par cette hausse du prix du pain. Elle doit donc réviser ses prix mais pense à ses nombreux clients dont certains avaient du mal, déjà, à s’offrir un repas. « Les temps sont durs. Beaucoup de personnes font du ‘’TaabaTaaba’’ et du goorgorlu. Nous, qui vendons dans la rue, sommes mieux placées que quiconque pour le dire. Nous sommes confrontées à toutes sortes de clients. Des gens se présentent les poches vides. Certains viennent souvent avec la modique somme de 100 FCFA. Beaucoup de clients prennent le petit déjeuner à crédit, et au milieu de la journée, lorsqu’ils terminent de faire le ‘’goorgorlu’,’ ils reviennent payer », renseigne la tenancière. Parmi ses clients, des pères et mères de famille font un crochet chez elle pour le goûter de leurs tout petits.
La hausse du prix du pain va donc alourdir leurs dépenses quotidiennes. C’est le cas d’Ousmane Diouf accompagné de ses deux enfants et qui s’approvisionnait auprès de la restauratrice Aïda Ndiaye. Tout en se désolant de cette hausse, il estime que tout est devenu plus cher dans le pays et tout a augmenté malgré les sorties du ministre du Commerce visant à rassurer les consommateur. « Tout a augmenté. Les prix des denrées de première nécessité et même le bouillon a connu une hausse. Ce, sans compter l’eau et l’électricité », se désole notre interlocuteur qui pense que ce n’était pas ça la promesse faite par Macky Sall en 2012. « Les Sénégalais en ont marre de se réveiller chaque jour avec des hausses. Il est temps que ça s’arrête ! », éructe de rage notre interlocuteur. Si M. Diouf fulmine contre les hausses, le taximan Ousseynou Niang enrage contre la qualité du pain qui n’est plus la même qu’avant. « Mbourou légui khott rékk la (Ndlr, le pain, aujourd’hui, ce n’est plus qu’une carcasse sans mie à l’intérieur) . Même avec deux miches, si on ne le remplit pas avec des brochettes, des œufs ou du ‘’ndambé’’, ce pain ne sert à rien », dit-il avec un humour décapant , montrant sa gourmandise .
Face à la hausse du pain et sa pauvreté supposée en qualité nutritive, notre interlocuteur dit porter sa préférence pour le couscous avec du lait caillé ou « Caacry ». Ce dès lors qu’il lui arrive de dépenser 700 FCFA ou 800 FCFA en pains chez la restauratrice d’à côté sans pour autant être rassasié. Aussi appelle –t-il les Sénégalais à retourner à la consommation des produits locaux moins chers et plus riches que le pain en éléments nutritifs. Mais face à leur dépendance à l’égard du pain, qui n’a d’égale que leur attachement au riz, ce n’est pas demain que les sénégalais changeront leurs habitudes alimentaires. Les mé- nages devront donc se résoudre à souffrir financièrement pour la consommation de leur traditionnelle baguette de pain. Autrement dit, de leur cher « mbourou ».