764 BETES VOLEES EN 8 MOIS, DES RISQUES DE VENDETTA !
Les relations de bon voisinage entre le Sénégal et la Guinée Bissau se détériorent considérablement ces derniers mois sur toute la bande de frontière qui couvre la zone du Balantacounda dans le département de Goudomp.

Les relations de bon voisinage entre le Sénégal et la Guinée Bissau se détériorent considérablement ces derniers mois sur toute la bande de frontière qui couvre la zone du Balantacounda dans le département de Goudomp. Les vols massifs de bétail aux allures d’une véritable razzia s’y opèrent régulièrement avec usage d’armes à feu. Les nombreuses initiatives des comités paritaires de lutte contre le phénomène n’ont jamais donné les résultats escomptés. Les éleveurs s’indignent des tracasseries et de la corruption en Guinée Bissau. Ils menacent au demeurant de sévir pour protéger leurs biens. Une assemblée générale a réuni les différents acteurs sans toutefois aboutir à des solutions idoines et durables.
Bien plus qu’un simple acte de vol, ce sont des razzias qui se font sur le bétail en zone de frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Les communautés qui habitent ce terroir du Balantacounda dans l’extrême sud du Sénégal, déclarent avoir perdu au courant de cette année 2025, 764 bêtes ; bovins et petits ruminants confondus en seulement huit mois. Annonce faite en fin de semaine dernière lors d’une assemblée générale paritaire sénégalo-Bissau guinéenne à Fassada dans la commune de Yarang Balante département de Goudomp. « Au courant de cette année 2025 seulement, entre le 14 janvier et le 08 août, nous avons enregistré 764 pertes de bêtes que ce soit les bœufs ou les petits ruminants. Nous en avons retrouvé 310 et le reste a mystérieusement disparu en Guinée Bissau. Ces chiffres cumulés pour ces dernières années vont un trésor et une économie colossale qui s’évapore ainsi et avec impunité », a déclaré Jean Séraphin Mané, le président du comité de vigilance du Balantacounda.
LA CORRUPTION, UNE GANGRÈNE QUI GRANDIT !
Les recherches sont difficiles et récupérer les bœufs volés en territoire guinéen devient une gageure. Moussa Wollou, un des éleveurs du Balantacounda a informé que ce sont ses bœufs qui ont été récemment volés : « nous les avons poursuivis jusqu’en Guinée Bissau. Après les avoir retrouvés, nous avons eu beaucoup de tracasseries avec les forces de police de la Guinée Bissau. Ils nous ont présenté le voleur mais malheureusement, ces agents de police ont confisqué trois têtes de bœuf et nous ont restitué les onze au motif que c’est leur pourboire. C’est vraiment dommage s’ils ne sont donc tout simplement pas complices de ces vols récurrents », s’indigne le vieil homme, manifestement très amer. « Voler du bétail est un acte de bravoure », selon des Guinéens La partie guinéenne de Bissau déplore également des cas de vol avec des saisonniers qui annoncent clairement l’objet de leur présence sur leur sol. Malang Camara, un éleveur venu de la Guinée Bissau raconte que « les cas de vol de bétail sont tout aussi récurrents en Guinée Bissau. D’ailleurs, nous recevons des individus qui nous disent clairement être venus pour une campagne de vol de bétail. Chez nous ici en Guinée, voler du bétail est considéré comme un acte de bravoure. C'est difficile de les combattre car la corruption est très développée en Guinée Bissau. Et pis, si tu affiches manifestement ta désapprobation, tu deviens la prochaine cible des visiteurs armés », se désole-t-il.
Jean Séraphin Mané, le président du comité de vigilance du Balantacounda, lance un énième appel à l’Etat du Sénégal pour abréger leur souffrance vécue au quotidien « le mal est très pénible chez nous ici dans le Balantacounda. Le comité de vigilance seul ne peut pas venir à bout de ce phénomène. Il faut que l’Etat du Sénégal nous vienne en aide car ce qui se passe dans cette zone ne saurait prospérer. Des individus en arme viennent t’attaquer nuitamment et impunément et en te défendant si tu abats un voleur, tu finis le reste de ta vie en prison. Cela ne peut pas continuer vraiment. Nous sommes des Sénégalais et nous avons de droit besoin de vivre dans la sécurité », dixit Jean Séraphin Mané le président du comité de vigilance du Balantacounda. Et pourtant, des solutions avaient été envisagées telles que le marquage du bétail, l’immatriculation, la criminalisation du vol de bétail entre autres. Mais dans leur application, ces mesures n’ont vraiment pas été suivies d’effets considérables et dissuasifs. Dans cette zone de frontière, le vol de bétail est l’une des sources de conflits les plus actives qui nécessite et urge une solution diligente pour éviter les velléités d’une justice populaire au dépend du bon voisinage.