LA FRANCE REJETTE LES ACCUSATIONS SUR LES VISAS
"Il n'y a pas de durcissement, ce sont vos dossiers qui ne sont pas bons." La réponse de la diplomatie française aux associations sénégalaises qui dénoncent les refus massifs de visas sans remboursement des frais fait grincer des dents à Dakar

De plus en plus de voix se soulèvent au Sénégal pour dénoncer les refus de visas Schengen sans remboursement des frais versés. Mais la consule générale de France à Dakar rassure qu’il n’y a aucun durcissement de politique sur les visas; non sans informer qu’une bonne partie des refus est liée à la qualité des dossiers présentés
L’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), en partenariat avec la Direction des Sénégalais de l’Extérieur (DSE) et le Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires (ICMPD), a organisé hier la 4ᵉédition du Forum Mobilité et Diaspora.
Lors des panels sur les dispositifs de mobilité vers la France, la question des refus de visas sans remboursement des frais a été posée par le Président de la Fédération des Associations des Sénégalais de l’extérieur et de retour (Faser), Youssoupha Mbengue.
La FASER fait partie d’ailleurs du Réseau migration développement (Remidev) qui avait lancé en fin d’année 2024 une pétition pour déplorer entre autres doléances, la complexité des démarches et les frais non remboursés en cas de refus.
Prenant la parole hier, la Consule générale de France à Dakar, Nathalie Node a de prime abord déclaré qu’il n’y a pas de durcissement de politiques sur les visas. A l’en croire, l’ajustement entre le taux de délivrance et le taux de refus s’est fait naturellement en fonction de la qualité des dossiers présentés à l’administration.
Elle rappelle d’ailleurs avoir ouvert cette année plus de créneaux de rendez-vous aux primo-partants qui demandent les visas court séjour Schengen. “J’ai constaté une très forte hausse mais la qualité des dossiers ne permettait pas de délivrance. Il n’y a pas de durcissement de politique, ce sont les dossiers qui sont présentés qui ne permettent pas de délivrance”, a-t-elle répété. Une manière de dire qu’il n’y a pas d’instruction à ce niveau envoyée par le ministère de l’Intérieur etle ministère des Affaires étrangères de la France concernant un taux de refus ou de délivrance. En ce qui concerne les tarifs, souligne-t-elle,
ils sont communs à l'ensemble des pays membres de l’espace Schengen.Nathalie Node d’ajouter qu’elle ne pourrait pas répondre à la place de l’ensemble des Etats membres qui ont décidé d’un tarif ou d’une augmentation de tarif. Elle affirme dans la foulée que de toute façon, les frais de visas ne sont pas restitués parce qu'ils appartiennent au budget d’Etat. “Ils ne couvrent pas l’ensemble des frais qui permettent à l’administration française de fonctionner. L'ensemble des agents, qui tous les jours examinent les dossiers, ne sont pas payés par les frais de visa. Et le remboursement n’est pas fait parce que tout simplement ces frais permettent de couvrir une infime partie des dépenses”, a-t-elle fait savoir. En définitive, Nathalie Node a insisté sur la responsabilité du demandeur dans la constitution de son dossier. Selon elle, si le demandeur respecte la réglementation, l’administration va lui délivrer le visa. “Je préfère toujours délivrer le visa parce qu’il est plus facile de délivrer que de refuser”, a-t-elle conclu à ce propos.
PROMOTION DE LA MOBILITE CROISEE ENTRE LE SENEGAL ET LA FRANCE
Auparavant, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum, l’ambassadrice de la France au Sénégal, Christine Fages avait assuré qu’elle travaillait pour la promotion de la mobilité croisée entre le Sénégal et la France. « Notre objectif est de créer des dispositifs de mobilité qui permettent aux jeunes Sénégalais d’acquérir des compétences en France, puis de revenir pour participer activement à la vie économique de leur pays », avait-t-elle indiqué. Une manière, précise-t-elle, de lutter contre la migration irrégulière, à l’origine de nombreux drames humains.
L’ambassadrice a ensuite précisé que la France accueille chaque année 1 000 migrants sénégalais dans le cadre de programmes de long séjour, axés sur la formation et le transfert de compétences. En 2025, souligne-t-elle, plus de 21 000 visas de court séjour ont été délivrés, et 17 000 étudiants sénégalais sont actuellement en France. Elle a toutefois rappelé que la délivrance de visas reste encadrée par la législation Schengen, commune à tous les États membres.
Dans son discours, le secrétaire d’État chargé des Sénégalais de l’extérieur, Ahmadou Chérif Diouf est revenu sur les efforts du gouvernement à travers le Bureau d’Accueil, d’Orientation et de Suivi (BAOS), qui accompagne les migrants de retour. «Cette année, plus de 500 Sénégalais ont été suivis grâce à ce dispositif. Ce n’est pas encore parfait, mais nous avançons dans la bonne direction», a-t-il informé. Monsieur Diouf n’a pas manqué de plaider pour une meilleure visibilité des programmes de migration légale, insistant sur la nécessité d’envoyer un message clair aux candidats à l’émigration irrégulière. «Ces programmes existent. Il faut les faire connaître et les renforcer pour offrir des alternatives crédibles», a-t-il ajouté.