LA CNTS SE DEBINE COURAGEUSEMENT
Clair-obscur ou jeu de perfidie des centrales syndicales… L’impression qui prévaut après la rencontre entre les syndicats de travailleurs et le collectif « Nio Lank » est pour le moins ambiguë

La rencontre du collectif « Nio Lank » avec la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) n’a pas débouché sur quelque chose de concret. La première centrale syndicale du pays en termes d’effectifs, qui devrait être la première à défendre le pouvoir d’achat des travailleurs, a fait dans un flou artistique quant à son engagement dans la lutte contre la hausse du prix de l’électricité et la marche pacifique du collectif « Nio Lank » de ce vendredi.
Clair-obscur ou jeu de perfidie des centrales syndicales… L’impression qui prévaut après la rencontre entre les syndicats de travailleurs et le collectif « Nio Lank » est pour le moins ambiguë. C’est le moins que l’on puisse dire ! Après de franches discussions avec les membres du collectif défendant les consommateurs face à la hausse du prix de l’électricité — une hausse jugée excessive pour les « goorgorlus » —, le patron de la Cnts, Mody Guiro, s’est gratté la tête, a baragouiné en usant de rhétorique fallacieuse pour ne pas donner son onction aux manifestants prêts à marcher « qu’il pleuve ou qu’il neige », selon leur expression. « Je viens de recevoir la délégation du collectif « Nio Lank ». Je les ai écoutés. Notre position, même si les revendications s’avèrent justes, c’est d’essayer de discuter avec nos camarades, d’informer nos organes et de prendre position», a-t-il évacué. Autrement dit, Guiro envoie ainsi balader les membres du collectif. « Nous avons des adhérents, nous avons des affiliés de la Senelec également organisés en centrale syndicale. Notre devoir, c’est de nous asseoir et d’échanger avec eux. La deuxième procédure, à notre avis, c’est de prendre langue avec la direction de la Senelec, le ministère de l’Energie et, peut-être, avec le président de la République (Ndlr, pourquoi pas Dieu pendant qu’on y est ?).
Après cela, nous pourrons assumer notre responsabilité en tant que centrale. Nous leur avons dit que nous ne sommes pas contre cette manifestation, c’est leur droit de manifester. Mais nous avons aussi, à notre niveau, besoin de nous concerter pour prendre la bonne décision », a lancé M. Guiro. En clair : toute éventuelle décision de manifester de la Cnts pour défendre le pouvoir d’achat des travailleurs est renvoyée aux calendes…syndicales. Pour ne pas dire qu’il ne faut pas compter sur la centrale collaborationniste pour lutter contre la hausse du prix de l’électricité ! Malgré cette réaction qui a douché plus d’un, le porte-parole du collectif « Nio Lank », Mamadou Mignane Diouf a indiqué que lui et ses camarades sont loin de lâcher du lest concernant la hausse « injustifiée » du prix de l’électricité. « Nous venons de rencontrer la Cnts dans la logique des démarches qu’on avait enclenchées pour informer et recueillir des conseils de tout le monde, sur la décision relative à l’augmentation du prix de l’électricité. Une décision contre laquelle nous nous sommes mobilisés parce que la jugeant inopportune et injustifiée » a soutenu Mamadou Mignane Diouf. Qui se félicite toutefois du fait que la Cnts partage avec eux le principe de « mesure injustifiée ». « Nous comptons rencontrer tout le monde, l’Unacois, l’Eglise et les autres confréries religieuses. Nous comptons rencontrer également toute la diplomatie africaine et internationale basée à Dakar », a déclaré Diouf.
Le jeu trouble du Préfet de Dakar
Le préfet de Dakar avait déclaré mardi qu'il n'avait pas reçu de déclaration de marche de la part de la plateforme «Gno lank gno bagn». Faux, ont rétorqué les membres de ladite plateforme. Ces derniers, récépissé de déclaration à l'appui, ont démenti le chef de l’exécutif départemental. Déterminés à assiéger la Place de l’Indépendance ce vendredi, les membres du collectif indiquent que les propos du préfet ne tiennent pas la route et qu’en ce qui les concerne, ils ont respecté toutes les procédures requises. «Dans les mêmes formes que pour la manifestation du vendredi 13 qui a été autorisée, le collectif a usé de la même procédure de déclaration, menée par les mêmes responsables et avec les mêmes références pour faire cette déclaration d'information de manifestation. Ces responsables ont reçu une décharge de leur déclaration d’information de manifestation et ont même été entendus comme il se doit par les services de police», ont soutenu les membres du collectif. Avant de poursuivre : « Dès lors, toute autre prétention de sa (Ndlr, du préfet) part relève de la manipulation et de la mauvaise foi. Un fonctionnaire de classe A, tenu par les rigueurs de sa fonction à dire la vérité et défendre la loi, devrait prendre plus de hauteur » soutiennent Mamadou Mignane Diouf et compagnie. Le collectif tient à préciser que sa manifestation de demain prendra la forme d’un « sit-in citoyen et pacifique, dans le respect de la constitution, de la loi et des exigences de sécurité ».
Baisse annoncée du prix de l’électricité, un bluff !
Le gouvernement a annoncé sur son compte Facebook qu’il allait revoir sa décision sur la hausse du prix de l'électricité, après l’audience que le président de la République a accordée au directeur général de Fieldstone, une société en conseil financier de la Commission économique des Nations Unies. Dans cet entretien, le gouvernement a informé que « les échanges ont porté sur le financement d'actifs de la Senelec pour faire baisser le tarif de l'électricité », tout en indiquant que « l'objectif est de concrétiser cette offre au 1er semestre de l'année 2020 ». Malgré cette déclaration qui ressemble à un rétropédalage, les membres du collectif disent ne pas avoir l’intention d’annuler leur manifestation. « Nous sommes déterminés à aller à la Place de l'indépendance. Nous tenons à informer les Sénégalais qu’avec ou sans autorisation, nous tiendrons ce rassemblement. Car il s’agit d’un droit fondamental, consacré par la Constitution. Et le préfet doit s’y conformer. Donc, l’arrêté n’aura aucun impact sur notre décision », a martelé Alioune Badara Mboup membre de « Nio Lank ».