LA COUR SUPREME SAISIE CONTRE LA PRÉDATION FONCIÈRE
«A l’instar des autres régions du pays, la ville de Thiès n’est pas épargnée par la boulimie et la prédation foncières».

Comme dans plusieurs autres localités du pays, la ville de Thiès n’est pas épargnée par les conflits fonciers. C’est dans ce cadre qu’un collectif a été mis en place et composé des organisations sociales et citoyennes pour déclarer la guerre à «la boulimie et la prédation foncières». D’ailleurs, le collectif a annoncé hier la saisine de la Cour suprême.
«A l’instar des autres régions du pays, la ville de Thiès n’est pas épargnée par la boulimie et la prédation foncières». C’est ce qu’a déclaré d’emblée hier Ibrahima Hamidou Dème, coordonnateur et porte-parole du jour du Collectif des Organisations Politiques et Citoyennes, mis en place à Thiès, pour lutter contre ce phénomène.
C’était lors d’un point de presse au cours duquel il a annoncé la saisine de la Cour suprême. Ledit collectif est composé du mouvement And Sopi Thiès, le mouvement Ensemble, les Forces Démocratiques du Sénégal (FDS), le Pastef, le Parti pour l’Unité et le Rassemblement (PUR), la République des Valeurs (RV), le Rewmi, Taxawu Sénégal, Y en a marre. Il a regretté le fait que depuis 2000, une pression foncière soit exercée sur le domaine national et même sur le domaine public. Ce qui, à ses yeux, a gravement porté atteinte à nos terres et nos forêts.
Malgré les promesses faites en 2012 par l’actuel régime de rétablir la bonne gouvernance foncière, il note que ces pratiques illicites continuent de plus belle. C’est ainsi que des domaines publics constitués par des espaces verts, des réserves forestières, des espaces non aedificandi, sont morcelés sans tenir compte de l’impact sur l’environnement et l’écosystème, notamment les inondations qui sont devenues préoccupantes dans la ville.
Le juge démissionnaire s’est insurgé contre les mesures de désaffectation et de réaffectation de parcelles qu’il qualifie d’illégales et qui ont « touché de pauvres citoyens, sous prétexte de non mise en valeur». Il ajoute : «Toutes ces parcelles sont purement et simplement vendues par les communes ou attribuées à des personnalités avec la complicité de l’administration locale qui n’exerce pas, conformément à sa mission, son contrôle de légalité. »
Mais de l’avis du porte-parole du collectif, le plus grave, c’est le morcellement et la vente de la bande de terre partant de l’entrée de la commune de Thiès, longeant le quartier Grand Standing et allant jusqu’à la gare routière, sur la nationale 2. En effet, d’après les schémas d’aménagement qui avaient été mis en œuvre lors des chantiers de Thiès initiés dans le cadre de la préparation de la célébration de la fête de l’indépendance 2004, il était prévu sur ce site l’érection d’un bois de ville. Mais selon le collectif, ledit site est en passe d’être transformé en maisons et en commerces. Ce qui à ses yeux va changer très négativement le visage de Thiès. Or, dit-il, la réforme constitutionnelle de 2016 avait consacré la reconnaissance de nouveaux droits, notamment le droit à un environnement sain sur nos patrimoines fonciers.
En plus, le Schéma Directeur d’Aménagement Territorial de 2015 recommandait que les communes doivent contribuer à la création d’espaces verts par l’aménagement d’un jardin public communal dans chaque commune. Il s’y ajoute la recommandation allant dans le sens du respect du ratio de 10 m2 d’espaces verts par habitant, préconisé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pour les villes d’Afrique subsaharienne, dans les opérations de lotissement et projets d’habitat.
De l’avis du Juge Dème, toutes les actions des communes de la ville, faites dans ce domaine avec l’aval des services déconcentrés et de l’administration territoriale, sont aux antipodes de ces recommandations. C’est fort de ce constat qu’il a affirmé que le collectif exige la publication du procès-verbal de désaffectation et de réaffectation des parcelles dans toute la ville de Thiès. Le collectif a par ailleurs décidé de saisir la Cour suprême en référé, « pour faire cesser les violations graves des droits fondamentaux des Thiessois».