LA COVID 19 IMPOSE LA REDEFINITION DES PROFESSIONS JURIDIQUES
Les professions juridiques ont été diversement impactées par la covid19. Pour survivre, elles sont donc obligées d’aller vers la redéfinition des paradigmes de leurs activités, selon Pr Mayatta Ndiaye Mbaye

Les professions juridiques ont été diversement impactées par la covid19. Pour survivre, elles sont donc obligées d’aller vers la redéfinition des paradigmes de leurs activités. c’est la conviction du directeur général sénégalais de l’école régionale supérieure de la magistrature (Ersuma), Pr Mayatta Ndiaye Mbaye. Cet ancien vice-doyen de la Faculté des sciences juridiques de l’Université de dakar, agrégé des Facultés de droit dirige depuis le 11 mars 2017 l’Ersuma, une excroissance de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) basée à Porto novo au bénin.
Par la magie du net, il explique la problématique développée par Ersuma depuis le début de la covid19 pour accompagner les professions juridiques. Le dernier acte posé par Ersuma, c’est la tenue ce vendredi 19 juin d’un webinaire intitulé « les professions juridiques à l’épreuve de la COVID-19 ».
Le témoin – monsieur le directeur, pourquoi avez-vous décidé d’organiser un webinaire sur « les professions juridiques à l’épreuve de la coVid-19 » ?
Pr Mayatta Ndiaye Mbaye - La crise sanitaire mondiale, en lien avec la COVID-19, affecte la majorité des Etats d’Afrique. Face à la propagation du virus, les États ont pris des mesures exceptionnelles qui, selon le cas, sont saluées, critiquées ou purement et simplement défiées : mise en place de cordons sanitaires, mise en quarantaine systématique à l’arrivée, fermeture des frontières, instauration de l’état d’urgence sanitaire, ou confinement, chacun devant rester chez lui. Les Etats- parties de l’OHADA sont tous touchés par la pandémie et ont fermé leurs frontières. Afin d’assurer la continuité du service public du renforcement des capacités en droit communautaire des affaires en général, en droit OHADA en particulier, l’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA) de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) a initié une vaste campagne de sensibilisation des professionnels et entreprises sur les enjeux institutionnels, juridiques, judiciaires et économiques de la pandémie dans les Etats parties de l’OHADA. Cette campagne comporte une série de numéros spéciaux du Bulletin ERSUMA de Pratique Professionnelle (BEPP) sur « Droit OHADA & COVID-19 » et une série de webinaire (conférences et formations en ligne). Avec cette campagne, l’ERSUMA répond aux défis de l’utilisation des TIC dans la formation et la sensibilisation des justiciables et professionnels du droit des affaires. Après les rendez-vous du 30 avril 2020 intitulé « Les apports des nouvelles évolutions de l’immunité d’exécution au recouvrement de créances dans l’espace OHADA en période de crise pandémique » (350 participants), du 04 juin 2020 sur « Le recouvrement des créances en période de crise sanitaire dans l’espace OHADA » (420 participants), la campagne s’est poursuivie en s’intéressant, cette fois-ci, aux professionnels du droit des affaires avec ce webinaire du 18 juin 2020 sur « Les professions juridiques à l’épreuve de la COVID19 » (200 participants).
Vous avez organisé ce vendredi un webinaire sur les professions juridiques à l’épreuve de la coVid-19. Quels sont les impacts réels de la pandémie sur les professions juridiques ?
Le webinaire sur les professions juridiques à l’épreuve de la COVID19 a permis aux magistrats, avocats, notaires, huissiers de justice et universitaires d’échanger sur les effets de la crise sanitaire sur les professions juridiques. Les panélistes ont d’abord relevé l’impact de la COVID-19 sur les professions juridiques, positif pour certaines qui ont enregistré un accroissement de leurs activités et négatif pour d’autres qui, dans certains cas et selon les Etats, se sont retrouvées à l’arrêt. Ils ont analysé les difficultés et obstacles rencontrés dans l’exercice des professions juridiques pendant la crise sanitaire et ont apprécié les comportements et solutions pratiques des professionnels pour y faire face. Les échanges ont enfin porté sur les perspectives d’amélioration du cadre d’exercice des professions juridiques et les nouvelles orientations à envisager pour leur modernisation. La conclusion principale qui a pu ressortir des débats est que la pandémie a permis aux professions juridiques de prendre conscience de la nécessité de redéfinir leurs paradigmes et les modalités de leur exercice. La disparition d’aucune d’entre-elles n’est pas à envisager, l’approche devant être inclusive pour la conservation de toutes les professions. Cependant, la transformation de chacune d’elles est devenue une nécessité devant intégrer les paramètres relatifs au TIC (télé-procédures, télé-actes, actes authentiques électroniques, télétravail…).
Envisagez-vous d’autres programmes de formation et de sensibilisation des professionnels et opérateurs économiques en vue ?
La campagne de sensibilisation des professionnels du droit et du chiffre ainsi que des opérateurs économiques sur les effets juridiques de la pandémie de la COVID-19 se poursuit à l’ERSUMA. Elle sera accompagnée de sessions de renforcement des capacités taillées sur mesure pour répondre aux questions d’actualité, surtout celles relatives à la prise en charge de l’après-Covid19. Plusieurs autres activités sont prévues dans un catalogue des formations et conférences virtuelles disponible sur le site officiel de l’OHADA (www.ohada.org). La prochaine activité est plus que d’actualité : il s’agit d’un webinaire sur la problématique des « réunions à distance des organes de gouvernance des sociétés commerciales pendant la crise de la COVID-19 » qui se tiendra le jeudi 25 juin 2020 à 10h30 (GMT+1/Heure de Cotonou). Les professionnels du droit et du chiffre, les opérateurs économiques et, d’une manière générale, les justiciables sont invités à prendre massivement part aux activités de l’ERSUMA qui est l’Institution de l’OHADA chargée de la sensibilisation, de la vulgarisation, du renforcement des capacités et de l’évaluation de l’application du droit OHADA et des autres droits communautaires des affaires.