LA GROGNE DES «SOLDATS» DU TRAVAIL CONTRE SAMBA SY
Le Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la Sécurité sociale (Sictras) est très remonté contre sa tutelle

Le Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la Sécurité sociale (Sictras) est très remonté contre sa tutelle. Face à la presse hier, ils ont reproché à Samba Sy de ne pas suffisamment porter leurs doléances au niveau des autorités étatiques qu’ils tiendront comme seul responsable des prochaines perturbations.
Les employés qui sont en litige avec leurs entreprises devront prendre leur mal en patience pour un certain moment. Pour cause, les « soldats » du travail risquent d’aller en grève dans les jours à venir.
Visiblement, ceux qui sont censés assister les travailleurs en cas de conflits avec leurs employeurs subissent le même sort que ceux pour qui ils portent le combat. Face à la presse hier, le secrétaire général du Sictras a déploré leurs mauvaises conditions de travail avant d’accuser le ministre Samba Sy de faire la sourde oreille face à leurs revendications. «Tous les inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale reprochent à Samba Sy de ne pas suffisamment porter leurs doléances», s’est désolé le leader du Sictrass.
Tène Sène de dire : «De tous les corps de cadres de notre administration publique, il n’est nulle part relevé autant de départs que ceux notés chez nous, inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale ».
A l’en croire, à ce jour, il n’y a que 114 inspecteurs en service sur l’ensemble du territoire national, contre 120 en 2016. Dix ans auparavant, c'est-à dire en 2006, l’Etat en avait recruté 112. Au terme de la première phase du Pacte National de Stabilité Sociale et d’Emergence Economique (Pnssee), «il était prévu de recruter 140 nouveaux agents». Cependant, il renseigne que de mai 2017 à nos jours, plus d’une trentaine de ces agents, soit le quart de l’effectif actuel, est partie. «Même le personnel d’appui ne rate pas l’occasion d’aller explorer d’autres administrations plus attrayantes», indique Tène Sène qui souligne que ces nombreux départs ont pour nom le mauvais traitement salarial qui leur est réservé et qui demeure peu incitatif.
Par ailleurs, au-delà du renforcement des ressources humaines et de leur motivation, le Sictrass exige l’accord de plus de moyens juridiques et d’intervention à l’image des autres corps de contrôle et d’inspection dont l’autorité avérée ne fait l’ombre d’aucun doute aux yeux des usagers. D’autant plus que cette faiblesse des moyens juridiques « sape considérablement notre autorité », se désole T. Sène. Avec comme conséquences majeures des sous déclarations d’effectifs, des licenciements abusifs, des journées de travail perdues pour fait de grève, une exploitation abusive de la main d’œuvre et une concurrence déloyale de la part des entreprises au détriment de celles en situation régulière, entre autres.
DEUX VEHICULES DE FONCTION POUR DAKAR, UN POUR THIES
En outre, le syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail déplore le problème de logistique qui persiste et déteint sur l’efficacité de leur intervention. « Une inspection de travail comme celle de Dakar, vitrine de l’administration du travail, ne dispose présentement que de deux véhicules fonctionnels alors que celle de Thiès n’en a qu’une, vieille de plus de 10 ans et souvent chez le mécanicien. Cependant, force est de constater que malgré les faibles moyens de subsistance des inspecteurs, dans le cadre du contrôle des conditions de travail dans les entreprises et de la lutte contre l’évasion fiscale, « il faut relever un accroissement du nombre de contrôles qui est passé de 644 en 2013 à 4189 en 2018 ».
De l’avis de Tène Sène, le président de la République « reconnaît sans ambages la justesse de leur revendication au point de donner des instructions claires au gouvernement, sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail et de traitement des inspecteurs et de contrôleurs du travail et de sécurité sociale ». Cependant, le syndicaliste regrette que les ministres en charge de la fonction publique et du travail « sapent la concrétisation de cette volonté clairement exprimée par le chef de l’Etat ».
En effet le Sictrass reproche à Mariama Sarr de toujours trouver, depuis qu’elle est à la tête de ce département, un prétexte pour ne pas convoquer une plénière devant sanctionner les négociations entre le gouvernement et le Sictrass qui remontent au mois d'août 2016».