«LA JUSTICE EST L’UN DES SECTEURS LES PLUS ORDONNES DU SENEGAL»
Le Garde des sceaux sortant, le Pr Ismaïla Madior Fall, a réfuté l’hypothèse selon laquelle, il y a un désordre dans le secteur de la justice.

Le désormais ancien ministre de la Justice a mis à profit la cérémonie de passation de service avec Me Malick Sall, pour reprouver cette hypothèse que son successeur avait avancé, au lendemain de sa nomination.
«La justice est toujours critique en période électorale, aussi bien qu’on remonte dans l’histoire en raison et à tort, souvent à tort. C’est après qu’on se rend compte que les critiques n’étaient fondées sur rien. Mais nous avons eu ces deux dernières années, il faut le dire, quelques particularités. Il y a eu quelques justiciables qui sont des hommes politiques. Et quand les justiciables sont des citoyens ordinaires, ça ne pose aucun problème Mais quand les justiciables sont des politiques, il y a des critiques qui sont articulés à l’endroit de la justice. Parfois, ce sont des critiques que ne se fondent sur rien. Tout ça peut, parfois, donner l’impression qu’il y a des problèmes dans la justice et qu’il y a un désordre dans la justice. Il n’en est absolument rien», a tenu à préciser le Pr Madior Fall, hier, lors de la cérémonie de passation de service au ministère de la Justice.
«Il y a pas de crise de la justice au Sénégal
«La justice est l’un des secteurs les plus ordonnés du Sénégal. Il y a certes des problèmes, mais il n’y a pas de désordre dans le secteur de la justice. Evidemment, il y a des insuffisances, il y a des limites, il y a des problèmes. Mais la justice n’est pas en crise. Il y a pas de crise de la justice au Sénégal», a réfuté le désormais ministre d’Etat auprès du président de la République. Pour le professeur de Droit constitutionnel, beaucoup de bonnes choses ont été fait dans le domaine de la justice. Aussi, l’ancien Garde des sceaux de dire avoir la conscience tranquille en quittant la tête du département de la justice après 18 mois de service. «Je pars l’esprit tranquille, le cœur léger. Pourquoi ? Parce que j’ai conscience qu’ensemble, nous avons pu poser une pierre à l’édification d’une justice digne de ce nom pour notre pays», a indiqué Ismaïla Madior Fall. Toutefois, il a reconnu qu’«il y des problèmes au niveau de la justice. Il faut les identifier avec les acteurs, discuter en concertation, pour mettre en œuvre les réformes qu’il faut». Sur ce, il a attiré l’attention de son successeur. «C’est un ministère exaltant, mais difficile. C’est un ministère délicat et sensible», a-t-il avertit Me Malick Sall.
Me Malick Sall : «Je connais mes limites…»
Pour sa part, le nouveau Garde des sceaux a promis de poursuivre les chantiers entamés par son prédécesseur. «Je n’épargnerais aucun effort pour réussir la mission que le président de la République m’a confié. Les multiples chantiers que vous avez ouverts, je peux vous assurer que je vais les continuer. J’ai toujours dit que nous avons l’une des meilleures magistratures d’Afrique. Nous avons des magistrats de qualité. Nous avons des greffiers de qualité. Nous avons une justice de qualité», a déclaré Me Fall qui compte s’appuyer sur l’expertise du Pr Ismaïla Madior Fall pour mener à bien son travail. «En 18 mois, vous avez fait un travail exceptionnel. (…) A tout moment, je vous solliciterais, pour vos conseils et votre expertise en matière de droit constitutionnel. Je suis un avocat, je ne suis pas constitutionnaliste, je connais mes limites. Donc, si j’ai la chance de vous avoir à portée de main, je ne vais pas rater cette occasion. D’autant plus que vous êtes auprès du chef de l’Etat», a-t-il martelé en mesurant «la lourdeur de la tâche» qui l’attend. «Il y a des manquements, mais ils sont dus pour l’essentiel aux conditions dans lesquelles ce personnel travaille», a reconnu Me Malick Fall qui compte sur l’appui des cadres du ministère de la Justice pour mener à bien sa mission. «Je sais que étant du milieu, je n’aurais pas un état des grâces. Je connais les conditions particulièrement difficiles dans lesquels les magistrats, les greffiers travaillent. Je ferais le maximum pour améliorer les conditions de travail du personnel de la justice», s’est-il engagé.