LA LIBERTE DE LA PRESSE EN «LARMES»
Après avoir très tôt muselé les leaders du mouvement «Nio Lank», les forces de l'ordre ont décidé de prendre pour cible les journalistes en tirant à plusieurs reprises des grenades lacrymogènes sur eux et en les interpellant.

Manifestement, les forces de l’ordre ne digèrent pas les journalistes. En effet après avoir très tôt muselé les leaders du mouvement «Nio Lank», elles ont décidé de prendre pour cible les journalistes en tirant à plusieurs reprises des grenades lacrymogènes sur eux et en les interpellant.
On se trompe de guerre, si on se trompe d’adversaire. Hier, les forces de l’ordre se sont vraiment trompées d’adversaires, à la limite volontairement. En effet pour un pays qui se gargarise de sa démocratie, le spectacle n’était pas beau à voir : des journalistes versant de chaudes larmes à cause des grenades lacrymogènes, les fils de la camera du site «dakaractu.com» coupés par les policiers.
Même Abdou Léye Ndiaye, reporter à la télévision DTV, a été interpellé malgré sa carte professionnelle qu’il a présentée. Ces dérapages ont été perpétrés parce que dans l’ensemble, les policiers n’avaient manifestement pas de quoi se mettre sous la dent. D’autant que la Place de l’Indépendance a été encerclée par les forces de l’ordre dès les premières heures de la matinée. Il en est de même de l’avenue menant au Palais de la République. On a l’impression que le centre ville est en état de siège.
Décidés à tenir leurs promesses, Aliou Sané et «Thiat» du mouvement Yen a marre sont déjà en place à 15h pour manifester. Mais c’est peine perdue pour les deux activistes. Leurs velléités se sont heurtées à un bouclier de gendarmes et ils ont été rapidement muselés. Sur l’avenue Pompidou (ex-Ponty), les autres manifestants qui ont tenté de braver l’interdiction du préfet sont interpellés par des policiers en civil qui s’étaient fondus dans la masse de manifestants pour mieux les cerner. Il s’est ensuivi des altercations de plusieurs minutes entre les forces de l’ordre et les journalistes. Rouge de colère, le cameraman du site «dakaractu.com» a failli même en venir aux mains avec le policier qui a coupé le fils de son appareil.
LE CHEF DE L’OPERATION IRONISE : «LA SITUATION EST STABLE, CE SONT SIMPLEMENT LES JOURNALISTES QUI MANIFESTENT»
Empêchés de faire correctement leur travail, les journalistes sont encore chassés à coup de grenades lacrymogènes jusqu’au rond-point de Sandaga. Visiblement fatigués par cette confusion, ils décident de ne pas obtempérer. Mais c’était sans compter avec la volonté du chef de l’opération de disperser les reporters. «Jette leur une grenade», ordonne-t-il à un membre de son équipe qui s’exécute sans broncher. Au téléphone le chef de l’opération se permet même d’ironiser : «La situation est stable, ce sont les journalistes qui manifestent». Dans ce brouhaha, un autre manifestant fait irruption et déverse sa bile sur les Sénégalais qui sont insensibles à leur cause. «Macky Sall n’a qu’à augmenter les prix de l’électricité et de l’eau parce que les Sénégalais sont des peureux», s’indigne l’activiste qui est lui aussi interpellé avant même qu’il ne termine sa déclaration.
«A BAS LA DICTATURE DE MACKY SALL !»
Même sort pour le président du mouvement «ALERTE» Cheikh Sadibou Diop. Rapidement identifié et interpellé par les forces de l’ordre, ce dernier s’est agrippé aux grilles de la fourgonnette de la police pour crier son râle-bol : «A bas Diaye Dolé ! A bas la dictature !». Le président du mouvement AGIR Thierno Bocoum n’a lui aussi eu que le temps de sortir de sa voiture en scandant : «courant bi dafa cher ! courant bi dafa cher ! (le prix de l’électricité est chère) avant d’être empoigné et arrêté par la police.
Un des rares des leaders à ne pas être interpellé, le syndicaliste Dame Mbodj a indiqué pour sa part qu’ils ne vont pas céder à la dictature du régime de Macky Sall. A l’en croire, il faut donner la place à une gouvernance patriotique.
Echappant à la vigilance des gendarmes, il a souligné que Macky Sall veut semer la zizanie au sein du mouvement «Noo Lank» en libérant Babacar Diop et en maintenant Guy Marius Sagna en prison. «On ne va pas accepter qu’on laisse Guy Marius Sagna en prison», prévient l’enseignant. A signaler qu’il y avait beaucoup de manifestants comme lors du rassemblement du 13 décembre à la Place de la Nation.