LA SOCIETE CIVILE POSE LE PREMIER ACTE
L’Etat du Sénégal avait donné sa parole, devant la communauté africaine et internationale il y a 8 ans, en 2013. La Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) la lui rappelle.

L’Etat du Sénégal avait donné sa parole, devant la communauté africaine et internationale il y a 8 ans, en 2013. La Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) la lui rappelle. Mieux, la COSEDDH engage la responsabilité des autorités en initiant un avant-projet de loi sur la protection des défenseurs des droits humains au Sénégal. Un atelier de partage de ce texte a réuni des autorités, députés ainsi que des membres de la société civile notamment d'Amnesty International section Sénégal hier, mardi 15 juin 2021, à Dakar.
Dans le cadre de la mise en œuvre des directives de la Déclaration et du Mécanisme africain de protection des défenseurs des droits humains, des Etats dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest ont adopté des lois nationales de protection de ces acteurs de la société civile. C’est notamment le cas du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Mali. Au Sénégal qui traine encore les pieds, la mise en place d’une loi nationale de protection des défenseurs des droits humains, au-delà d’être une revendication de la société civile, est une recommandation forte du Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme en Afrique, du Réseau des institutions nationales africaines sur les droits de l'homme et du Groupe de travail sur l'examen périodique universel ; laquelle recommandation avait été acceptée par le Sénégal, en 2013.
C’est ainsi qu'Amnesty International/Sénégal, assurant la présidence de la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH), a sollicité les services d’un consultant pour l’élaboration d’un avant-projet de loi et un avant-projet de décret sur la protection des défenseurs des droits humains au Sénégal. Un atelier de partage de cet avant-projet de loi s’est déroulé hier, mardi 15 juin 2021, dans un hôtel de la place, en présence des acteurs concernés. Cette rencontre de partage a pour objectif la présentation de l'avant-projet de la loi de protection des défenseurs des droits humains au Sénégal, de faire un état des lieux des lois dans le pays, pour la protection de la société civile, et la création d'un cadre juridique qui non seulement protège les défenseurs des droits de l’homme, fixe leur responsabilité, leur rôle et leur devoir. Venu représenter la majorité parlementaire à cet atelier, le député-maire de Vélingara, Mamadou Woury Baïlo Diallo, a annoncé son soutien et celle de la majorité à l’adoption de cette loi. «La majorité est là pour les accompagner. Pour que ce projet soit adopté car ce projet, c'est pour protéger les défenseurs des droits humains mais aussi les mettre face à leur responsabilité», déclare le député-maire de Vélingara.
«CE N’EST PAS PARCE QU’ON EST MENACE QUE NOUS DEMANDONS QUE CETTE LOI SOIT ADOPTEE»
Le Directeur exécutif d’Amnesty International section Sénégal, Seydi Gassama, a rappelé que les défenseurs des droits de l'homme ne sont pas là pour la «déstabilisation du pays ou que la société sénégalaise soit déstructurée». Mais ils sont «pour une société plus respectueuse des droits humains de la part de l’État mais aussi de la part des communautés». Il est aussi revenu sur ce qui les a motivés a œuvre pour l’adoption de cette. «Ce n’est pas parce qu’on est menacé que nous demandons que cette loi soit adoptée. Mais nous pensons simplement qu'on a besoin d'un cadre juridique qui définit les rôles et les responsabilités des défenseurs des droits humains», a expliqué le sieur Gassama. Le député à l’Assemblée nationale, Cheikh Abiboulaye Dièye, tout en saluant l’initiative, a demandé à veiller à ce que cette loi soit en parfaite conformité avec nos réalités. Il a, par ailleurs, appeler à rester vigilant pour que cette loi ne soit pas la source de litiges dans un futur proche. «La protection des défenseurs des droits humains, dans le principe, est très importante car ils doivent être protégés. Mais, on doit rester vigilant pour que cela n’amène pas, dans un futur proche, des problèmes ou des difficultés (…)», a prévenu le député Cheikh Bamba Dièye.
SEYDI GASSAMA SUR LE CONFLIT FONCIER A NDINGLER : «Babacar Ngom a la possibilité d’acquérir d'autres terres…, mais les habitants n’ont que leurs terres pour cultiver»
Le conflit foncier opposant les populations de Ndingler au PDG de Sedima Group s’est invité à la rencontre de partage de l’avant-projet de loi de protection des défenseurs des droits humains au Sénégal, hier mardi. Interpellé en marge de l’atelier, le Directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, a dénoncé le litige foncier qui se déroule en Ndingler. Pour lui, l'homme d'affaires, à savoir Babacar Ngom, patron de Sedima Group, a la possibilité d’acquérir d'autres terres un peu partout dans le pays, mais les habitants Ndingler n’ont que leurs terres pour cultiver. Et ces habitants de cette localité n’ont pas encore commencé à cultiver (notamment les activités pré-hivernales comme le défrichage des terres) avec ce début d’hivernage. Déjà la veille, lundi 14 juin 2021, les populations de Ndingler se sont fait entendre. Face à la presse, elles ont menacé de braver l’arrêté préfectoral portant suspension de toutes activités sur les 80 ha litigieux, qu’elles considèrent toujours comme étant leurs terres de culture. Ainsi ont-elles décidé d’investir ces terres pour les labourer, dès les premières pluies